Sidiki Traoré : Si Soundjata m’était conté

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L’épopée de Soundjata comme source d’inspiration n’est pas seulement l’apanage des griots et des musiciens. Sidiki Traoré, jeune peintre malien, est lui aussi remonté à la source où il s est abreuvé du mythe. De ce voyage dans le temps, il a tiré une série de toiles exposées au festival « Mali sur Seine ».
A l’image des ambitions du festival, la peinture de Sidiki Traoré mêle tradition et modernité. Il utilise la toile traditionnellement employée pour les célèbres tissus bogolan qu’il laisse vierge de toute teinture. C’est cette toile nue, écrue, qu’il parsème de signes et de figures aux couleurs éclatantes dont certaines, ocres et brunes, sont issues de mélange de feuilles et d’écorces – pratique utilisée pour la teinture du bogolan. Les figures de l’artiste sont imbriquées les unes dans les autres, jusqu’à former une longue chaîne qui paraît prête à s’animer. On peut y lire l’histoire de Soundjata, de son enfance contrariée par son handicap à son exil, suivi de son retour triomphal. Au-delà du mythe, se déroule sous nos yeux les différents cycles qui font la vie de n’importe quel homme, de sa naissance à sa mort. A travers eux, Sidiki Traoré rend hommage à la famille qui se doit d’être solidaire, donc imbriquée comme les figures qu’il crée. La figure du père est – société patriarcale oblige – imposante, comme sur cette toile qui est en fait une tunique que le peintre a tendue et dont l’encolure, formant un trou central, symbolise le chef de famille.
Autodidacte, Sidiki Traoré ne se réclame d’aucun mouvement ni courant. « Je travaille seul, j’aime inventer, dit-il, et exprimer ce que je ressens sans chercher à savoir si ce que je fais, d’autres l’ont déjà fait ou non ». C’est ainsi qu’il détourne des objets de la vie quotidienne tels un couteau, une cuillère ou un chasse-mouches pour les intégrer à ses toiles. Et c’est également dans la solitude de son atelier qu’il façonne l’encadrement de ses tableaux, jouant avec les espaces vides. Car chez Sidiki, le cadre fait partie intégrante de la toile, donnant l’impression que l’œuvre continue hors champ. Et c’est cet art de la prolongation qui fait pour une bonne part l’originalité de son travail.

///Article N° : 1175

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