Murmures

Exposition Collective « Haïti Royaume de ce monde »
mars 2011 | Projets culturels | Arts plastiques | France

Français

Coproduite par le Fonds de dotation agnès b. et l’Institut Français

La terre matrice des pays antillais, Haïti.

Edouard Glissant


Commissariat de l’exposition : Giscard Bouchotte
Du 7 avril – 20 mai 2011 – Espace agnès b


La terre matrice des pays antillais, Haïti
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Edouard Glissant


Coproduite par le Fonds de dotation agnès b. et l’Institut Français, cette exposition collective est née de la nécessité de dresser un état des lieux de la création contemporaine en Haïti, de donner à voir les travaux des artistes qui, au quotidien, questionnent le chaos. Ils sont plasticiens, photographes, sculpteurs, peintres, performeurs, vidéastes, ils sont les acteurs essentiels de leur époque. L’exposition Haïti Royaume de ce Monde est pensée comme un laboratoire dont ils sont les dépositaires.
Elle présente principalement des œuvres récentes ou inédites, commandes faites aux artistes spécifiquement pour l’exposition, témoignant ainsi de leur vitalité créatrice, et, dans le même temps, nous interrogeant sur la difficulté pour ces artistes et leurs œuvres, de circuler, d’échanger avec la Caraïbe et le reste du monde.

Haïti Royaume de ce Monde veut aller au cœur du drame, pour mettre en cause l’idée du caractère fatal du malheur et proposer un autre visage d’Haïti à travers le regard de ses créateurs. Le titre de l’exposition, inspiré du roman d’Alejo Carpentier, est une manière de revenir sur des mythes fondateurs liés à Haïti et, sans en faire son éloge, de sublimer le chaos haïtien et ses possibles.
Le « real maravilloso » (réel merveilleux) d’Alejo Carpentier a depuis longtemps fait place au « chaos merveilleux ». Frankétienne, avec ses ovnis littéraires et picturaux crée un univers apocalyptique depuis une quarantaine d’année. Mario Benjamin, lui, habite le temps et apprivoise l’espace. Maxence Denis, à travers ses sculptures-vidéos, poursuit sa réflexion sur la déferlante d’images propre à notre époque. Mais comment continuer à créer après une telle catastrophe et tous les drames du quotidien qui s’y ajoutent ? On aime à rappeler la « résilience«  du peuple haïtien, mais si Haïti veut bien se prendre pour le Phénix qui renaît de ses cendres, elle doit compter avec le temps. Trop long hélas. Un an après le séisme, ce n’est que via des initiatives privées qu’elle commence à envisager l’avenir. Seuls l’imaginaire et la créativité, pour l’instant, permettent aux haïtiens de se dépasser et de se reconstruire petit à petit.

Avant le séisme, Haïti n’était pas intégrée aux circuits officiels de l’art contemporain, aujourd’hui c’est encore plus complexe. Occupé par l’urgence humanitaire, la dévastation trahit paradoxalement toute tentative de rapports « professionnels ». Cette exposition dépasse cette approche et mise sur ce royaume de la création comme la plus belle des cartes de visite du pays. En présentant au monde ses créateurs, Haïti espère transformer la charité qu’on lui propose en échange.

Malgré le grand écart entre les discours qui jurent qu’Haïti ne s’en sortira que par sa culture, et la réalité du budget qui lui est allouée, Haïti concentre une grande part des artistes et artisans de cette « nouvelle région du monde » qu’est la Caraïbe. Une friche qui a inspiré des ambassadeurs et penseurs illustres, tels Graham Greene, Aimé Césaire, Maryse Condé, Edouard Glissant. Bienvenue dans une Haïti debout. Une Haïti où la vie reprend ses droits.

Cette exposition bénéficie du soutien de l’Ambassade de France et de l’Institut français en Haïti, la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL), la Ville de Paris (dans le cadre de la Convention Institut français/ Ville de Paris) et l’Ambassade d’Haïti en France.
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