Muthoni Ndonga : « Montrer ce qu’est Nairobi aujourdhui »

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Muthoni Ndonga, mieux connue sous le nom Muthoni Drummer Queen, est rappeuse, percussionniste et à la tête d’organisation de plusieurs festivals, dont Africa Nouveau qui ouvre sa seconde édition vendredi 2 février à Nairobi. Sous la thématique « Afro-Bubblegum », cette édition réunit non seulement des musiciens mais consacre également une grande part de sa programmation à l’articulation entre musique, mode, et arts visuels. Africultures a interviewé Muthoni the Drummer Queen en amont du festival et alors que l’artiste est sur le point de sortir son troisième album, She

Vous lancez, dans quelques jours, la deuxième édition du festival AFRICA NOUVEAU. Quelle est sa ligne directrice ?

Africa nouveau a été lancé en 2015. Nous produisons des festivals depuis 2008. La plupart du temps ce sont des festivals principalement de musique. Après avoir fait cela pendant longtemps, nous voulions un festival qui couvre un plus large spectre en termes de créations : cinéma, mode, art, musique etc.  

Nous voulions montrer ce qu’est le nouveau discours africain ; un discours audacieux, funky, et qui regarde vers l’avant. Lorsque vous êtes en présence de ce discours, vous vous rendez compte qu’il pousse les limites de votre imagination.  C’est pourquoi nous l’avons appelé “nouveau” dans le sens de nouvelles idées, d’une nouvelle présentation des idées, une nouvelle expérience vis à vis de nouvelles idées. 

Vous avez choisi trois mots pour le définir : « fun, fierce and fantastical ». Pourquoi ? 

Ces trois termes résument la philosophie qui guide le festival. Cela prend sa source dans une idée plus large, appelée “Afro-Bubblegum”. Pour nous la création africaine est faite pour transmettre de la joie, elle est fun, elle est fantastique, elle peut ré-imaginer les choses et elle peut être violente dans sa forme. Surtout elle ne s’excuse pas d’être ce qu’elle est. Nous sommes capable de puiser dans nos cultures et de les réinterpréter, de les imaginer autrement pour construire le futur.  Nous soutenons, dans cette idée là, le mouvement “Afro-Bubblegum”. Et nous essayons de rendre visibles les différentes manifestations de ce mouvement dans la réalité.

Le festival mêle notamment les disciplines de la mode et de la musique. Pourquoi ?

La mode et la musique ont toujours été liées. De fait les artistes ont toujours créé des tenues, notamment pour la scène. Quand tu montes sur scène, tu réfléchis à la manière de t’habiller. Et surtout, depuis la création d’Africa Nouveau, en 2015, nous avons observé la scène artistique à Nairobi. Et nous avons vu la nouvelle génération, les jeunes de 18-20 ans, investir le domaine de la mode, inventer des modes. Ils revendiquent et créent des marques très intéressantes qui ont prétention à devenir des marques mondiales. Nous voulons les soutenir et leur offrir une plateforme, faire autant de bruit que possible au sujet de ces créations qui viennent de Nairobi. Et la musique parvient à saisir l’identité africaine, cela va sans dire. Nous sommes heureux d’avoir ces deux pans La mode est une part très très importante du festival. Et ce qui nous anime beaucoup c’est de pouvoir produire un magazine de mode, “un look book”. Et ce magazine va véritablement capter et montrer ce qu’est Nairobi aujourd’hui, à quoi ressemble Nairobi à travers la mode, qui sont les créateurs-trices, et ce qu’ils-elles font, à partir de quelles matières. Pour cela, dans le festival, nous collaborons avec beaucoup de photographes, de réalisateurs/ cameramans, de stylistes. Et ce, pour construire un bel environnement dans lequel les gens vont pouvoir venir acheter des vêtements de créateur et dans lequel on va pouvoir faire des photos. Pour nous, c’est un pan important.

Nous pensons qu’Africa Nouveau est un agrégateurNous prenons tout ensemble au même endroit pour présenter à une communauté plus large, une communauté non-artistique, pour leur expliquer ce qui se passe dans la communauté artistique. Nous sommes un pont. Et grâce à la combinaison de la musique, de la mode, des installations artistiques, sans laisser personne isolé nous construisons ces ponts. Nous voulons que l’Afrique soit imaginée, repensée par les créateurs africains. Qu’il n’y ait plus de frontières …

 

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