Papa Wemba au zénith… du ridicule !

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La presse parisienne annonçait ce concert comme un événement historique : pour la première fois, nous disait-on, une vedette congolaise n’arrivera pas à 2h du matin, mais à 20h tapantes. Quoiqu’un peu incrédule, avec vingt ans d’expérience de cette musique que j’adore, je me pointe au Zénith à 20h pile.
Pas un chat à la porte, bien sûr, et à l’intérieur les travées clairsemées font pitié.
C’est pourtant le grand retour de Papa Wemba, tout frais libéré de prison.
Et voilà que commence l’habituelle, l’interminable, l’odieuse comédie.
Sur la scène, c’est vraiment n’importe quoi : des rappers en playback, un groupe de country-rock (d’où ils sortent ? mystère) et bien sûr des animateurs minables, sans humour ni imagination, bien moins bons que des camelots de supermarché, qui annoncent en s’époumonant, pendant deux heures, la superstar en retard.
Le public n’en peut plus, il baille, il braille, il vocifère.
Les gradins se sont un peu remplis, mais le Zénith restera à moitié plein, de lourds rideaux cachant pudiquement la moitié vide.
La superstar daigne enfin montrer le bout de son nez : il est 22h35.
Papa Wemba est venu accompagné de deux orchestres : ce cher bon vieux  » Viva La Musica  » et le nouveau  » Tendance La Musica  » dont les guitares flamboyantes, très villageoises, affirment vite leur supériorité : ça joue du feu de Dieu, et les choristes défilent, plus éblouissants les uns que les autres.
Chacun est un Papa Wemba potentiel. Un grand moment qui durera dix minutes.
Quant au vrai Papa Wemba, il changera trois fois de costume et chantera en tout, montre en main, quatorze minutes. Et encore, sans trop forcer sa voix.
En revanche on aura droit à ses prières et à une mauvaise imitation de  » preacher  » qui laisse le public de glace.
En prison, paraît-il, Papa Wemba a rencontré Jésus. Alleluïa !
Hélas Jésus ne lui a pas appris à avoir pitié du public, ni à le respecter.
A minuit pile, la superstar disparaît dans une chasuble immaculée, ployant sous les bouquets de fleurs, sans doute commandés par le producteur du concert que Papa s’efforce en vain de faire applaudir. D’ailleurs dans toute ma vie je n’ai jamais entendu aussi peu d’applaudissements dans un concert.
La salle se vide très vite, le public prend la fuite et je me précipite vers la sortie pour assister comme d’habitude au plus beau défilé de mode du monde.
Car un concert congolais à Paris, c’est aussi cela : Papa Wemba, prince des sapeurs, a fait des milliers d’émules. Hommes et femmes rivalisent d’élégance pour aller l’écouter. Écouter qui ? Écouter quoi ?
Quand on connaît le génie de ce chanteur et son ingéniosité musicale, on peut dire simplement que l’autre soir, Papa Wemba s’est foutu du monde. Il est vrai que ce mépris est une tendance à la mode parmi les stars d’Afrique centrale.

PS : J’oubliais de préciser que les billets étaient à 35 euros.
14 mn de Papa Wemba pour 35 euros, ça fait la minute de chant à 2 euros 50.
Qui a dit que les places sont chères à l’Opéra ?///Article N° : 3164

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