My Brother’s Wedding

De Charles Burnett

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My Brother’s Wedding est le premier long-métrage de Charles Burnett, 6 ans après sa sortie de l’école de cinéma de UCLA et le succès d’estime exceptionnel de son projet de fin d’études, Killer of Sheep (1977). En couleur cette fois, on retrouve les thèmes de la pauvreté, de la famille, de la vie de quartier.Un homme qui écrase des cannettes de soda pour récupérer la consigne, un client fidèle de la blanchisserie qui change constamment de nom et ne récupère ses habits qu’une fois renfloué, des amis qui écrivent pour demander de l’argent, des grands-parents qui ne peuvent pas se payer une infirmière à domicile, c’est le monde dans lequel vit Pierce, fatigué de faire ce que lui dit sa mère, jaloux de la réussite de son frère et de l’intérieur bourgeois de sa future belle-sœur.
Comme toujours dans les films de Charles Burnett, aucun personnage n’est irréprochable. Pierce est fidèle à son ami d’enfance, Soldier, refusant de condamner ses accès de violence. Il rend service, mais c’est toujours à contrecœur. Il est odieux avec sa future belle famille. Il se complaît dans la pauvreté, persuadé que les riches sont des escrocs. Inversement, sa mère cherche constamment à le culpabiliser, ses grands-parents sont moralisateurs, son frère est condescendant. Chacun travaille dur, sans toujours avoir la générosité de comprendre son prochain ou la lucidité de se comprendre soi-même.
Charles Burnett parvient à faire un portrait respectueux de la classe ouvrière sans tomber dans le pathétique, sans condamner la bourgeoisie. Les scènes de conflits familiaux sont paradoxalement susceptibles de réconcilier une communauté noire fort divisée alors qu’une minorité grandissante se détache pour rejoindre la classe moyenne, laissant derrière elle toujours plus de chômage et de violence. Les quartiers laissés à l’abandon sont filmés avec tendresse, sans embellissement.
La force des films de Burnett, c’est aussi que le politique n’occulte jamais le personnel. La précarité, la criminalité, les conflits de classes ne sont que le contexte de questions que chacun pourrait avoir à résoudre : que faire quand l’enterrement du meilleur ami de Pierce tombe le même jour que le mariage de son frère ? Comment choisir entre sa famille biologique et sa famille de cœur ? Voilà de vraies questions universelles ancrées dans un contexte spécifique poignant.

Lire également la critique de Killer of Sheep [ ici ],
ainsi que l’entretien avec Charles Burnett [ ici ].
Les deux films sont en dvd, aux éditions du Paradoxe, Killer of Sheep déjà disponible [ ici ] et My Brother’s Wedding à venir.///Article N° : 8104

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