Fiche Personne
Théâtre Cinéma/TV Littérature / édition

Monique Ilboudo

Ecrivain/ne, Universitaire
Burkina Faso

Français

Maître-assistante à l’Université de Ouagadougou, titulaire d’un doctorat en droit privé obtenu à La Sorbonne, Monique ILBOUDO a débuté sa carrière en créant et animant de 1992 à 1995 la chronique « Féminin Pluriel » dans le quotidien burkinabé « L’Observateur Paalga ». En parallèle, elle a mis en place un Observatoire sur les conditions de vie des femmes au Burkina Faso, intitulée « Qui-vive ». Impliquée dans la vie politique de son pays, Monique ILBOUDO a tout d’abord été membre du Conseil Supérieur de l’Information de 1995 à 2000 avant d’occuper le poste de Secrétaire d’Etat chargée de la promotion des Droits de l’Homme. Elle est l’auteur de nombreux essais qui ont contribué à lever des tabous liés aux traditions de son pays et plus largement de l’Afrique.
En 1992, elle publie « Le Mal de Peau » (éd. Le Serpent à plumes), devenant ainsi la première
romancière du Burkina-Faso. Réédité en 2001, cet ouvrage a reçu le Grand Prix du meilleur roman burkinabé. En France, il est paru aux éditions du Rocher. Ce roman met en parallèle le destin peu commun de Sibila et de sa fille Cathy, née d’un viol. Ces deux femmes vont, chacune dans leur époque, se trouver confrontées au colonisateur blanc. À l’image de son peuple, Sibila sera violée par un commandant de bord. Née de ce viol, Cathy a du mal à vivre sa différence, et n’a qu’un rêve : retrouver son géniteur. À vingt ans, elle traverse la mer et vient étudier en France. Elle découvre Paris et sa banlieue, l’université et tombe amoureuse d’un jeune Blanc. Mais après la mère, le destin de la fille sera à son tour marqué par les forces sombres de la colonisation. À travers ses héroïnes, Monique ILBOUDO symbolise les relations conflictuelles entre Africains et Européens. La société africaine, les préjugés et le métissage sont autant de thèmes traités avec sensibilité.
En 2000, paraît « Murekatete », roman écrit dans le cadre du projet « Rwanda, écrire par devoir de mémoire ». Il est édité en 2001 aux éditions du Figuier. Murekatete, c’est le nom d’une femme. Ça veut dire : « laisse-la vivre ! ». Le récit de Monique ILBOUDO est l’histoire à la première personne, en peu de mots, de cette femme morte vivante, qui souffre du complexe du survivant. Pour comprendre et essayer de conjurer les cauchemars, Murekatete et son mari visitent les sanctuaires du génocide. Un geste désespéré qui ne fera que les précipiter plus vite vers leur ruine. La saisissante évocation du site de Murambi, construit pour accueillir la jeunesse en quête de savoir devenu charnier de près de 45 000 morts, décrit avec une grande sobriété, porte ce récit à son paroxysme. Le mérite de Monique Ilboudo est d’avoir su dépeindre, à travers le drame d’un jeune couple, celui de tout un peuple, avec une sobriété et une sensibilité qui donnent à ce roman sa force bouleversante.
Monique ILBOUDO a entamé aujourd’hui un nouveau roman dont elle souhaite achever la rédaction lors de sa résidence girondine. Femme de politique et de lettres, elle apparaît aujourd’hui comme une « voix » incontournable si l’on veut mieux comprendre l’histoire actuelle de la femme africaine.

Bibliographie :
« Le Mal de Peau », éd. Le Serpent à Plumes, 2001
« Murekatete », Le Figuier (Bamako, Mali) et Fest’Africa éditions (Lille), 2000.
« La Liberté matrimoniale et l’Infraction d’excision », in Revue Burkinabé de Droit, 1997-1999
« Féminin Pluriel, un an de chroniques sur les femmes », in Observateur Paalga, 1992-1995
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