Murmures

Liberia : Les autorités refusent de présenter le « corps en vie » d’un journaliste.
août 2002 | | Média
Source : Reporters sans frontières

Français

Hassan Bility, rédacteur en chef de l’hebdomadaire privé The Analyst,
est porté disparu depuis le 1er juillet 2002. Accusé de collaboration
avec les rebelles du Liberians United for Reconciliation and
Democracy (LURD), il a été arrêté le 24 juin, avec deux autres
personnes non identifiées, par des agents de la sécurité. Le
gouvernement a refusé, le 30 juillet, de se soumettre à l’injonction
de la cour martiale suprême de présenter les « corps en vie » des trois
hommes.

Extrêmement inquiète, Reporters sans frontières dénonce les blocages
des autorités qui ont déclaré « nul et non avenu » l’ordre du tribunal
militaire. « Comment ne pas croire à un prétexte ! », s’est exclamé
Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation dans une lettre
au président, Charles Taylor.  » Nous vous demandons, pour prouver
votre bonne foi, d’autoriser un membre de la Croix-Rouge à voir le
journaliste pour s’assurer qu’il n’a été ni battu ni brutalisé ».
L’organisation craint que
M. Bility, connu pour son ton très critique envers le président
Charles Taylor, n’ait été torturé à mort.

Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, la
cour martiale suprême du Libéria avait ordonné au gouvernement, le
25 juillet, en vertu de l’habeas corpus, de présenter devant elle, le
7 août, les « corps en vie » de Hassan Bility et des deux autres
détenus. Or, le ministère de la Défense a déclaré qu’il ne se
soumettrait pas à cet ordre puisqu’il « était nul et non avenu », la
cour martiale n’ayant pas, selon lui, été mandatée par l’autorité
compétente pour se prononcer. L’un des juges de la cour martiale doit
d’ailleurs comparaître devant le ministère de la Défense pour
répondre « d’actes incompatibles avec son statut ».

Déjà, les 1er et 2 juillet, les autorités avaient été incapables de
présenter les trois hommes devant un tribunal de Monrovia, saisi par
le Centre national des droits de l’homme au Liberia (NHRC), un
regroupement d’organisations locales. Le 2 juillet, le ministère
public avait déclaré que les accusés n’étaient plus détenus par le
gouvernement.

Préoccupée par la situation, Reporters sans frontières avait saisi, le
3 juillet, le Président du groupe de travail sur les disparitions
forcées ou involontaires des Nations unies, M. Diego Garcia Sayan.

Le 28 juin, l’organisation avait demandé au ministre libérien de
l’Information, Reginald Goodridge, de fournir rapidement des preuves
des accusations contre le journaliste, ou bien de le libérer. A ce
jour, l’organisation n’a reçu aucune réponse des autorités.

Le ministre libérien de l’Information, Reginald Goodridge, avait
déclaré, peu après son arrestation le 24 juin, que Hassan Bility
était détenu dans les locaux de l’Agence de la sécurité nationale
(NSA) à Monrovia. Selon le ministre, il est une « figure centrale
parmi ceux qui dirigent des cellules à Monrovia en collaboration avec
les terroristes du LURD et leurs supporters aux Etats-Unis », dans le
but d’assassiner le président Taylor. Les autorités avaient annoncé
qu’elles avaient collecté plusieurs courriers électroniques envoyés
ou reçus par le journaliste et qui prouveraient ses liens avec les
rebelles. Le porte-parole du LURD, à l’étranger, a déclaré que le
journaliste n’était « ni un membre du mouvement, ni même un
sympathisant ». Selon lui, Hassan Bility était également très critique
envers le LURD.

English

Reporters Without Borders today condemned the Liberian government’s
refusal to comply with an order from the country’s highest military
court to produce « the living bodies » of journalist Hassan Bility and
two other unidentified men who were arrested with him by security
officials on 24 June. The Minister of Defense has rejected the
military court’s order, issued on 25 July, as null and void, stating
that the court had not been authorized by any competent authority to
intervene in the case.

« How are we not to take this as a pretext, » Reporters Without Borders
secretary-general Robert Ménard said in a letter to Liberian President
Charles Taylor. « We ask you to prove your good faith by authorizing a
member of the Red Cross to see the journalist in order to establish
that he has not been beaten or roughed up. »

Editor of the Analyst news weekly, Bility is known for being very
critical of President Taylor. He has been reported missing since 2
July, and Reporters Without Borders fears that he may have been
tortured to death. He has been accused of collaborating with the
rebels of the Liberians United for Reconciliation and Democracy
(LURD).

The military court had ordered that « the living bodies » of the three
men be produced by 7 August in response to habeas corpus writ. Now,
one of the court’s judges has been summoned to appear before the
Minister of Defence to explain « actions incompatible with his status ».

Previously, on 1 and 2 July, the authorities failed to bring Bility and the
two others before a civilian court in Monrovia in response to the writ
served by the National Human Rights Centre of Liberia, a grouping of
local human rights organisations. On 2 July, the public prosecutor’s
office said the suspects were no longer being held by the government.

Concerned about this situation, Reporters Without Borders had alerted
the chairperson of the United Nations Working Group on Enforced or
Involuntary Disappearances, Diego Garcia Sayan, on 3 July.
Previously, on 28 June, the organisation asked Liberian Information
Minister Reginald Goodridge to quickly provide proof of the
accusations against the journalist, or to release him. Until now, the
organisation has received no response from the authorities.

Shortly after Bility’s arrest on 24 June, the Information Minister
had said he was being held at the National Security Agency in
Monrovia. He said Bility was « the central figure » among those running
cells in Monrovia in collaboration with LURD terrorists and their
supporters in the United States with the aim of assassinating
President Taylor.

The authorities had said they had obtained several e-mail messages
sent or received by Bility which proved his links with the rebels.
LURD’s
spokesperson abroad said Bility was neither a LURD member nor a
sympathizer and that, on the contrary, Bility had been very critical
of the LURD.
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