The Kaddu Wasswa Archive : entre récit personnel et mémoire collective

Entretien d'Érika Nimis avec Andrea Stultiens.

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De passage à Marseille en novembre 2012, Andrea Stultiens présentait pour la première fois en France The Kaddu Wasswa Archive, dans le cadre de l’exposition Shuffling Cards organisée par Cécile Bourne-Farrell à la galerie Art-Cade (1).

La biographie visuelle de Kaddu Wasswa, parue chez Post Editions (Pays-Bas) en 2010, est un véritable plaidoyer en faveur de la valorisation des archives privées en Afrique. Ce projet de biographie visuelle est né de la rencontre et de la collaboration entre la photographe hollandaise Andrea Stultiens, Kaddu Wasswa et le petit-fils de ce dernier, le photographe Arthur C. Kisitu. Qui est Kaddu Wasswa ? Un homme aux multiples facettes : né en Ouganda en 1933, fermier, écrivain militant, écologiste, activiste communautaire… À travers cette autobiographie visuelle, c’est toute l’histoire de l’Ouganda (de la période coloniale à la décolonisation) qui nous est présentée, mais aussi l’histoire d’un homme engagé dans son temps. La restitution très originale et stimulante de cette expérience fait de cette biographie visuelle une référence en la matière, accessible aussi sous forme d’exposition.
Dans la suite de cette biographie visuelle, Andrea Stultiens poursuit d’autres projets en Ouganda. L’un d’eux, mené avec le graphiste ougandais Canon Rumanzi, History in Progress Uganda, invite les internautes à mettre en ligne des photos et à les commenter. Un entretien réalisé avec Marian Nur Goni revient plus en détail sur cet autre projet.
Comment avez-vous démarré le projet sur Kaddu Wasswa ?
Au départ, je ne m’intéressais pas vraiment à l’Afrique. En tant que photographe, je pensais ne pouvoir travailler que sur ma propre culture, car c’était la seule que je pouvais réellement comprendre. Mais j’ai eu la chance de visiter une amie qui vivait (et vit toujours) en Ouganda. Et là, j’ai eu un grand choc culturel la seconde fois où je lui ai rendu visite. Alors je me suis dit qu’au lieu de venir en tant que simple touriste, je devais plutôt utiliser la photographie comme un outil pour me permettre de comprendre une culture qui m’était étrangère. Mon premier projet fut un échange de photographies entre deux groupes d’enfants, l’un aux Pays-Bas et l’autre en Ouganda. Ce fut une belle expérience pour les enfants et pour moi, mais pas totalement géniale. Et quand je suis retournée en Ouganda pour exposer ce projet, c’est à ce moment que j’ai rencontré Kaddu Wasswa.
Tout a commencé quand j’ai voulu voir des archives locales, pour comprendre comment les Ougandais essaient de documenter leur histoire. Je me suis adressée à l’université de Makerere, car c’est l’une des plus prestigieuses en Afrique de l’Est. J’avais demandé à des amis, dont le photographe Arthur C. Kisitu, de m’aider dans ma démarche pour être au bon moment, à la bonne place, avec les bonnes personnes. Et puis, vous savez, il y a ces moments dans la vie où les choses se mettent en place d’elles-mêmes. Nous étions assis à l’extérieur de la bibliothèque de l’université, quand son grand-père l’a appelé. C’est là qu’Arthur m’a confié que son grand-père possédait lui aussi de vieilles photographies. Et comme il était de passage à Kampala, nous avons décidé de nous rencontrer. C’est un homme très charismatique. Il a dit tout de suite ok ! Une semaine plus tard, je débarquais dans son village et c’est à ce moment que j’ai eu mon premier contact avec ses archives. J’ai tout de suite réalisé que cela pourrait être une très bonne occasion pour moi de connaître l’histoire de l’Ouganda à travers une source interne. Et je lui ai tout de suite dit mon désir de travailler sur ses archives pour voir si on pouvait raconter son histoire. Il a été d’emblée ouvert et même enthousiaste à cette idée et c’est parti comme ça.
Est-ce que vous aviez déjà réalisé un tel projet à partir d’archives privées avant The Kaddu Wasswa Archive ?
Oui, d’une certaine manière, ça remonte à très loin, cet intérêt pour les archives. L’un des premiers projets photographiques que j’ai réalisés, juste après mon diplôme et même durant mes études, portait sur les péniches qui sillonnent le Rhin. Mon copain d’alors venait d’une famille qui vivait sur une péniche. Et dans l’exposition, nous avons utilisé mes photographies et celles de la famille de mon ami. Ensuite, mon premier livre portait sur deux villages hollandais, très différents quant à leur histoire et leur évolution, que j’ai photographiés intensivement l’un après l’autre. J’étais consciente que j’avais besoin de bien connaître leur histoire, c’est pourquoi mon livre présente, outre mes photographies, des documents d’archives, autant issus des collections personnelles de villageois que des documents publics provenant des musées locaux et des archives du gouvernement local. D’une certaine manière, ce projet sur Kaddu Wasswa n’est pas tombé du ciel par hasard. Mais il est vrai aussi que ces choses font plus de sens, une fois que tu les regardes avec du recul.
Revenons à votre projet en Ouganda qui a démarré en 2008. Cela a dû prendre beaucoup de temps avant que ne se dévoile à vous l’histoire de la vie d’un homme comme Kaddu Wasswa… Comment définir ce fonds ? Est-ce une archive ?
Non, ce n’est pas une archive au départ, mais une collection de documents importante, qui est devenue une sorte d’archive, au moment même où nous avons mis à jour cette collection et décidé de faire le projet ensemble. Kaddu appelait lui-même cela un « jumbo », c’est-à-dire une grosse pile de papier. Il avait l’habitude de vivre entre deux maisons et maintenant il vit seulement dans une maison et tout est rassemblé dans sa chambre dans deux armoires. Outre cette biographie que j’ai incluse dans le livre, il est supposé y avoir un second volume qui serait la suite de cette biographie, mais je n’ai jamais vu ce livre. Pourtant, je suis sûre qu’il a tous les documents qu’il lui suffirait de mettre ensemble. Il possède également plusieurs autres volumes remplis de ses propres écrits, mais la plupart de ces documents sont écrits en luganda (langue la plus parlée en Ouganda, nda). Donc, je ne peux pas y avoir facilement accès. Ça prendrait quelqu’un pour tout traduire. Dans le portrait filmé que nous avons réalisé (2), Kaddu explique ce qu’il y a dans ses écrits. C’est tout un autre travail qui doit continuer mais j’aimerais que ce soit un Ougandais qui prenne cela en charge.
Quelle réception ce projet a-t-il reçu en Ouganda ?
Ce qui était vraiment intéressant pour moi, c’est que les commentaires sur l’exposition aux Pays-Bas et en Ouganda étaient d’une certaine manière opposés. Aux Pays-Bas, plusieurs personnes m’ont dit que je restais trop près de l’histoire de cet homme, que je devrais plus le traiter comme un personnage de roman, mais il n’est pas un personnage de roman. Mais c’est bien sûr leur perspective. Pour moi, ça n’aurait pu être une option. Alors qu’en Ouganda, les gens m’ont dit : « mais nous voulons en savoir plus à propos de cet homme ! ». Je pense que c’est très intéressant et aussi assez compréhensible. Je ne l’avais pas réalisé avant, mais quand cela est arrivé, je me suis dit bien sûr… Donc les gens en Ouganda ont été très intéressés par son histoire et aussi par le fait qu’il avait tout documenté lui-même. C’est à partir de ce projet que j’ai commencé History in Progress Uganda, une collection de collections. Et suite au projet avec Kaddu Wasswa, les gens sont venus à moi, une douzaine tout au plus, et l’une des histoires les plus intéressantes qui est en train d’être numérisée est celle de cette personne dont le père était photographe et qui a aimé le projet et nous a demandé de venir travailler sur les archives de son père. Depuis, le projet continue et il y a même une page Facebook… et même un site web qui n’est pas encore fonctionnel, car nous avons vraiment besoin de fonds pour cela.
Et vous trouvez facilement des fonds pour ce type de projet ?
Nous avons obtenu un petit fonds d’une organisation britannique, mais ils ne soutiennent que les artistes ougandais, donc nous restons une petite équipe, c’est-à-dire moi et Canon Rumanzi, les initiateurs de ce projet. Richard Vokes est également de la partie, c’est un anthropologue et il fait beaucoup de terrain, il a publié sur l’histoire de la photographie en Ouganda et j’ai été mis en contact avec lui à travers la page Facebook du projet HIP. Il a dit aimer la page et a rejoint le bureau de HIP et grâce à son réseau académique, il a beaucoup plus d’opportunités. Nous avons depuis envoyé notre dossier au programme Endangered Archives de la British Library. J’espère que nous allons pouvoir employer quelques Ougandais pour travailler avec nous sur le projet. Comme mon principal intérêt est dans cette connexion entre la biographie personnelle et la mémoire collective, je ne me concentre pas sur les institutions ou les collections publiques, mais uniquement sur les collections personnelles qu’une vie tout entière a pu produire en un flot d’images. Mais bien sûr les contacts institutionnels sont très pertinents et j’aimerais déléguer cette partie à quelqu’un d’autre. Maintenant HIP en est au stade d’organiser des expositions. On en a déjà organisé deux en Ouganda.
Quel genre d’exposition avez-vous organisé ?
La première était plutôt une sorte de présentation lors d’une levée de fonds pour notre projet dans une galerie de Kampala. D’ailleurs nous avons pu vendre quelques tirages à des expatriés. La seconde faisait partie des célébrations du cinquantenaire de l’indépendance de l’Ouganda.
Le cinquantenaire de l’indépendance de l’Ouganda a eu lieu tout récemment en octobre 2012. Étiez-vous là ?
Non, mais nous avons participé à une exposition initiée par le Bozar de Bruxelles en 2010. L’exposition, Visionary Africa : ART at WORK. Une plateforme itinérante en Afrique, a été présentée partiellement en septembre 2012 à Kampala (3). Cette exposition itinérante dans plusieurs villes africaines a été initiée par le commissaire Simon Njami et l’architecte David Adjaye. Elle a débuté son tour d’Afrique, je crois, il y a deux ans en RDC, et ensuite elle a voyagé dans plusieurs capitales africaines, à chaque fois en collaboration avec un commissaire d’exposition du pays. Nous avons aussi participé à un festival de photographie en Lituanie…

Vous avez également participé au festival PhotoLagos…
En fait, j’y ai participé, mais à titre individuel. Mais je n’étais pas présente lors la dernière édition. J’espérais être là, mais je n’ai pas pu, car leur ouverture s’est faite au moment où j’enseignais aux Pays-Bas. Mais j’étais présente lors de la première édition du festival en 2010. Et désormais je fais partie d’un programme d’échange entre quatre photographes hollandais et quatre photographes nigérians, Converging Visions (4). La première partie du projet a été réalisée, c’est-à-dire que les photographes hollandais se sont rendus au Nigeria en juin dernier et l’idée, c’est que les Nigérians viennent photographier la Hollande en 2013. Nous nous assistons mutuellement, c’est-à-dire qu’ils nous ont aidés quand nous étions au Nigeria et que nous les aiderons quand ils viendront en Hollande. C’est vraiment une expérience fantastique.

Quand j’y pense, il doit y avoir beaucoup de Kaddu Wasswa au Nigeria…
Oui, mais je veux vraiment rester concentrée sur l’Ouganda. Car je pense qu’en Ouganda, le besoin est plus pressant qu’au Nigeria où les gens semblent être plus au faîte de leur passé et plus fiers aussi. Il y a par exemple cette page collective Facebook The Nigerian Nostalgia Project, dont les administrateurs collectent et partagent des photographies, y compris des vidéos et du son… sur la vie et la société au Nigeria entre 1960 et 1980. Bref, quelqu’un fait déjà cela, même si c’est probablement quelqu’un de la diaspora. Mais en Ouganda, il ne se passait rien avant notre projet.

…Et au Rwanda où vous avez présenté The Kaddu Wasswa Archive en juin 2012 ?
C’est vrai qu’au Rwanda, il y avait beaucoup d’enthousiasme à propos d’HIP. Les gens m’ont même demandé d’initier le projet chez eux. Je suis intéressée bien sûr, mais je ne peux hélas prendre de charge de travail supplémentaire. Donc je les ai encouragés à reprendre le concept et s’ils veulent l’appeler HIP Rwanda, qu’ils le fassent ! Super ! J’aimerais bien que ce projet serve d’exemple. Et si les gens d’autres pays veulent suivre cet exemple, ils sont vraiment les bienvenus. Je n’en serai pas offensée, bien au contraire ! Et bien sûr, ça serait génial s’il pouvait y avoir une sorte de réseau entre différents projets de ce style.

Pouvez-vous revenir sur votre expérience rwandaise de cette exposition présentée au Musée des Arts Rwesero à Nyanza ?
La conservatrice de ce Musée est hollandaise, donc elle connaissait déjà mon travail sur The Kaddu Wasswa Archive. Elle m’a d’abord approchée, et comme elle voulait marquer le coup, elle a également pensé à la série Rwanda 2004 : Vestiges d’un Génocide du photographe sud-africain Pieter Hugo. Donc elle a aussi contacté Pieter Hugo qui a d’ailleurs été très collaboratif, en faisant don de sa série au musée, ce qui était génial. En dehors de ces deux projets internationaux, le Musée présentait également une petite exposition d’artistes rwandais, issue des collections du musée (5). Au début, l’équipe du Musée était très emballée par le travail de Pieter Hugo, parce c’est un photographe célèbre et que le sujet traite de l’histoire rwandaise. Je n’étais pas là, donc c’est une information de seconde main, mais j’ai entendu dire que la première réception du projet Kaddu Wasswa a été l’étonnement : « qu’est-ce que c’est que ça ? Comment devons-nous lire, comment devons-nous comprendre cela ? » Puis, avec le temps, les gens se sont approprié le projet au point de devenir vraiment enthousiastes. Une chance que Kaddu Wasswa était là pour quelques jours et durant l’ouverture, il a pu vraiment partager ses histoires en commentant les photographies exposées et les faire revivre, non comme quelque chose qui est forcé de l’extérieur, mais comme quelque chose, vous savez, de pertinent et de vraiment bien. Pour continuer là-dessus, je suis en train de travailler sur deux nouvelles biographies visuelles…

Sur qui poursuivez-vous ce travail biographique ?
Sur deux photographes ! Kaddu Wasswa n’était pas photographe, mais il reste néanmoins un visionnaire qui a eu besoin de contrôler la façon dont sa vie était documentée, en demandant à d’autres de prendre des photographies pour lui ; il les a donc dirigées en quelque sorte, même s’il ne les a pas faites directement. Actuellement, je suis en contact étroit avec deux photographes, dont l’un est décédé en 2000, c’est donc la famille qui détient son fonds d’archives. Ma démarche est totalement différente avec ces photographes, parce qu’ils n’ont pas produit toutes ces « couches » sur leur histoire comme l’a fait Kaddu. Mais, d’une autre manière, ils ont aussi été plus proches de la grande histoire, pour le dire comme ça, et ils ont également largement documenté leur histoire familiale. J’ai donc expérimenté avec eux une autre façon de négocier cette relation entre le récit personnel et la mémoire collective. Ainsi, l’Ouganda a pris toute la place dans mon travail dédié à l’archive. Chaque fois que je suis là-bas et que je rencontre les photographes et leurs familles, les choses se construisent petit à petit, je ne sais jamais quand je pourrai y mettre un point final, sans doute quand cela fera sens, de la même façon que pour le projet Kaddu Wasswa. Et cette fois-ci, il s’agit de deux histoires différentes.

Un lien existe entre les moyens techniques dont nous disposons aujourd’hui et votre approche…
Au départ, je n’aimais pas le tout numérique, mais désormais je vois ça autrement. Même si mes photos pour le projet Kaddu Wasswa sont prises en argentique, toute la partie documentaire a été facilitée par un travail de numérisation, c’est si facile maintenant avec ces caméras numériques…

Tout le monde a dû vous demander pourquoi dans une partie du livre, vous avez photographié les documents comme s’il s’agissait de reproductions, mais aussi vos mains qui tiennent les pages de la biographie de Kaddu Wasswa. Expliquez-nous votre geste.
Parler de l’Afrique est problématique, on ne sait jamais qui est en train de parler et ce geste était une façon d’insister sur qui était en train de regarder. Ma stratégie est toujours, dans les projets que je mène en Afrique, d’essayer d’être claire à propos de ça et de réfléchir sur mon propre rôle, et donc ça fait sens de photographier les documents avec mes mains. Je ne cherchais pas du tout à posséder ces documents et j’espère que je n’ai pas changé l’histoire de Kaddu Wasswa en faisant de la sorte. J’ai y mis aussi une sorte d’emphase en procédant ainsi, pour que ça soit aussi plus photogénique ou simplement plus plaisant esthétiquement parlant. Mais je voulais, encore une fois, surtout être claire en rendant visible, de la manière la plus simple, qui est en train de montrer. Et ce que j’aime par rapport à ça, c’est que mes mains sur les photos font écho aux mains des lecteurs qui feuillettent à leur tour la biographie de Kaddu Wasswa. Si tes mains sont blanches, ce sont à nouveau des mains blanches qui tournent les pages du livre et si ce sont des mains noires, c’est autre chose, et d’une certaine façon, j’aime vraiment ce geste et cette idée.

1. Shuffling Cards – Mouvement aléatoire des cartes, à la Galerie Art-cade, du 15 novembre 2012 au 30 janvier 2013. 35 bis rue de la Bibliothèque, 13001 Marseille. Site :  [ici]
2. Lien du film sur [Kaddu Wasswa]
3. Visionary Africa : ART at WORK. [Une plateforme itinérante] en Afrique, à Kampala.
(4) Converging Visions [ici]
(5) Un lien sur l’exposition au Musée des Arts de Nyanza : [ici]
///Article N° : 11421

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Les images de l'article

Kaddu Wasswa, introduction, The Kaddu Wasswa Archive

© Andrea Stultiens

Couverture du livre, The Kaddu Wasswa Archive

© Andrea Stultiens

Le Lac de Kabaka, Pasts and Presents, The Kaddu Wasswa Archive

© Andrea Stultiens

Arthur C. Kisitu, Andrea Stultiens et Kaddu Wasswa lors du lancement du projet à Rotterdam en 2010

© DR

Le Lac de Kabaka, Fête de la Jeunesse, 1960, Pasts and Presents, The Kaddu Wasswa Archive

© Andrea Stultiens

La salle des archives de Kaddu Wasswa, introduction, The Kaddu Wasswa Archive

© Andrea Stultiens

Premier contact avec le " jumbo " de Kaddu Wasswa, introduction,The Kaddu Wasswa Archive

© Andrea Stultiens

Le " biographical record book ", Records, The Kaddu Wasswa Archive

© Andrea Stultiens





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