Murmures

Francophonie, langue française : lettre ouverte à Emmanuel Macron
janvier 2018 | Faits de société | Histoire/société | France

Français

Le président de la République a proposé à Alain Mabanckou de contribuer aux « travaux de réflexion » qu’il souhaite « engager autour de la langue française et de la Francophonie ». L’auteur de « Verre cassé » lui répond.
Monsieur le Président,

Dans votre discours du 28 novembre à l’université de Ouagadougou, puis dans un courrier officiel que vous m’avez adressé le 13 décembre, vous m’avez proposé de « contribuer aux travaux de réflexion que vous souhaitez engager autour de la langue française et de la Francophonie. »

Dans sa lettre ouverte à lire sur le site de l’Obs, Alain Mabanckou indique que « La Francophonie est malheureusement encore perçue comme la continuation de la politique étrangère de la France dans ses anciennes colonies. »
Il insiste sur le prestige encore vivant de la langue française et à quel point la littérature francophone est étudiée aux Etats-Unis. Les auteurs africains y sont largement traduits. Et il ajoute : « La littérature française ne peut plus se contenter de la définition étriquée qui, à la longue, a fini par la marginaliser alors même que ses tentacules ne cessent de croître grâce à l’émergence d’un imaginaire-monde en français. »

Il regrette qu’Emmanuel Macron ait prononcé un discours à la Foire du livre où il affirmait que « l’Allemagne accueillait la France et la Francophonie », « comme si la France n’était pas un pays francophone ! »

Fustigeant « La Francophonie « institutionnelle », il lui reproche de n’avoir « jamais pointé du doigt en Afrique les régimes autocratiques, les élections truquées, le manque de liberté d’expression. »

En conclusion, Alain Mabanckou écrit : « Par conséquent, et en raison de ces tares que charrie la Francophonie actuelle – en particulier les accointances avec les dirigeants des républiques bananières qui décapitent les rêves de la jeunesse africaine -, j’ai le regret, tout en vous priant d’agréer l’expression de ma haute considération, de vous signifier, Monsieur le Président, que je ne participerai pas à ce projet. »
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