Murmures

Le CRAN salue le rapport Tuot, mais estime qu’il convient d’aller plus loin, en mettant en œuvre des indicateurs d’égalité
février 2013 | Faits de société | Histoire/société | France
Source : Communiqué de presse

Français

Le ministère de l’intérieur a confié à Thierry Tuot, conseiller d’Etat, un rapport sur l’intégration. Ce document aurait dû être présenté fin janvier, mais pour des raisons obscures, sa diffusion a été retardée. Il semblerait qu’il ait déplu en haut lieu, notamment à cause de son franc parler. Il est vrai que le rapport Tuot met en cause les dirigeants de la France, tous partis confondus, tant la politique d’intégration a été négligée depuis trente ans.

M. Tuot définit parfaitement les termes du débat : « le résultat de l’intégration n’est pas la disparition de l’origine étrangère réelle ou supposée, ni même son effacement, et encore moins son oubli ou sa négation. Chacun d’entre nous doit et peut demeurer fier de ses origines ». Mais il ajoute aussitôt à propos des Français d’origine étrangère : « une part anormalement élevée d’entre eux connaît un surcroît d’échec scolaire, des difficultés d’accès à l’emploi et au logement, demeure dans les déciles les plus pauvres de la population, n’accède que trop peu à la culture, aux responsabilités, a une santé plus dégradée, une espérance de vie plus courte, et rencontre pour l’essentiel – c’est-à-dire être, croire, aimer – réprobation, entrave, critique. C’est la correction de ces disproportions que vise la politique d’intégration. » Luttant contre les discriminations depuis 2005, le CRAN ne peut que confirmer ce constat.

Or, le problème, c’est que le tissu associatif à qui on a sous-traité la politique d’intégration a été asséché depuis trente ans, constate M. Tuot : « ce n’était pas assez de leur demander tout sans l’avoir jamais dit, il fallait, toujours sans débat, en échange, ne plus leur donner rien. » C’est pourquoimetro le rapport Tuot conclut : « il faut sauver les associations ».

Le CRAN ne peut que saluer les conclusions de ce rapport, et s’interroge sur les mobiles qui ont conduit à reporter sine die sa présentation officielle. Par ailleurs, puisque Thierry Tuot plaide en faveur de la transparence en matière de politiques publiques, le CRAN estime qu’il convient d’aller plus loin en mettant en place les statistiques de la diversité et les indicateurs d’égalité, qui permettraient de savoir si la lutte contre les discriminations avance ou non dans ce pays. C’est pourquoi, sauf à sombrer dans l’aveuglement volontaire, le CRAN appelle Manuel Valls, qui s’était engagé sur les statistiques le 6 décembre 2012, à tenir ses promesses.
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