Murmures

« Mon souci est de faire en sorte que les lecteurs prennent conscience de ce qui se passe autour d’eux »
juin 2012 | Projets culturels | BD | Côte d’Ivoire
Source : Internet

Français

Entretien de Christophe Cassiau-Haurie avec Gilbert Groud.
Comment avez-vous commencé dans le dessin ?

Quand j’étais collégien, je dessinais pour me faire un peu d’argent en attendant la bourse qu’on recevait chaque trimestre. Un jour, pendant que j’étais en classe de 5ème un de mes professeurs m’a annoncé un concours international de dessin scolaire organisé par les Pays-Bas, ayant pour thème l’environnement, la protection des animaux et de la forêt. L’emblème de la Côte d’Ivoire étant l’éléphant et cet animal étant en voie de disparition, j’ai choisi de dénoncer les braconniers sous la forme d’une BD pour mieux faire passer mon message. J’ai obtenu le premier prix. Des années plus tard, à l’école des Beaux-arts d’Abidjan, où j’ai étudié de 1979 à 1986, j’ai aidé une de mes professeurs, une expatriée, à débarrasser sa chambre qui était encombrée. Là j’ai trouvé des Humanoïdes Associés, une revue BD avec Moebius, Gigé, Druillet qu’elle m’a offert. Cela a constitué une révolution pour moi. C’est la raison pour laquelle lorsqu’en 5ème année j’ai dû présenter mon diplôme, j’ai choisi la BD comme support de communication. Mais, je précise, il n’y avait pas de section bande dessinée, ma formation était une formation de graphisme au département de communication. Je crois que c’est toujours le cas.

Avez-vous déjà publié dans votre pays d’origine ?

Non ! En Côte d’Ivoire, des années 70 jusqu’à aujourd’hui, plusieurs dessinateurs ont publié dans les journaux de la place mais principalement des caricatures. Ce style est très lu en particulier quand il passe dans les journaux. En album je ne crois pas que les auteurs s’en sortent. Pour ma part, j’ai essayé d’en faire pour quelques torchons mais j’ai vite arrêté parce que ce n’était pas mon style. Aucune revue ne publiait ne serait-ce que des planches. C’était un risque pour les éditeurs. Après avoir terminé mon premier album en 1983, j’ai couru toutes les maisons d’éditions mais en pure perte. C’est seulement en 2003 que celui-ci est sorti chez Albin Michel. Ce titre m’a ouvert la porte au second avant qu’Albin Michel ne décide d’arrêter la publication de BD. Le problème qui se pose aux dessinateurs ivoiriens, c’est le manque de lecteurs. Dans ce pays, nous n’avons pas une culture qui nous amène à lire. Et quand bien même nous l’aurions eue, qui pourrait s’acheter une BD ? A l’école primaire, les fournitures coûtaient tellement chers qu’un Mickey ou un Lucky Luke faisait le tour de toute la classe. C’était la mère d’un de nos amis qui lui achetait ces BD. Plus tard le cinéma et les films chinois nous ont détournés de la BD. Tout ça, pour dire qu’en Côte d’Ivoire on aime autre chose que lire des BD. Un journaliste littéraire, qui a publié un ou deux livres, m’a même dit un jour : « Qui va laisser son sac de riz pour aller payer une BD à 21 € ? »

[…]

Lire l’intégralité de l’entretien publié sur le portail « Afriques et Littératures » (en lien).
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