Murmures
L’Europe et la circulation des Artistes
juin 2002 |
Français
lettre de Zone Franche au Conseil Européen de Séville
Dans la mesure où la prochaine réunion du Conseil Européen, les 21 et 22 Juin à Séville aura pour thème central l’immigration, Zone Franche, le réseau des musiques du monde, souhaite attirer votre attention sur le problème de la circulation, en Europe, des artistes ressortissants des pays tiers.
Tout le monde s’accorde pour considérer la liberté comme une composante fondamentale de la création artistique. Liberté de l’esprit qui permet aux artistes d’imaginer, de témoigner, de créer véritablement, mais aussi liberté de mouvement des artistes tout autant nécessaire à l’œuvre de création.
La mondialisation des échanges et de l’économie, décriée parfois pour ses excès, a sur le plan culturel, le mérite de favoriser la circulation des idées, les échanges entre les cultures, les rapports entre les hommes. Pourtant, elle s’accompagne d’un fameux paradoxe. Alors que les produits culturels circulent désormais sans entraves, les artistes créateurs de ces produits ne peuvent franchir les frontières que sous conditions.
Alors que le Conseil de l’Union européenne se propose de réfléchir sur la question de l’entrée de ressortissants de pays tiers sur le territoire défini par les accords de Schengen, nous voudrions attirer votre attention sur les difficultés rencontrées par les artistes originaires de ces pays, au moment de leur passage des frontières. La méconnaissance par les administrations des métiers d’artistes entraîne des incohérences et des inégalités de traitement. Celles-ci sont d’autant plus choquantes dans le cas d’artistes provenant de pays considérés comme présentant des » risques migratoires « . Le fait que ceux-ci soient » invités » par une structure ou une entreprise culturelle ayant pignon sur rue ne facilite pas forcément leur accueil en France, y compris quand ces sociétés sont subventionnées par les États.
Le projet de durcissement de la politique européenne en matière d’immigration ne laisse pas, pour l’instant entrevoir d’amélioration. Comment peut-on tenter de réduire le fossé qui sépare les peuples des pays pauvres et ceux des pays riches, ou encore, mettre en oeuvre des programmes de coopération visant à favoriser le développement harmonieux de la planète, si, dans le même temps on ne permet pas aux artistes porteurs d’une culture de venir en témoigner dans un autre pays ?
Nous vous demandons d’accorder une attention particulière à ces questions. Les restrictions qui entravent la liberté de circulation des artistes ont des effets négatifs, du point de vue culturel et sur le plan économique. De plus, elles affectent l’image de l’Europe dans le monde.
Même si la montée des populismes en Europe est inquiétante, une majorité de citoyens reste attachée à l’image d’une Europe ouverte et forte. Celle-ci doit favoriser les échanges non seulement entre les pays membres de l’union, mais aussi avec les pays tiers. L’Europe doit renforcer le soutien apporté à la diversité face aux dangers d’une standardisation des produits culturels.
Paris, le 17 Juin 2002.
Bertrand de LAPORTE, Président
Philippe GOUTTES, Directeur
Tout le monde s’accorde pour considérer la liberté comme une composante fondamentale de la création artistique. Liberté de l’esprit qui permet aux artistes d’imaginer, de témoigner, de créer véritablement, mais aussi liberté de mouvement des artistes tout autant nécessaire à l’œuvre de création.
La mondialisation des échanges et de l’économie, décriée parfois pour ses excès, a sur le plan culturel, le mérite de favoriser la circulation des idées, les échanges entre les cultures, les rapports entre les hommes. Pourtant, elle s’accompagne d’un fameux paradoxe. Alors que les produits culturels circulent désormais sans entraves, les artistes créateurs de ces produits ne peuvent franchir les frontières que sous conditions.
Alors que le Conseil de l’Union européenne se propose de réfléchir sur la question de l’entrée de ressortissants de pays tiers sur le territoire défini par les accords de Schengen, nous voudrions attirer votre attention sur les difficultés rencontrées par les artistes originaires de ces pays, au moment de leur passage des frontières. La méconnaissance par les administrations des métiers d’artistes entraîne des incohérences et des inégalités de traitement. Celles-ci sont d’autant plus choquantes dans le cas d’artistes provenant de pays considérés comme présentant des » risques migratoires « . Le fait que ceux-ci soient » invités » par une structure ou une entreprise culturelle ayant pignon sur rue ne facilite pas forcément leur accueil en France, y compris quand ces sociétés sont subventionnées par les États.
Le projet de durcissement de la politique européenne en matière d’immigration ne laisse pas, pour l’instant entrevoir d’amélioration. Comment peut-on tenter de réduire le fossé qui sépare les peuples des pays pauvres et ceux des pays riches, ou encore, mettre en oeuvre des programmes de coopération visant à favoriser le développement harmonieux de la planète, si, dans le même temps on ne permet pas aux artistes porteurs d’une culture de venir en témoigner dans un autre pays ?
Nous vous demandons d’accorder une attention particulière à ces questions. Les restrictions qui entravent la liberté de circulation des artistes ont des effets négatifs, du point de vue culturel et sur le plan économique. De plus, elles affectent l’image de l’Europe dans le monde.
Même si la montée des populismes en Europe est inquiétante, une majorité de citoyens reste attachée à l’image d’une Europe ouverte et forte. Celle-ci doit favoriser les échanges non seulement entre les pays membres de l’union, mais aussi avec les pays tiers. L’Europe doit renforcer le soutien apporté à la diversité face aux dangers d’une standardisation des produits culturels.
Paris, le 17 Juin 2002.
Bertrand de LAPORTE, Président
Philippe GOUTTES, Directeur
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