Fiche Livre
Poésie / Conte
RECUEIL DE POéSIE | Décembre 2013
Quand ma lyre délire : poésie de prince
Dewey : Littérature
Pages: 182
Prix : 0.00
Parution : Décembre 2013

Français

Louis-Mesmin GLELE

Quand ma lyre délire

Préface de Fernando d’Almeida

Bénin (Cotonou)

Editions Plumes Soleil,

2013, 182 p.

 

Emprunter les sentiers de ces « poésies » (tel que sous-titré), c’est comme s’éclairer de torches musicalement accordées aux profondeurs de l’Etre de son auteur. On y entend des cris d’ « espérance », des « berceuses » de tradition, des incantations de rites, des odes d’aimance, puis des murmures de liberté qui, parfois se muent en roucoulades intimes. Mais au-delà de ces résonnances initiatiques, dans les cinq partitions de ce recueil, « danse », et « transe »le silence. Parce que, se l’inflige le poète : « et me taire désormais/ quand ma lyre délire… » p.175

Dans cette œuvre, effusion allégorique, anaphorique, il y a des intentions de restituer l’Afrique à l’africain, le Danxome au béninois, et « les narines marines de la Terre entière » aux dignes dignitaires d’Agbomey.

D’ailleurs, en entamant le recueil par un « poème-ruban » qui rend compte de son flux d’émotion, avec un accent ontologique existentielle, Louis-Mesmin GLELE s’érige en rebelle qui, accepte cependant, partager avec d’autres sa part d’humanité, sa part de Dieu, sa part de paradis et même « d’enfer », sa part de vie tout simplement. Donc, « Voici l’heure du retour », scande le poète comme une soudaine révolte qui gronde, qui refuse et qui résiste :

« Je me réveille maintenant


d


e

b

o

u

t

dans la chaleur latérite

de ma verdure initiale »

Le lecteur est ainsi appelé à s’accoutumer à la sourde colère qui irrigue la langue, les pores, la plume d’exil et exutoire d’un être à la quête profonde de soi. A ce propos, on ne s’étonne guère que l’ « élégie pour son royaume d’enfance » soit intitulé : « JE MARCHE VERS MOI-MÊME ».

Une marche dans les villages, dans le prolongement des lagunes, des rivières, accompagné de masque –ZANGBETO, etc.-,de musiques rituels ou traditionnels – ZINLI, TOBA, etc.-, permanemment protégé par les dieux de la terre, les dieux aux « seins latéritiques », les dieux à la volubilité rédemptrice.

Louis-Mesmin GLELE, se trouve de ce fait dans une procédure de re-cheminement vers l’homme que l’on ne peut jamais suffisamment être. L’homme « panthère » qui a « soif » bien qu’il ait « lu », « entendu », « enseigné » ; et qui finalement, décide de se dénuder des savoirs-impostures que les « pyromanes de (sa) culture », veulent propager. Refus ou repli ? On est bien tenté de se le demander car, « au tribunal de (sa) conscience », ce « KPANLINGAN », ce griot, voudrait se défendre par son enracinement à l’âme de ses vestiges, de ses alliances aux « temples »,et de ses« traditions ».

Au fil des pages, même quand l’auteur nous révèle son instinct environnementaliste (p.83), ou d’aimant (p.121), nous ne cessons de cheminer avec un « Dah », qui nous fait faire un « pèlerinage » à travers la verdure, qui nous fait parcourir des senteurs de fleurs, les brousses, les incendies, les « frous-frous » de vie et de « gongs géminées ». Souvent, notre Dah, nous exige une ouverture de soi au VODOU, mais aussi un abandon de soi à la sémantique des régions Adja-fon. Afin de puiser à de nouveaux « puits » ou de nouvelles « sources d’eau » conjugués par le verbe rageur de l’auteur. Un verbe parfois simple ou dilué : « Restons des enfants. Ne cherchons jamais les secrets qui font grandir, la tête au firmament et les pieds au sous-sol » ; qui joue avec la vie : «la vie est un jeu de cartes que l’homme doit redistribuer après chaque partie : / il y a les bons joueurs qui gagnent avec intelligence/ il y a les mauvais joueurs qui perdent pour avoir mal joué/ ».Mais également un verbe qui opte pour rompre son nombril d’avec les « calculatrices » « scientifiquement pensé » pour « défaire »le poète de ces treize inconnus qui recodent sa devinette panégyrique.

Caricature. Voilà qui sied bien aux embrasures de ce livre. Et dans ce sens, Quand ma lyre délire est, non seulement, repu d’un lyrisme mélodieux, mais aussi, s’y côtoient toutes les ondulations spirituelles d’un « prince », qui cherche à renouer son visage, ses doigts, ses pieds, ses rêves, à « l’humus » de sa terre.

Au final, disons que l’auteur nous plonge dans un ensemble de codes d’initiés transmettant un langage anticonformiste qui tel que prévient le préfacier : « (…) brûle de conquérir la vérité d’une terre qui l’a vu naître ».

 

Une course vers l’infini, une ouverture à l’éternité et des logorrhées qui renouent avec l’enfance, avec la (sa) culture, et surtout, avec l’autre et l’acceptation de l’autre : ainsi va la poésie biophile de Louis-Mesmin GLELE

Par Djamile MAMA GAO

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