Murmures

Morosité pour le Fespaco
juin 2010 | Divers | Cinéma/TV | Burkina Faso
Source : entretien de M.Ouédraogo avec O. Barlet et Jeune Afrique

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Quarante et un ans (et 21 éditions) après sa création, le Fespaco est en survie financière
La survie, c’est ce que déplore Michel Ouédraogo, le délégué général du Fespaco depuis 2008 : « La programmation de la dernière édition [en 2009, NDLR]a été de grande qualité. Mais la moisson sera moins bonne en 2011. Je peux me tromper, mais quand je vois les scénarios qu’on m’envoie, je m’inquiète.« 
Selon lui, le cinéma du continent stagne faute de moyens financiers. « Le problème n’est pas humain. Il y a vraiment de la qualité chez les jeunes générations. Mais il n’y a pas d’argent. » Ouédraogo se désole de voir les financements s’amenuiser et les salles de cinéma disparaître « parce que les films étrangers que l’on propose n’ont rien à voir avec le quotidien des Africains« . Surtout, il redoute que la déliquescence du cinéma continental ne se répercute sur le Fespaco. « Nos difficultés sont à l’image de celle du cinéma africain« , reconnaît-il.

Victime de son succès – « en 1969, nous proposions 13 films, aujourd’hui, nous en sélectionnons 124 et nous enregistrons près de 13000 badges et 1 million de spectateurs » -, le festival, qui compte 40 salariés, n’arrive plus à se financer.

Ouédraogo était relativement optimiste lors de sa prise de fonction en 2008. Dans un interview avec B. Niang il reste prudent quant au budget » Ce qui est sûr, c’est qu’il est difficile au FESPACO de boucler son budget à 100% sur les différentes éditions.« . Il semblait cependant totalement confiant quant à la stabilité financière et au soutient institutionnel du FESPACO, il deux ans.

La situation c’est donc profondément dégradée ces deux dernières années. Les principaux facteurs en cause : la « lassitude » des bailleurs, «  qui ne voient plus l’intérêt de financer la culture comme avant « , et la multiplication des événements culturels en Afrique.
Selon Ouédraogo, le soutien de l’État burkinabè est passé de 165 millions de F CFA (250 000 euros) en 1995 à plus de 500 millions de F CFA en 2009, quand la contribution des autres partenaires financiers chutait de 700 millions à 275 millions de F CFA – pour un budget total de 2,5 millions d’euros. Aujourd’hui, ce n’est plus tenable. « L’État a d’autres priorités. Nous devons trouver d’autres sources de financement ». Pour cela, le délégué général compte plus que jamais communiquer afin de « mobiliser l’ensemble des acteurs » car « Nous suscitons toujours l’intérêt. À chaque festival, les salles sont pleines« .

Extraits de l’article de Rémi Carayol de Jeune Afrique du 22/06/2010 : http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2579p081.xml0/cinema-festival-de-cannes-festival-cafsombre-avenir-pour-le-fespaco.html

Extraits de l’interview de Bassirou Niang avec M.Ouédraogo du 2008-11-12 : (article n° 8160 d’Africine.org). Voir également l’interview d‘Olivier Barlet avec M.Ouédraogo (article n° 8462 d’Africultures.com)
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