Fiche Livre
Poésie / Conte
RECUEIL DE POéSIE | Septembre 2014
Corps-Raccords : le viril, le soupir et l’extatique
ISBN : 978-99919-0-014-8
Dewey : Littérature
Pages: 80
Prix : 10.00
Parution : 01 Septembre 2014

Français


Cinquante huit poèmes où charroient caresses, gestes et sensations… lyriques… lubriques. Qu’est-ce qu’il n’avive pas les instincts virils, les soupirs gourmandes du  lecteur Djamile Mama Gao à travers son premier recueil publié ce troisième trimestre de 2014 aux éditions du Tamarin !



Disons le tout de go, au mieux nous répétons des avis antérieurs, Djamile Mama Gao fait l’éloge du plaisir sexuel à travers son premier recueil Corps-Raccords. Qu’on ne s’y méprenne pas, l’ancien étudiant du Prytanée militaire de Bembèrèkè ne choque point, il ravit et subjugue son lecteur, car celui-ci se laisse prendre aux mots du poète.



« Au sein de ton corps Au gré des moutonnements volontiers qui te déshabillent Je porte le lapsus de mes caresses. Cette nuit est une profane trop profanée que la poitrine du sommeil approuve Pour ne point mésestimer l’aplomb de ton sain sein… Et voici ce soir la fourberie de mes promesses : t’éclipser t’instituer », p. 21. Cet extrait du poème inaugural du recueil nous sera un guide de lecture. Ce premier texte est comme un programme dont le développement se décline en cinquante sept autres variations phrasées de la l’acte charnel.



Le rapport que le poète se fait au corps dans ces textes est de l’ordre du désir. Le corps attire ; il fermente l’envie pour finir par happer la décision de s’y lancer, de s’y moudre. Il va du masculin au féminin, constamment. L’Eros Gao, en risquant les vers suscités, plante un décor fortement lascif. Le lexique du corps de la femme (« sein »« poitrine ») répond à celui du charnel (« déshabillent »« caresses »« aplomb ») pour créer par les connotations des expressions (« t’éclipser » et « t’instituer »), une scène de consommation du vœu de la chair. Eclipser, donc « monter sur » dans la dynamique des échanges astraux et instituer, fonder, planter. En sus, les modalisateurs « trop profanée » et « sain » en ajoute à cette sémantique des lieux érogènes que le poète ne se prive pas d’« antrer », p. 25.



C’est donc ce type de langage voilé-ouvert qu’utilise Mama Gao tout le long de ses vers pour coucher des ébats poétiques avec une dulcinée, sinon offerte, au moins demandeuse. L’élan demeure identique dans le cours de la lecture et le calligramme de la page 31 matérialise l’énergie concupiscente du recueil. On y lit dans une lancée épique la fonte du poète dans les profondeurs du« suc succulent » (p. 41) qui finit par remonter en grimpant par « dédales granulées » les ciels de la jouissance. Hum !



Et la nature de se faire complice soumise de cette ode longue qui se chante sous la plume de l’une des tangibles promesses de la poésie béninoise. La pluie l’inonde, le soleil la jalouse. « … et dans la profondeur de nos aller-aller/notre brûlure corporelle se veut au firmament tel ce soleil qui attend dehors de nous/sanctionner d’être si cachotiers », p. 61. Cachotier ou pudique ? Cette séquence comme bien d’autres, si elle fait du soleil un envieux, c’est qu’elle insiste surtout sur la part de passion que peut charrier l’amour. En même temps, c’est le Mama Gao néologiste qui s’étale. « Aller-aller » pour aller-retour ou au commun, va-et-vient. Le langage s’envole comme dans les bonnes poésies pour s’enticher de nouveaux mots, d’une langue supra, d’une émotion communicative.



Corps-Raccords, combustion des corps aimants, intimité des nuits fondues, fouet d’une lecture appelante. Nous sommes dans le domaine du désir. Le désir universel de la chair. Mais là, le désir roucoulé par les mots de la magie du plaire. Le poète invite au ravissement par la décence de son aplomb lubrique qu’applaudit sa dame, qu’espère toute amante.



Par Hurcyle Gnonhoue


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