Murmures

(Paris : xy) encore en salles
septembre 2002 | | Cinéma/TV

Français

Sorti en fin d’été, le dernier film de Zeka Laplaine (qui vient de tourner « Le Jardin de Papa » au Sénégal) continue de sortir dans différentes salles de banlieue et de Province.
SYNOPSIS

Max se réveille un matin et découvre que sa femme Hélène l’a quitté pendant son sommeil, sans mot dire, emmenant avec elle leurs deux enfants.
Il ne comprend pas. Les nuits s’étirent, ses démons s’en mêlent, il choisit de les affronter et de s’ancrer dans la réalité. Il sonde ses sentiments, revisite de fond en comble l’artifice de sa vie.
Max finit par redécouvrir son amour pour Hélène et décide de la reconquérir. Mais n’est-il pas déjà trop tard…

Le faux combat
Lorsque j’ai commencé à montrer ce film, les « spécialistes du cinéma africain » (aussi bien du Nord que du Sud!) se sont empressés de le qualifier: « c’est pas un film africain ». Cela aurait pu me faire plaisir. J’aurais pu me dire je sors enfin d’un ghetto. Ma réaction était pourtant inverse. Parce qu’il y a sous jacent cette remarque, l’idée que « c’est pas un auteur africain ». Cette remarque et l’idée réductrice qu’elle véhicule, provoquent en moi un énorme sentiment d’injustice. Parce qu’elle s’oppose au statut que je revendique et fait de moi un usurpateur. Parce qu’elle cherche à me déplacer vers un no man’s land, à faire de moi un sans papiers. Soit.
Mais personne ne m’explique pourquoi un film écrit, réalisé et produit par un africain, racontant l’histoire d’un africain et de sa femme, n’est pas un film africain. Parce que la femme en question est blanche? Parce que ça se passe à Paris? Ou encore parce qu’il existe un traitement propre au cinéma africain? Quelqu’un m’a avoué qu’il manquait d’exotisme… L’auteur africain doit-il donc rester chez lui, raconter ce qu’il s’y passe exclusivement et n’utiliser que les formes de narration répertoriées à ce jour dans les cinémas d’Afrique? On pourrait manifester, parce que nous sommes curieusement de plus en plus d’auteurs africains, d’ici ou de là-bas, à ne pas faire des films africains… Comme ils le disent.
Faut-il encore se battre là-dessus… Je ne pense pas. Cela ne reviendrait-il pas à se poser la question suivante: pouvons-nous exister ailleurs tout en restant africains, et avons-nous ce droit?
Faux débat et faux combat. Ce serait remettre en question une partie de notre propre histoire et de notre essence. Celle qui pousse l’homme, éternel voyageur, à traverser les frontières.

Au delà d’une histoire d’amour, c’est aussi de cette existence de l’ailleurs que je veux rendre compte dans Paris:xy. Cette existence qui est le fond de commerce de certains partis politiques et qui fait peur à six millions d’électeurs en France.

Zeka Laplaine

On trouvera sur le site la revue de presse ainsi que les salles qui sortent le film :
http://www.sector.fr/weba/SortiesSalles.htm
Partager :