Fiche Livre
Littérature / édition
ROMAN | Février 2007
Mes quatre femmes
Edition : Philippe Rey
Pays d’édition : France
ISBN : 2-84876-079-7
Pages: 220
Prix : 17.00
Parution : 02 Février 2007

Français

« Sans doute portent-elles chance, comme le trèfle, lorsqu’il déploie ses quatre feuilles. Il est doux de croire en sa bonne fortune. Se figurer ces quatre femmes qui, par-delà les temps, vous soutiennent sans faillir, vous assurant une solide assise sur cette terre. Des mères lointaines, façonnées dans le roc, qui vous ont fondée et nourrie de leurs seins lourds. Imaginer qu’elles vous ont cajolée, bercée et chanté des comptines. Elles vous ont raconté tant d’histoires… Des mirages et des épopées domestiques, des exils et des tristes mariages (…) Un jour, vous croyez les avoir oubliées. Elles font silence et votre mémoire n’est plus encombrée de leur âpre présence. Le lendemain, fébrile, vous les cherchez, fouillant vos souvenirs. Et il apparaît que chacune incarne la saison d’une histoire qui, s’accolant à celle des autres, rassemble et ordonne les morceaux de votre être. Celle-là a dessiné le pays. Celle-ci a légué le nom. La troisième a posé la langue. La quatrième a prêté le prénom. »

Comment devient-on écrivain ? Qui parle en vous ? Qui vous raconte les histoires qu’à votre tour vous écrirez ? Pour répondre à ces interrogations, Gisèle Pineau a choisi de remonter vers les vies de ces quatre femmes. Celles qui l’ont construite. Angélique, l’ancêtre esclave qui connut les temps perturbés de l’abolition puis du rétablissement de l’esclavage, Angélique qui gagna son affranchissement et finit par épouser le Sieur Pineau. Julia, la grand-mère, profondément attachée à son pays Guadeloupe, qui fut contrainte à l’exil pour fuir un mari trop violent, Julia qui passa six années dans une cité du Kremlin-Bicêtre, priant Dieu chaque jour de la renvoyer à sa terre, cette terre qu’elle offrit en paroles, pour toujours, à sa petite-fille. Gisèle, la grand-tante, celle qui porta la première le prénom, qui se laissa mourir de chagrin à vingt-sept ans, après qu’elle eut perdu son jeune époux. Et puis Daisy, la mère, l’épouse du père militaire qui, un jour, revint d’Indochine avec une autre femme et deux enfants, Daisy qui au plus gris de l’exil, se tint toujours debout pour ses enfants et rêva sa vie dans les romans d’amour.

Dans son livre le plus personnel – et peut-être le plus émouvant –, Gisèle Pineau fait revivre ces quatre femmes dans la « geôle noire » de sa mémoire. Quatre femmes, quatre époques de l’histoire antillaise, quatre destins éclairés par l’écriture juste, forte et poétique de l’écrivain.
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