« Montrer l’amour, la joie, la beauté de l’Afrique »

Entretien de Maureen Murphy avec Ly Dumas

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Comment êtes-vous venue à la mode ? Avez-vous commencé en Afrique, en France ?
Je suis autodidacte en ce qui concerne la mode. Je suis culturelle, c’est le tissu qui m’a amené à la mode. Le tissu avec tout ce qu’il peut représenter comme sensations. Cela me parle, je l’admire, je le goûte, ça fait vibrer tous mes sens. Au bout d’un certain temps j’ai voulu présenter, partager mes sensations avec les autres. Cela s’est passé en plusieurs étapes. J’ai pensé que la mode était un tremplin pour présenter mes tissus. Je suis camerounaise, c’est donc à partir de là que tout a commencé. J’ai connu par la suite d’autres tissus, d’autres pays, j’ai une bonne collection de tissus.
Vous avez créé un groupement d’intérêts économiques (GIE) au Sénégal ?
En fait j’ai aidé à créer ce GIE au Sénégal parce que j’avais une unité de production là-bas dont je vais d’ailleurs présenter les tissages. Nous exposons quelques produits d’artisans justement (artisans textile, artisans perliers ou brodeurs de perles…)
Qu’est-ce que cela représente pour vous de montrer votre travail dans un musée, et dans ce musée en particulier ?
J’ai déjà fait un défilé au musée Dapper. Vous comprenez mon désir de ne pas voir les objets africains figés. L’objet africain n’est pas figé. Chaque fois que je viens, j’ai envie de le faire bouger. J’aime la vie, tout doit être vivant… En ce qui concerne ce musée en particulier, c’est une histoire d’amour je crois. Lorsque je suis dans cette salle (la salle des fêtes), je me sens chez moi, évidemment ça n’est pas comme ça, mais j’ai l’impression d’être en Afrique, parce que ce musée regroupe tout de l’Afrique : les objets d’art, quand je vois ces colonnes dans le musée, je pense aux colonnes sculptées en bois qu’on a chez nous…
Comment situez-vous votre défilé par rapport à l’exposition boubous ? Y a-t-il un lien entre le tissage traditionnel et votre création personnelle ?
Il n’y avait pas vraiment de filiation, sauf pour la broderie. Je fais des broderies de perles, mais le boubou, je n’en fais pas. J’ai dû faire une collection spéciale pour le « boubou », pour prolonger l’exposition.
Vous les avez créés spécialement pour l’exposition ?
J’ai créé spécialement pour le musée. Pour prolonger cette idée de l’objet figé qui peut être complètement vivant. Je pense qu’on l’a bien illustré.
C’est vous qui avez réalisé la scénographie, le déplacement des mannequins dans la salle ?
Oui, j’ai voulu qu’on oublie tous les malheurs de l’Afrique. On vit avec, on en meurt, mais là ce qu’on a envie de montrer c’est l’amour, c’est la beauté, c’est la joie de l’Afrique. En Afrique on a énormément d’amour à donner, on en reçoit, on aime recevoir l’amour et on a beaucoup à donner. Et il y a la joie. Même dans nos malheurs on rit, c’est extraordinaire … Pourquoi cette disposition dans la salle ? C’est parce que j’ai rêvé d’un arbre, avec ses racines et ses branches. Car rien n’est figé en Afrique, encore une fois. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai toujours pensé que dans une autre vie, j’étais une plante. Je suis très émue quand je vois un arbre, et c’est même chose avec les tissus…

///Article N° : 2762

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