Mohamed Camara : »Nous devrons filmer notre Histoire afin d’aider le pays à se développer »

Entretien de Fatoumata Sagnane avec Mohamed Camara, directeur de l'Office national du cinéma guinéen

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Les talents existent en Guinée mais ne s’épanouissent pas. Cela tient au système politique guinéen et l’instabilité de la société. Le cinéma veut être un renouveau en Guinée mais il étouffe et survit. La nomination d’un cinéaste confirmé à la tête de l’Office national du cinéma guinéen (ONACIG) laisse espérer qu’un jour ce cinéma retrouve son souffle. Rencontre.

Mohamed Camara, pour mieux vous connaître, quelle est votre biographie ?
Je suis né à Conakry où j’ai fait école primaire, collège et lycée. Après l’université en sciences économiques, je suis allé en Europe où j’ai passé un diplôme en informatique de gestion et banque à Paris X. Parallèlement je faisais du théâtre et jouais quelques rôles pour la télévision française. Je me suis alors inscrit à une école d’art dramatique dans un centre américain, et suivais aussi des stages chez Peter Brook puis au Théâtre international de langue française. Un peu plus tard, je me suis installé comme comédien en France, et j’ai eu l’occasion de jouer dans plusieurs pièces de théâtre et films. Mais, au bout d’un moment, je me suis rendu compte que ce n’était point notre histoire que les Blancs écrivaient mais leur histoire ! Nous, comédiens noirs africains, nous n’avions que des rôles de bandits, de dealers, de balayeurs, bref tout ce qui réduit le Noir au subalterne. C’est ainsi que je suis passé à la réalisation.
Je m’étais mis à écrire mes propres scénarios, avec des rôles à ma dimension, d’où les rôles principaux. Et, quand je montrais mes scénarios à des réalisateurs et producteurs, ils me disaient que j’étais le seul à pouvoir réaliser mes propres scénarios. C’est ainsi que j’ai tourné Denko en 1993, au Burkina Faso. Il a obtenu l’étalon des courts métrages au Fespaco ainsi que le grand prix au festival international de Clermont-Ferrand. Il a été classé parmi les cent films qui ont marqué le premier siècle du cinéma durant le festival de Clermont-Ferrand en 1995. Ensuite, j’ai pu faire un deuxième court métrage, Minka, qui a lui aussi été primé. Puis ce fut Dakan en 1997, mon premier long métrage, et en 2000 un autre court métrage en France, dans le Berry, Balafola. Je suis ensuite rentré en Guinée. Dès mon arrivée, j’ai tourné La Fugitive, un long métrage qui n’est pas sorti à ce jour car j’estime qu’il n’est pas encore terminé. C’est un film qui n’a été réalisé qu’avec des techniciens et comédiens guinéens.
Après vingt-cinq ans passés à Paris, vous avez décidé de renter définitivement en Guinée. Pourquoi ce choix ?
Je vous dirais tout simplement que la vie d’un homme est jalonnée de bonnes ou mauvaises rencontres, de bonnes et de mauvaises expériences. J’ai été sollicité par l’ancien ministre de l’Information et de la Culture, Justin Morel Junior, pour venir travailler à ses côtés. Il estimait que je pouvais apporter mon expérience au cinéma guinéen qui se sent perdu de nos jours. Ainsi, je suis rentré et c’est là qu’il m’a mis à la tête de l’ONACIG, comme directeur général.
Après votre nomination à ce poste, dans quel état aviez-vous trouvé les lieux ?
Dans un état pitoyable. Cette institution a été pourtant créée par la première République dans le seul but de redynamiser le paysage cinématographique de notre pays. J’avoue que l’ONACIG avait connu d’éminents cinéastes à l’époque, des gens très compétents. Hélas ! Certains de ces cinéastes avaient été emprisonnés sous le régime Sékou Toué, et d’autres avaient trouvé la mort. Les rescapés traumatisés avaient pris un grand recul pour ne plus parler du cinéma en tant que tel. Par la suite, tout a été abandonné par l’Etat, tout est à recommencer car les survivants ont pris de l’âge et n’ont pas pu produire assez.
A mon arrivée à ONACIG, il n’y avait même pas une caméra. Au fil du temps, je me suis rendu également compte que les films faits par les Guinéens comme ceux importés sont à moitié détruits.
Autre fait marquant : avec 500 francs guinéens, un enfant de dix ans peut se procurer un film pornographique en Guinée. Autrefois, les films étaient contrôlés et réglementés dans notre pays. De nos jours, les vidéoclubs ont remplacé les salles de cinéma et on y projette n’importe quoi. Cela contribue à la prolifération du banditisme, de la dépravation, sans parler des câblodistributeurs dans les quartiers. J’ai beaucoup voyagé grâce à mes films mais le nombre de câblodistributeurs qui existent à ce jour dans notre pays dépasse de loin celui de tous les pays du monde. Ces câblodistributeurs sont comme des minis chaînes de TV qui ont la possibilité d’émettre grâce aux faisceaux. C’est à ces multiples difficultés que mon personnel et moi sommes confrontés. Depuis ma nomination à la tête de l’ONACIG, ma priorité est de régulariser les principes et les lois votées dans le cadre du cinéma. Ce n’est pas gagné encore mais je ne baisse pas les bras car il faut combattre tout ce qui peut entraver l’épanouissement du cinéma guinéen. Je sais que les mauvaises habitudes des populations vis-à-vis du non-respect des principes qui réglementent le cinéma datent de loin et que ce ne sera pas chose facile de réussir ce combat mais, en collaboration avec le ministre de la Culture, je suis certain que nous arriverons à redonner au cinéma guinéen sa valeur d’antan, pour le bien-être de tous les Guinéens et amoureux du cinéma en général.
A part l’invitation de l’ancien ministre Justin Motel junior, aviez-vous l’intention de rentrer vous installer définitivement en Guinée ?
Non ! Je ne pensais pas rentrer tout de suite. Fallait-il venir désapprendre ou bien rester en Occident et travailler pour la Guinée ? Fort heureusement, une fois arrivé au pays, j’ai été agréablement surpris par l’échange avec les plus jeunes du septième art surtout. J’ai aimé l’engouement que témoigne de nos jours le ministère de tutelle quand au développement de la culture en général et du cinéma en particulier. Au cours des échanges avec les gens, surtout les plus jeunes, je me suis rendu compte que notre pays regorge de vrais talents qui ont juste besoin d’un coup de pouce de la part des bonnes volontés. Je me suis revu à leur place quand j’avais leur âge et ai mieux cerné leurs soucis, leurs ambitions. J’ai compris jusqu’où ils veulent aller pour servir le cinéma guinéen. Avec les jeunes, j’apprends énormément de bonnes choses et je ne m’y attendais pas. Grâce au cinéma on apprend l’humilité et ces jeunes sont humbles.
Grâce à Allah et au travail, j’ai gagné 50 prix dans le cinéma avec mes films, donc il faut laisser la place aux plus jeunes. Si on peut les aider, on le fait. A la longue, ils pourront s’affirmer dans le métier qu’ils ont choisi d’embrasser. Je rencontre par jour plus d’une cinquantaine de jeunes, c’est un espoir.
Pensez-vous un jour repartir vous installer dans un autre pays ?
Il y a une envie qui s’est installée en moi. J’ai ma famille, mes enfants ici en Guinée, je ne pense plus aller m’installer ailleurs avec tout ce bonheur. Je n’ai pas besoin de m’en aller, du moins pas pour le moment. D’ailleurs, je ne suis pas quelqu’un qui fait des va-et-vient et qui cherche par ci par là. Quand je vivais en Europe, j’ai eu beaucoup de relations professionnelles que je garde toujours et avec qui je fais d’énormes échanges. Jusqu’à preuve du contraire, je reste chez moi !
Quand Justin Morel Junior était encore ministre de l’Information et de la Culture, l’ONACIG avait tout de suite changé d’appellation pour devenir l’ONCVP (Office national du cinéma, de la vidéo et de la photographie). Pourquoi ?
Parce que pour l’ancien ministre, cette nouvelle appellation englobait tout. Pour moi, c’est juste une question d’appellation mais le fond restait le même.
Ironie du sort, quand l’actuel ministre de la Culture par transition, Fodéba Kéira s’est installé, l’appellation ONACIG est aussitôt revenue, que dire ?
Pour ce dernier, le nom ONACIG était mieux connu des populations locales et la prononciation était plus facile. Pour moi, ce qui est essentiel et pratique est que nous arrivions à réglementer le cinéma, suivre son évolution et contrôler toutes les activités y afférant.
Nous savons que la Guinée n’a plus de salle de cinéma depuis plusieurs années. Quelles ont été vos démarches afin de proposer une solution ?
Avec mon personnel et le ministère de la culture, nous essayons de récupérer la salle du cinéma Liberté. Nous sommes allés sur le terrain pour voir les cinq gouverneurs de la ville, les chefs de quartiers, pour recenser les activités liées au cinéma. C’est compliqué car les lois ne sont pas respectées, les taxes ne sont pas payées, pourtant l’Etat vit de taxes et toute personne exerçant des activités liées à l’office du cinéma guinéen devrait s’acquitter de son devoir pour que le cinéma vive normalement.
La deuxième étape consistait à trouver les moyens de mettre mains au moins sur quelques salles de cinéma, mais hélas ! elles sont toutes utilisées à d’autres fins, baillées ou vendues. De surcroît, la seule salle de cinéma Liberté qu’on croyait pouvoir récupérer est baillée pour soixante ans, hallucinant !
En fin de compte on s’est dit que même si on ne peut récupérer toutes les salles de cinéma, au moins faire de Liberté une salle d’Etat, et essayer d’y organiser des activités pour qu’elle profite à la jeunesse guinéenne. Les jeunes pourront y projeter leurs films ou mener d’autres activités culturelles.
Combien d’années ont passé depuis la signature du bail de la salle de cinéma Liberté ?
Juste trois ou quatre ans.
Avec qui ?
Un opérateur économique, portugais d’origine et français de nationalité.
Combien paye-t-il à l’Etat ?
(Il rit) Deux millions de francs guinéens soit vingt-quatre millions de francs par an, mais notre but est de rehausser ce contrat pour un montant conséquent au compte de l’ONACIG pour pouvoir aider le cinéma à se développer dans notre pays. Heureusement, le nouveau ministre de la Culture est de mon avis et se bat beaucoup pour la Culture. Pas simple mais on verra, je suis confiant. Tant que je serai à la tête de cette entité je ferai de mon mieux pour redonner un nouveau souffle au cinéma guinéen, c’est un devoir.
Qui avait baillé cette salle ?
Il n’est pas intéressant de dénoncer en ce moment quelqu’un car nous sommes en phase de négociation pour pouvoir au moins mener des activités cinématographiques dans la salle Liberté, même baillée.
La quinzaine du cinéma, était-ce votre initiative ?
J’avais toujours voulu faire une semaine du cinéma en Guinée ; j’avais peu de soutiens mais quand Fodéba Kéira a fait appel à moi, il m’a dit qu’il voulait faire la semaine du cinéma. C’est à partir de là qu’on s’est donné la main pour faire l’événement. J’avoue que ça a été une réussite car les Guinéens attendaient de voir les films faits par les Guinéens eux-mêmes.
La projection de vos films Dakan et Denko en Guinée a été interdite, pourquoi ?
Parce que beaucoup pensent que je fais des films pour choquer, mais ils se trompent. Je fais certes des films que certains n’ont pas l’habitude de voir. C’est un paradoxe mais un paradoxe de la société dans laquelle nous vivons. Quand Denko a été projeté ici en Guinée, les gens ont été fous de rage. Pour moi, c’est tout juste un complexe face à la grandeur de Dieu. Je suis musulman et donc libre selon mes sens de rendre hommage à Dieu et d’exprimer des choses comme je sens. Moi, je suis créateur. Denko parle du sacrifice maternel d’une mère qui met au monde un enfant aveugle. Pour qu’il retrouve la vue, la mère est obligée de faire l’amour avec son propre fils, chose certes interdite par la divinité. Une fois qu’elle couche avec son enfant, elle tombe enceinte mais le fils va retrouver la vue.
Ce qui est sûr, c’est que si la politique guinéenne ou religieuse interdit mes films dans mon pays, ils seront projetés ailleurs car c’est un sujet qui intéresse le monde entier. Actuellement je pense tourner un autre film, Sousonko, qui parle de la stérilité masculine. Les gens ont peur de parler de ces sujets car c’est un tabou dans notre société. Même en Occident, l’homosexualité n’est pas acceptée par tous. Donc je pense qu’il faut en parler car on exagère toujours en se cachant.
J’ai été convoqué par les cultes du pays et le CNC, le Conseil National de la Communication, par rapport à mes films, après leur projection à TV guinéenne. Ça a fait un tollé et j’étais obligé de venir me défendre à la TV devant les cultes car le directeur de la RTG à l’époque a failli être viré de son poste. Je me suis défendu corps et âme en disant que ce n’était pas heurter la sensibilité des gens mais plutôt parler d’un phénomène de société sur lesquels les gens font semblant. C’est le cas du sida par exemple : on a cru que cette maladie ne regardait que les autres et quand ça nous a éclaté à la figure, on a cherché à avoir des remèdes en vain. En remontant la pente, quand j’ai fait Dakan en 96, on a failli me lancer des pierres mais de nos jours, les visions ont changé.
Il y a presque un an, vous aviez réalisé cinq films documentaires sur les orchestres nationaux de Guinée, et ces films n’ont jamais été projetés en Guinée. Quelle est la raison ?
J’avais tapé à toutes les portes pour bénéficier de soutien afin de pouvoir réaliser des films sur nos orchestres nationaux à l’occasion du cinquantenaire de la Guinée, mais en vain. Nul n’ignore le rôle qu’ont joué ces orchestres nationaux depuis l’indépendance de la Guinée en 1958 jusqu’à nos jours. Ces orchestres nationaux ont contribué à la stabilité de la Guinée par le biais de leur musique, leur engagement. Ils ont toujours été là pour le peuple pour l’égayer, l’informer, l’éduquer mais, comme le Guinéen aime observer, ensuite récupérer le travail des dégourdis. Je ne pouvais plus attendre, je ne devrais sous aucun prétexte rater une occasion aussi noble que le cinquantenaire de la République de Guinée. Je me suis mis à faire mon travail avec mes maigres moyens et j’ai finalement abouti. Comme Dieu ne fait pas mal les choses, ceux sont d’autres chaînes de télévision qui ont sollicité la projection de mes films car la plupart de ces pays fêtent le cinquantenaire de leur indépendance. C’est une fierté pour moi car mes films ont été sélectionnés pour commémorer le cinquantenaire de nombre de pays africains. C’est maintenant que la RTG sollicite la projection de mes films. Ce n’est pas possible. Et si toutefois la RTG tient toujours à mes films, la Guinée doit payer d’abord pour les voir car j’ai offert de l’opportunité aux Guinéens sur un plateau d’or, ils sont restés là à se lamenter, ce n’est que tardivement que mon pays se met en quatre pour rendre hommage à ces orchestres, acteurs culturels incontournables du pays. Les autres pays africains ont rendu tôt hommage à Keletigui et ses Tambourinis, à Sofa Camayenne, aux Amazones de Guinée, au Bembeya Jazz national de Guinée etc.…… et c’est aux Guinéens de leur emboîter le pas. Dommage !
Le film guinéen portera-t-il son flambeau d’antan avec vos démarches et ambitions ?
Je l’espère. Nous sommes en train de nous battre pour relever le défi. Le ministre est à nos côtés pour cela. Nous manquons de moyens et sommes en train de faire de notre mieux avec les moyens de bord. Notre ministère est devenu autonome et mènera donc bien des activités à tout moment dans la limite du possible.
A ce jour, étant directeur de l’ONAGIG, comment conciliez-vous la réalisation avec cette responsabilité ?
Juste une question d’organisation. Il faut parfois faire un break dans sa vie de tous les jours, réfléchir à tout. J’ai le temps d’écrire des scénarios, des nouvelles sur la vie politique de la société guinéenne, sur la culture. Je suis du cinéma, et forcément un jour, je reviendrai derrière la caméra et je ferai des films comme j’ai l’habitude de le faire. J’aimerais faire un western intitulé Le Chantier de la nouvelle mariée, ou un autre sur le sida qui s’appelle Latè en langue malinké, ce qui veut dire la fatalité. Je veux également faire un film sur des produits pharmaceutiques qui sont vendus dans les marchés. Je suis là pour le moment comme directeur de l’ONACIG mais, je reste et demeure cinéaste réalisateur de films. Comme c’est l’administration il y a toujours des changements et des surprises. Si un jour on me demandait de partir de l’ONACIG, je reprendrais mon bâton de pèlerin et m’en irai avec fierté.
Autres perspectives ?
Nous envisageons de lancer bientôt le concours des scénaristes ce qui va déboucher sur la réalisation de meilleurs scénarios. C’est pour donner l’occasion surtout aux plus jeunes de s’affirmer. C’est à eux d’assurer la relève et de défendre les couleurs de notre pays car nous devrons filmer notre Histoire afin d’aider le pays à se développer, des témoignages pour éclairer les idées, retracer les faits, les événements tels qu’ils se sont passés. Il faut aussi filmer le quotidien de notre pays.
En ce moment crucial de la Guinée, appartenez-vous à un parti politique ?
Je n’appartiens à aucun parti car je préfère juste travailler pour la Guinée. La raison est simple. Je ne suis pas à la mode car les partis politiques, c’est de la mode. Et je ne voudrais jamais être démodé quand mon parti ne sera pas au top !
Si un jour on vous invitait à rejoindre un parti politique ?
Ce n’est pas ma tasse de thé.
En tant que réalisateur, avez-vous des films de sensibilisation permettant aux politiques et populations de Guinée de comprendre que la violence, l’injustice, l’ethnocentrisme, la mauvaise gestion de la démocratie mène à la guerre ?
Oui, j’ai à ce jour réalisé des films de sensibilisation tel que Le Soleil de la démocratie, Comment voter ? qui est presque terminé. Je prépare également Plus jamais ça pour que la population et les leaders se calment afin qu’on ait une élection libre et transparente pour le bien-être des Guinéens car le président qui sortira des urnes sera le président de tous les Guinéens.
Un petit mot pour se dire au revoir ?
Quand tout disparaît, seule la culture reste, et le cinéma est la synthèse de la culture. Aidez-nous à faire des films et avoir du matériel, et on vous fera des films que vous n’avez jamais soupçonnés d’être faits en Guinée !

entretien réalisé à Conakry///Article N° : 9767

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