Murmures

Contre la statue d’une femme noire nue pour symboliser 400 ans de Crime contre l’Humanité à Toulouse
juin 2009 | Faits de société | Histoire/société | France

Français

PETITION
Date de création : 05/05/2009
Date de cloture : 10/05/2010

Auteur :
Contact: [email protected]
Dieudonné Gnammankou, historien, Université Paris IV- Sorbonne
Véronique Hélénon, historienne, Florida International University
Allison Blakely, historien, Boston University et Harvard University


A l’attention de : Monsieur le Maire de Toulouse



Nous nous opposons catégoriquement au choix de monument effectué par la ville de Toulouse pour rendre hommage aux millions de victimes de la Traite européenne des Nègres et leur réduction en esclavage dans les Amériques du 15e au 19e siècles.

Alors qu’un premier projet déposé auprès de la mairie de Toulouse avait proposé que soit érigée une statue de Toussaint Louverture, la ville a refusé de rendre hommage au héros de la Révolution haïtienne et opté pour une statue représentant une femme noire nue.

A l’heure où Paris a inauguré le 4 avril 2009 un impressionnant monument représentant des chaînes brisées afin d’honorer la mémoire du Général Dumas et la lutte contre l’esclavage, le choix de Toulouse brille par son ignorance de l’histoire et la perpétuation des stéréotypes les plus primaires et les plus dégradants sur les Noirs.

La sculpture commandée par la ville de Toulouse aurait pu rendre hommage aux Héros de la lutte contre la traite négrière et l’esclavage en choisissant Lumina Sophie, Toussaint Louverture, Delgrès, Cimendef, etc., ces femmes et hommes soumis à la sauvage réalité de la société de plantation raciste et esclavagiste, qui n’ont jamais courbé l’échine durant ces siècles de monstruosité déshumanisante. Les exemples ne manquent pas dans la thèse d’histoire sur les Noirs de France au XVIIIe siècle soutenue à Toulouse par feu Marcel KOUFINKANA, qui fut le premier à effectuer en France un travail de recherche sur ce thème,


Le rôle actif des esclaves dans le processus d’abolition de l’esclavage est souvent évacué, et la ville de Toulouse, qui était une des premières villes de France à avoir dès 1999 installé une stèle dans le plus grand Jardin de la ville pour honorer la mémoire de ceux qui ont lutté pour la libération des esclaves d’origine africaine dans les Amériques, semble vouloir nous proposer une nouvelle relecture de l’histoire en choisissant « d’honorer » (sic !) le corps nu de la femme noire.

En effet, selon le texte d’accompagnement de la stèle qui sera inaugurée le 17 avril à Toulouse au Jardin Comparelli, l’un des principaux crimes de la traite Trans-Atlantique est d’avoir sali cette beauté nue. Ce choix ne nous paraît pas opportun, bien au contraire.

L’on comprend que ce TRAVESTISSEMENT DE L’HISTOIRE reçoive le soutien actif de certains milieux. Une confusion dans les esprits est créée, consciemment ou inconsciemment, en mélangeant les genres. Nous osons croire que ce n’était pas le but recherché par la Mairie de Toulouse. La statue dite de la « beauté nue » fait immédiatement penser à l’histoire tragique de la Vénus Hottentote et aux Zoos humains, d’autres crimes qu’il convient, bien-sûr, de dénoncer. L’idéologie négrière, esclavagiste et colonialiste [aux Antilles ces faits sont concommittants]décrivait souvent à la suite de Gobineau, les hommes noirs comme de grands enfants et les femmes noires n’étaient perçues qu’à travers leur corps érotisé, dans la nudité complète, autrement dit, à l’état de nature, donc forcément, de sauvagerie. C’est le corps de la femme noire qui symboliserait l’obscénité de la geste noire.
Cette obsession pour la nudité noire ne fait que souligner une fascination pour des stéréotypes anciens et une incapacité à penser les Noirs en dehors des violences sexuelles qui caractérisaient le monde de la plantation.


Qui la ville de Toulouse cherche-t-elle donc à rassurer en installant la statue d’une femme noire nue pour symboliser UN CRIME CONTRE L’HUMANITE ?

Nous demandons instamment à la Mairie de Toulouse de ne pas s’engager sur la voie de la réaction, ce que personne ne comprendrait ! Que la Mairie de Toulouse continue de rendre hommage à la noble histoire de cette ville connue pour sa tolérance. Ville dont le Parlement défendait dès le XVIIIe siècle le droit à la liberté des Noirs qui s’adressaient à lui pour obtenir leur affranchissement en vertu de l’Ordonnance royale (1315) de Louis X Le Hutin qui interdisait la pratique de l’esclavage sur la terre de France.

Dieudonné Gnammankou, historien, Université Paris IV- Sorbonne
Véronique Hélénon, historienne, Florida International University
Allison Blakely, historien, Boston University et Harvard University


Exprimez votre désaccord à l’initiative de la mairie de Toulouse en signant la pétition.
Vous pouvez également:
– téléphoner à la Mairie de Toulouse: – accueil et renseignement : 05 61 22 21 43 (de 8h30 à 17h30) standard tous services : 05 61 22 29 22 (24h/24)
– ou écrire par voie postale: Mairie de Toulouse – Hôtel de Ville – Place du capitole – BP 999 – 31040 Toulouse cedex
– par email en remplissant un formulaire sur le site de la ville : www.toulouse.fr/contact.php?id_rubrique=-1


LE MANIFESTE CONTRE LA STATUE est en ligne sur 20 Minutes:
http://memoiredelesclavage.20minutes-blogs.fr/


Lien vers le texte : www.facebook.com/editevent.php?guests&eid=96297976809#/group.php?gid=70652576428&ref=mf


Pour faire un lien vers cette pétition, cliquez-ici

Source : http://www.mesopinions.com/Contre-la-statue-d-une-femme-noire-nue-pour-symboliser-400-ans-de-Crime-contre-l-Humanite-a-Toulouse-petition-petitions-78ea4f018c4b2e38f26e0a433d99a299.html

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Dieudonné Gnammankou, historien, Université Paris IV- Sorbonne
Véronique Hélénon, historienne, Florida International University
Allison Blakely, historien, Boston University et Harvard University
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