Pour parler des femmes d’Afrique, Tanella Boni a choisi la voie de l’intime et de la littérature. Point de grand discours ni de données statistiques dans ce petit ouvrage de 200 pages, mais une invitation à écouter la parole des femmes vendeuses au marché, étudiantes ou ministres – une parole du quotidien, de l’intime, du corps. Être femme en Afrique, c’est nourrir son homme et ses enfants, savoir se faire belle, être mère avant d’être une personne, mais c’est aussi développer mille stratagèmes pour résister, pour trouver sa place, pour s’imposer envers et contre tout. Boni parle d’ « insécurité féminine » pour décrire cette condition que vit la moitié de l’humanité sur le continent africain, constamment reléguée au second plan tout en se voyant attribuer la responsabilité du quotidien. Alternant courts témoignages littéraires ou recueillis, elle amorce une réflexion sur les rapports homme-femme, sur le rapport au corps et à la maternité, tout en rappelant constamment que rien n’est jamais noir ou blanc, que la domination peut être refusée mais aussi entretenue, que les maux dont souffrent les femmes d’Afrique sont parfois bien universels Une cinquantaine de pages d’extraits complètent le document. Une belle introduction pour faire connaissance avec l’autre moitié de l’Afrique.
