Murmures

Les musiques du monde craignent les politiques des visas en Angleterre
juin 2010 | Faits de société | Interculturel/Migrations | Royaume-Uni
Source : Zone Franche le 04/06/2010

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Daara J Family n’a pas pu franchir la frontière anglaise pour son concert au Jazz Cafe de Londres
Des formulaires intimidants, les passeports biométriques, la paranoïa de l’immigration clandestine : Robin Denselow(reporter au service africain de la BBC) nous explique pourquoi les nouvelles règlementations concernant les visas pourraient bien exclure la Grande-Bretagne des tournées des musiques du monde.

C’était censé être un court voyage pour relancer la carrière de l’un des groupes de hip-hop les plus brillants d’Afrique. Daara J, Sénégalais, était en tête d’affiche au Womad, il a été récompensé par un BBC World Music award et s’est produit aux côtés de Wyclef Jean. Devenu un duo et rebaptisé Daara J Family, avec un nouvel album à promouvoir, le groupe était programmé pour jouer au Jazz Cafe de Londres mardi 22 juin, avant de participer au magazine Midweek sur Radio 4 le lendemain matin.
Au lieu de cela, N’Dongo D et Faada Freddy se sont retrouvés à Paris, dans l’impossibilité de monter à bord de l’Eurostar pour Londres, car les agents douaniers du Royaume-Uni ne les ont pas autorisés à entrer dans le pays. Ils avaient un visa pour entrer en Europe, mais pas pour traverser la Manche. Ce n’était pas faute d’avoir fait des efforts : leur tentative d’entrer au Royaume-Uni avait nécessité un voyage depuis Dakar, la ville où ils vivent, jusqu’à Banjul en Gambie, où ils ont attendu trois jours à l’ambassade britannique avant de voir leur demande de visa rejetée.

Faada Freddy se sent désorienté et contrarié. « Au Sénégal, on nous avait dit qu’il n’y avait personne pour nous recevoir, nous avons donc dû aller jusqu’en Gambie afin d’obtenir des visas pour le Royaume-Uni. Là-bas, on nous a dit que les gens qui organisaient notre concert à Londres devaient avoir 960 euros pour nous sur leur compte. Je leur ai donc demandé s’ils pouvaient appeler le Jazz Cafe pour vérifier, mais ils ont refusé. C’est insensé« , raconte-t-il.
Au Royaume-Uni, leur maison de disques est furieuse. « Ils rendent les choses aussi difficiles que possible pour les Africains noirs« , se plaint Ian Ashbridge, de Wrasse Records. « Et maintenant, la carrière britannique de Daara J part en lambeaux, et leur album lancé ici est jeté aux oubliettes. »

Il n’est pas le seul à se plaindre des problèmes d’obtention de visas que rencontrent les musiciens étrangers. Jah Wobble déclare n’avoir pas fait de concert depuis près de deux ans tellement il est furieux contre la façon dont ont été traités les artistes chinois de son projet Chinese Dub, l’un des spectacles en tête d’affiche lors du festival Womad en 2008…

Lire la fin de l’article de Robin Denselow paru sur guardian.co.uk le 27 mai 2010, traduit de l’anglais par Emmanuelle Boulanger sur le site de Zone France : http://www.zonefranche.com/details-actus-pros.php?id_news=1165
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