Murmures

Il n’existe de paradis qu’au paradis
mai 2022 | Sortie de film, livre, album… | Littérature / édition | Guinée

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           De nos jours, il ne ferait bon vivre que dans très peu de régions sinon dans aucune.

           "Il n’existe de Paradis qu’au Paradis !" mène justement vers ce territoire d’exception, "le Tébépacstan" alias "le Pays de l’algorithme". Une dénomination pouvant susciter à son égard une répulsion instinctive alors que, par sa construction à la demande, il est le fruit d’un jumelage heureux des nombreuses commodités possibles de l’existence avec les multiples échantillons des vivre-ensemble les plus conviviaux. Statut qui lui vaut la mythique appellation géographique protégée de "Merveilleux Territoire" et la certification de sa mise hors d’atteinte des conflagrations récurrentes tant nationales qu’internationales.

           Sa découverte invite à émigrer toutes affaires cessantes vers cet eldorado des temps numériques, prometteur de saisons toujours au beau fixe et prêt à offrir la chance à n’importe quelle candidature imaginative de s’y faire une place. Preuve que si la mobilité, mieux, la rotation à travers la planète avait été la philosophie de vie adoptée par l’ensemble des humains voire la simple devise partagée avec les oiseaux, les migrants volontaires ou involontaires, les "extraterritoriaux" aux "semelles de vent"… leur compréhension réciproque en aurait été d’autant plus facilitée !

           Pérégriner suivant les saisons, selon les conjonctures, d’un Merveilleux Territoire par-ci vers un autre par-là, à l’édification desquels ils auraient apporté leur pierre, aurait été la conduite commune. Mouvement qui, s’il avait été initié puis généralisé depuis toujours, serait devenu habituel, perpétuel, normal, facteur de paix.

           Une réalité ou un leurre, le "Merveilleux Territoire" ? À entreprendre de s’y rendre, on réussira vite à s’en faire un avis.

 

                                             

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            Une histoire d’itinérances que la vie et l’œuvre de Cheick Oumar KANTÉ, ancien enseignant, journaliste et écrivain guinéen naturalisé français !

            Avec le patronyme qui est le sien, il est né à Labé dans le Fouta Djallon en 1948. Peul, donc, d’éducation et de culture, il ne se sent pas moins sosso-mandingue, ivoiro-centrafricain, franco-européen, conséquences directes de ses nombreuses pérégrinations. Sans jamais pour autant avoir cessé d’être, comme il se plaît à l’affirmer, un "fieffé Guinéen".

Publié chez Présence Africaine pour la première fois en 1987 avec le roman "Douze pour une coupe", il n’a pu y revenir avec bonheur qu’après avoir transité par cinq autres maisons en France et en Afrique : L’Harmattan, Menaibuc, Riveneuve, Ndze et Ganndal.

            "Douze pour une coupe" évoquait un retour solitaire, tragique à la fin, d’un exilé au pays natal. "Il n’existe de Paradis qu’au Paradis !", cinquième de ses romans, onzième de ses publications est l’histoire d’une migration collective internationale vers le Merveilleux Territoire, un eldorado décrit dans toute sa splendeur en "ouverture" du roman. Pays construit par des héros de tous pays qui se sont recrutés via les réseaux dits sociaux.

            Du roman de ses débuts à son dernier, Cheick Oumar KANTÉ témoigne de ce que l’imaginaire des Africains, assez entrés dans l’Histoire et même dans celle de l’Intelligence artificielle avec ses algorithmes, n’en déplaise à certains, peut être débarrassé en littérature des thèmes archi-rebattus de l’exode rural, de l’opposition entre les villes et les villages, du sempiternel conflit entre la tradition et la modernité, de la foi aux croyances plus qu’en la science, du bonheur de l’Africain même en apnée dans des océans de misère et de son rire prétendument atavique…

            "Les thèmes abordés (ici) sont actuels, modernes. Le ton humoristique associé à la forme du récit les rendent accessibles sous un angle de vue original"… L’écriture très travaillée est maîtrisée, le vocabulaire est riche et précis…"

            "L’humour et l’intelligence des dialogues mêlés au récit imaginaire et succulent rendent plausible ce monde sans défaut"… (ou presque). Le texte bien présenté est agréable à lire".

 

           

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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