Murmures

Prix Nnanga kon 2019 : une brève lecture des livres finalistes
novembre 2019 | Palmarès | Littérature / édition | France

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Depuis le 14 octobre dernier, les ouvrages finalistes du Prix Nnanga kon 2019 sont connus. Voici quelques atouts des livres en question, en attendant de découvrir ces œuvres dans leur intégralité et de vous faire votre propre opinion.

Et la fête pouvait commencer, d’Albert Thierry Nkili Abou (Théâtre)
Allocations familiales : et si tout le monde pouvait en bénéficier ; y compris les villageois, ces braves fabricants-de-nourriture de l’arrière-pays ? Et s’il ne suffisait que de faire des enfants, pour toucher… l’argent des enfants ? La nouvelle aurait de quoi susciter de la joie dans nos villages, et même de l’excitation, une réelle effervescence. Excellente matière pour une pièce de théâtre. Albert Thierry Nkili Abou l’a compris, et a eu la bonne inspiration d’exploiter ce filon. Le sujet est parfait du point de vue comique, avec une intrigue qui s’ouvre et se referme sur un débat social digne d’intérêt. Tout y est. Il ne fallait plus qu’un dramaturge bien inspiré pour, avec sa verve, ses mots, sa plume, créer le monde, la scène. Il pense, lui, l’auteur, Albert Thierry Nkili Aboou, que le monde est une vaste scène de théâtre et nous terriens en sommes tous des comédiens.
Bon à savoir, pour les intéressés, la pièce d’Albert Thierry Nkili Abou nous renseigne que « pour toucher l’argent des enfants […] il y a des préalables :
1- Travailler quelque part ou chez quelqu’un et toucher un salaire.
2- Être déclaré à la caisse et avoir un numéro d’assurance. »

Broutilles, de Fritz Bell (Recueil de nouvelles)
Pour les amateurs du genre, les Broutilles de Fritz Bell c’est du croustillant. Comme disent les petits, ça fait kreush-kreush. Et c’est justement dans la naïveté et la curiosité enfantine que l’auteur va nourrir son imagination. Dans La leçon de Géographie, par exemple, le petit Ali ne comprend pas : « si la Terre est comme une orange et qu’on la coupe en quatre tranches égales, la partie qui n’a que de l’eau sera comme trois tranches… » Et pourquoi, se demande le petit Ali, n’y a-t-il pas une goutte à Guidybil, son village ?
Joselito et son frère quant à eux s’interrogent : « Mon père dit que notre pays est riche. Et c’est peut-être vrai puisque nous voyons tout le temps passer de grosses et belles voitures, sur la route poussiéreuse qui traverse le village […] Mais notre village lui n’est pas riche, il est même très pauvre. »
Dans une autre nouvelle des Broutilles, la maîtresse du petit écolier, Bosco, dispense la leçon classique qui veut que « les plantes se nourrissent grâce à leurs racines. Elles envoient des racines sous terre pour y puiser de l’eau et la nourriture dont elles ont besoin… » ; mais le petit Bosco lui pense que les plantes mangent aussi les insectes et les petits animaux. »
Amusant, instructif, et digeste. En somme, tout sauf des broutilles, ce recueil de nouvelles de Fritz Bell.

Tilmiido : Un destin controversé, de Fadimatou Bello (Roman)
Le mariage précoce de la jeune fille, l’excision, le choix du mari par les parents de la jeune fille, autant de pratiques questionnables qui ont déjà inspiré plus d’un classique de la littérature africaine. Le débat est loin d’être épuisé ; alors Fadimatou Bello ose, elle remet ça, dépeint pour dénoncer ces coutumes pas toujours favorables à l’épanouissement de la femme africaine en zone rurale. Tilmiido, la jeune héroïne de Fadimatou Bello se verra mariée par ses parents sans avoir été consultée, liée pour la vie à un vieil homme qui eût été son père. Elle se verra de même répudiée par son époux, sans qu’elle n’ait été entendue sur les accusations alambiquées portées à son encontre par ce dernier. Mais au final, tout est bien qui finit bien, Tilmiido rencontrera finalement l’amour, le grand – le grand amour. Comment ? C’est ce à quoi vous êtes convié : à la découverte de la fabuleuse histoire de Tilmiido, un destin controversé, de Fadimatou Bello.
N.B. Pour être éligible au Prix Nnanga kon, l’une des conditions est d’avoir été présélectionné à l’édition précédente des Grands Prix des Associations Littéraires. Le pré-jury, ou Comité Nnanga kon, était constitué en cette troisième année par des lecteurs issus de l’association Le Jeune auteur. La précédente édition du Prix Nnanga kon a été remportée par Séraphin Deffo Deffo, pour son roman intitulé Enquêtes en eaux troubles. L’auteur avait pour son sacre reçu les félicitations de Guillaume Oyônô Mbia, écrivain dramaturge camerounais, lui-même lauréat du Grand Prix des Mécènes 2014.
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