Jaqee, « Kokoo girl »

Entretien de Romy Luhern avec Jaqee

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Véritable touche à tout, cette chanteuse ougandaise se balade depuis plusieurs années entre la soul, le R&B et le ska. Avec son dernier album « The Land of the free » produit par l’Allemand Teka déjà sorti en 2009 sous le nom de « Kookoo Girl », Jaqee nous offre un reggae coloré combiné à des beats pop endiablés. Entretien du Festival Nuits du Sud avec la pétillante Jaqee.

Vous avez passé votre enfance en Ouganda et beaucoup voyagé par la suite. À 13 ans vous arrivez en Suède, comment vous êtes vous adapté à la vie là-bas ?
C’est un long processus qui doit venir naturellement. J’ai décidé et accepté rapidement le fait que je devais faire mon possible pour devenir amie avec les gens de là-bas et qu’il fallait que je m’adapte à mon nouvel environnement. Cela m’a été bénéfique.
Quand avez-vous décidé de faire de la musique votre métier ?
Réellement depuis 2006.
Est-ce que l’écriture et le chant sont des moyens pour vous de vous extérioriser ? Représentent-ils une sorte d’exutoire ?
Absolument. J’ai toujours cru en la vie. J’ai toujours adoré écouter les artistes qui avaient des choses intéressantes et pertinentes à dire. Ils m’inspirent. Ma musique m’a permis d’ouvrir le débat et de représenter une sorte d’énergie, notamment comme une fille africaine venant des cités et vivant actuellement en Suisse. C’est beaucoup de problèmes et de conflits à partager avec le public.
D’où viennent vos influences musicales ?
J’en ai pris de partout. Pas d’endroits spécifiques. Je vis la vie comme elle vient et je m’efforce de rester ouverte et de m’inspirer de l’autre. Je n’ai pas de formules.
Vous êtes la preuve vivante du métissage culturel, ça doit sûrement influencer votre travail, non ?
Je crois que oui. C’est difficile de séparer tous les éléments qui m’ont influencé les uns des autres. Ils sont moi et moi je suis eux.
Vous avez découvert véritablement le reggae et les Sound-system à Londres et en Suède. Est-ce que la culture reggae est très répandue là-bas ?
J’avais déjà écouté ce genre de musique en rentrant de mon séjour à la radio en Ouganda, je pense donc que ça a été le début de mon amour pour cette musique. Mais la plupart de mes premières soirées et moments passés avec mes amis baignaient aussi dans une ambiance reggae.
Vous avez été approchée par le producteur et compositeur Teka du label Rootdown Records pour chanter sur les riddims de ce dernier dans un album multi-artistes. Ce qui vous a permis par la suite d’enregistrer en 2009 l’album « Kokoo girl » qui sonne résolument reggae. Comment s’est déroulée votre collaboration ?
Nous avons beaucoup passé de temps ensemble en studio. J’ai voyagé pendant une période à Cologne, et passé des longues nuits à composer des chansons avec lui. Nous avons beaucoup discuté sur le son que nous voulions donner à l’album et essayer de suivre nos instincts. Nous avions chacun confiance en nos influences et notre travail.
Vos chansons sont souvent très joyeuses et pleines d’énergies positives. Dans votre dernier album « the land of the free » édité par Makasound vous abordez des thèmes plus sérieux et engagés. Etait-ce une volonté de votre part ? Ou est-ce que vous diriez que c’est le reggae davantage présent dans cet opus que dans les précédents qui a permis de faire ressortir la roots girl qui est en vous ?
Les deux !!! J’ai utilisé le reggae pour canaliser et concentrer ce que j’ai voulu dire. Vous pouvez aborder des thèmes sérieux, mais il faut garder une énergie positive. C’est toute la difficulté… J’ai dû beaucoup travailler sur ça, mais j’étais claire sur le fait que je ne voulais pas déprimer les gens, mais au contraire leur transmettre du positif.
Avec vous on redécouvre le reggae. Vous lui ajoutez une touche pop originale. Vous aviez envie de fraîcheur ?
Ouais. C’est là qu’intervient Teka, il a joué un rôle important dans le son. C’est grâce à lui et je le remercie.
Votre dernier CD avait déjà été édité en 2009 sous le nom de « Kokoo girl ». Ce terme revient souvent dans vos chansons. Que signifie cette expression ? A-t-elle un sens profond pour vous ?La liberté d’exister, la liberté d’expression, en particulier pour les filles, qui la plupart du temps sont assujetties aux structures patriarcales et à la société mis en place.
Vous êtes compositrice aussi. Suivez-vous un tracé bien logique lorsque vous écrivez ou est-ce que les mélodies et les mots vous viennent petit à petit ?
C’est si différent à chaque fois… Par exemple, il m’a fallu 45 minutes pour écrire « Kokoo girl ». Pour écrire « Moonshine » il m’a fallu une journée entière et toute une nuit pour que j’arrive à formuler clairement ce que je pensais et ressentais. À 05 h du matin, j’avais fini.
En 2005 vous sortez un album soul/RNB Blaqalixious puis en suivent deux autres Nouvelles d’amour et A letter to Billie davantage bluesy rock puis maintenant vous sortez un album reggae. Est-ce une façon pour vous de vous rapprocher de vos racines africaines ?
Certainement. Je suis sur une recherche qui je l’espère, me ramènera là où tout a commencé.
Vous retournez de temps en temps en Ouganda ?
Oui. Il est très important que je ne perde pas contact avec le lieu où je suis née, et où se trouve mon enracinement. L’Ouganda et la culture africaine représentent pour moi ce lieu-là.
Y a-t-il un nouvel album en préparation ?
Je médite sur ce que je vais faire ensuite. Faire de la musique prend du temps et je voudrais que tout se développe naturellement. J’espère que je peux cracher un autre album, mais il est encore trop tôt pour dire ce qui arrivera.

///Article N° : 10230

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© Niculai Constantinescu





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