Murmures

« Rien de tel qu’une bonne crise » [parution]
novembre 2013 | Sortie de film, livre, album… | Histoire/société | International
Source : Alter Info

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« La crise est la meilleure des bénédictions qui peut arriver aux gens et aux pays, car la crise apporte des progrès. La créativité naît de l’angoisse, comme le jour naît de la nuit obscure. Dans la crise naît l’inventivité (…). Il faut en finir avec la seule crise menaçante : la tragédie de ne pas vouloir lutter pour la vaincre » (Einstein) [1]

Une crise est un moment opportun pour la décision, le temps de choisir…
Fin 2008, la situation est grave : émeutes de la faim à Dakar et ailleurs, expulsions de familles aux USA, faillites de grandes banques, non-emploi des jeunes, hausse du coût de l’énergie … Et face au monde en crise : ces démocraties et instances internationales aux actions si timorées. C’est le moment, pensent les 4 auteures de ce livre, pour développer une vraie prise de conscience, susciter des sursauts et, enfin, choisir et décider.
Fortes de leurs compétences variées d’économiste du développement, de juriste, d’enseignante, d’élue, et de leurs expériences de militantes, les quatre auteures, Valérie Bouloudani, Claudine Coppel, Geneviève Joly et Renée Lecomte démontrent, exemples à l’appui, que la crise écologique, la crise alimentaire, la crise financière et la crise démocratique sont étroitement liées. Toutes les quatre sont des militantes du GRAD-S – Groupe de réalisations et d’accompagnement pour le développement.

La crise écologique ne se résume pas au seul réchauffement climatique, même accompagné de dérèglements majeurs, (tornades, typhons, cyclones). Symptôme dominant, il est le signal d’une pathologie plus grave, celle d’une pression trop forte des activités humaines, surtout celles des pays industrialisés sur la planète. Graves sont les conséquences pour les populations les plus vulnérables. Le monde entier est affecté par une pollution n’épargnant ni les sols, ni l’air, ni les eaux.
La crise alimentaire touche prioritairement les pays du Sud. Et pourtant, elle provient en partie de la domination économique des pays riches, de leurs priorités en matière de développement agricole et d’approvisionnement. Ils exercent de multiples pressions sur les prix des produits, sur l’accaparement des terres pour la production de biocarburants et sur l’achat de semences et d’engrais. Ils déstabilisent les sociétés paysannes et font grossir les départs des familles rurales vers les milliers de bidonvilles.
La tornade financière de 2008, non annoncée et si brutale, est un électrochoc ressenti par l’ensemble du monde, quasi instantanément : de la bulle immobilière aux USA liée au manque de solvabilité des banques, à son extension aux dettes souveraines (Grèce puis transmission à d’autres pays de la zone euro).
La crise de la démocratie est d’autant plus grave que ce système de gouvernance est supposé, plus qu’un autre, apte à la recherche du bien commun. Malgré cela, l’économique reste aux commandes et prime sur le politique. Les sociétés sont désormais formatées pour consommer. Les instances politiques élues, considérées comme incapables sinon corrompues, perdent du crédit auprès des citoyens.

Alors, les auteures proposent d’identifier, d’écouter, de valoriser les initiatives citoyennes individuelles ou collectives qui sont porteuses d’espoir pour l’avenir. Ainsi :

Une ville de 12 000 foyers à Stade, en Allemagne, est entièrement alimentée par des énergies renouvelables grâce à la combinaison de plusieurs sources d’énergies : éolien, photovoltaïque, hydro-électrique et biogaz. Avec l’objectif d’être un système pilote pour le reste du pays.
Une association togolaise favorise la consommation des produits locaux par les urbains du quartier de Bé à Lomé, avec des objectifs variés : améliorer la santé des populations, développer les débouchés des produits des ruraux, diminuer les importations et rendre l’économie moins dépendante …
La fourniture de critères de choix pour rendre son épargne éthique (exclusion de certains, priorisation d’autres) ou son épargne solidaire en souscrivant des produits d’investissement solidaire ou en donnant tout ou partie des intérêts reçus.
Les luttes ou engagements pour l’adoption de constitutions démocratiques en Amérique du Sud, par exemple en Equateur.

Parmi ces initiatives, beaucoup viennent du Sud. Après avoir exporté la crise, les pays du Nord ne doivent-ils pas importer les alternatives ?
Au constat des défaillances trop nombreuses des Etats et des Institutions internationales, le local, en alimentant et canalisant le global, permettra d’imposer des solutions d’avenir.
Valérie Bouloudani, Claudine Coppel, Geneviève Joly et Renée Lecomte se sont associées à une caricaturiste de talent, Caro, pour agrémenter ce livre inspirant, revigorant et destiné à tous ceux qui veulent agir en étant informés. Le langage utilisé est simple sans être trop simplificateur, les présentations similaires facilitent l’entrée dans le livre, les dessins proposent un regard décalé.
[1] Albert Einstein, Comment je vois le monde, 1979

Rien de tel qu’une bonne crise !… le défi des initiatives citoyennes
de Valérie Bouloudani, Claudine Coppel, Geneviève Joly et Renée Lecomte
édité par le GRAD-S – Groupe de réalisations et d’accompagnement pour le développement – http://grad-s.net
270 pages, format électronique 12 € ou papier 15 €
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