Négro

Téléfilm de Karim Akadiri Soumaïla

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Ils sont d’origine malienne, l’un en foyer d’éducation surveillée, l’autre placé dans une famille d’agriculteurs. La DASS les a séparé de leur mère. Harry apprend son décès alors que sa famille d’accueil l’a caché à Souleyman. Harry vient chercher Souleyman pour partir ensemble au Mali, voir le reste de « la famille ». Leur fugue les conduit dans une banlieue, en compagnie de Franck, un ado d’origine antillaise. L’engrenage de la délinquance les conduira au drame.
Karim Akadiri Soumaïla, jeune réalisateur français d’origines antillaise et nigérienne, dont c’est la première fiction, ne voulait pas faire un film de plus sur les banlieues. Venu du documentaire et optant pour un néo-réalisme moderne, il s’est appuyé sur des chroniques autobiographiques. C’est bien ce qui intéresse dans « Négro » : ce souci d’être proche du réel. C’est aussi ce qui gêne : ça se sent un peu beaucoup. Le côté reportage du film l’empêche d’installer la fiction, le romanesque qui aurait empêché cette histoire d’être trop exemplaire, trop prévisible.
Mais « Negro » est une honnête tentative et il faut le voir pour cela : comment ces jeunes reproduisent le clan des parents, adoptent langage et attitudes de leur groupe, s’affirment « négro », marqués par la culture hip-hop. Malgré quelques ellipses un peu rapides pour Souleyman, la peinture de ces jeunes en manque d’amour familial et qui ne savent à quoi se rattacher est sincère et convaincante. Le souci, à côté d’actrices professionnelles comme l’excellente Aïssa Maïga, de faire jouer des non-professionnels (parmi lesquels on reconnaît Max Edouard Balthazard, le héros de « Djib » de Jean Odoutan, dans le rôle de Franck) donne au film cette dose de failles et d’incertitudes qui restaure la vie.
C’est donc une sauce un peu bizarre, une mayonnaise intéressante qui ne prend pas vraiment mais qui vaut le coup pour le sandwich du soir.

1 h 28, 2000, avec Pascal Gomis, Moussa Koma, Max Edouard Balthazard, Aïssa Maïga. Coprod. Arte/7ème Apache films.///Article N° : 2453

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