Murmures

La vision du sous-développement d’Emmanuel Macron
juillet 2017 | | Histoire/société | France

Français

un point de vue biaisé
Le samedi 8 juillet, le président de la République française a donné une conférence de presse lors du G20 à Hambourg (Allemagne).
Interrogé sur l’Afrique, il a répondu : « Le défi de l’Afrique », « il est civilisationnel », commence Emmanuel Macron, avant de demander : « Quels sont les problèmes de l’Afrique ? » Il cite alors « les Etats faillis, les transitions démocratiques complexes, la transition démographique qui est (…) l’un des défis essentiels de l’Afrique ». « Quand des pays ont encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien », poursuit-il.

Question : est-ce civilisationnel de faire tant d’enfants ? Avec une faible espérance de vie dans la société, une femme indienne fait elle aussi sept enfants pour être sûr d’en avoir un qui s’occupe d’elle quand elle sera vieille.
Ce n’est pas le nombre d’enfants qui fait la pauvreté mais la pauvreté qui fait le nombre d’enfants : ce n’est pas civilisationnel, c’est économique – comme le rappelle Françoise Vergès dans Le Ventre des femmes (Albin Michel, 2017) : « On rend les femmes du tiers-monde responsables du sous-développement. En réalité, on inverse la causalité : la plupart des études prouvent aujourd’hui que c’est le sous-développement qui entraîne la surpopulation », écrit-elle, avant de poursuivre : « La théorie de la surpopulation évite aussi de questionner le rôle du colonialisme et de l’impérialisme dans la pauvreté. Et ces discours visent, bien sûr, avant tout les femmes. »

En outre, la chute des cours qui affecte les grands pays exportateurs de matières premières grève aujourd’hui le développement économique des pays « pauvres ».
Aux causes structurelles issues de l’Histoire, s’ajoutent les causes conjoncturelles qui en assurent la continuité.

Si le problème est économique, la réduction de l’aide au développement renforce la pauvreté. Elle a été annoncée par le ministre français des Comptes publics, Gérald Darmanin, dans le cadre des économies annoncées en vue d’atteindre l’objectif d’un déficit public n’excédant pas 3 % du PIB. Le budget du ministère des Affaires étrangères sera amputé de 282 millions d’euros, « dont la moitié sera de la baisse de l’aide publique au développement », a indiqué le ministre…

Lors de son premier discours en tant que président de la République, en mai, Emmanuel Macron avait assuré que la France serait « attentive (…) au respect des engagements pris en matière de développement et de lutte contre le réchauffement climatique ».

Comme le demandent les ONG, il faudrait que l’aide publique au développement soit sortie du calcul du déficit public dans le cadre de la révision des traités européens.
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