Comment représenter le génocide des Tutsi

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« Comment expliquer à un enfant le génocide des Tutsi du Rwanda ? Ou plutôt comment se l’expliquer soi-même ? ». Avec des mots simples et une scénographie épurée, la pièce Ça va aller, mise en scène par Hakim Romatif, interroge judicieusement l’histoire du Rwanda et de l’humanité.

Comment, en tant qu’acteur, comprendre le cheminement, l’histoire et les faits du génocide de 1994 ? Comment le mettre en scène, l’interpréter ? Tel est le point de départ de la pièce de théâtre Ça va aller, mise en scène par le comédien français Hakim Romatif. Une création contemporaine qui se veut à la fois amusante, réfléchie, critique et interrogative sur le génocide rwandais et plus largement, sur le racisme et le rejet de l’Autre. Un silence pesant né de la nécessité d’expliquer le génocide à une enfant, Ça va aller est surtout une réponse au silence pesant qui entoure le traumatisme de 1994 : « par rapport à la shoah, j’ai entendu cette phrase : « plus jamais ça ». mais alors, pourquoi ça arrive ? Que ce soit des gens au Rwanda, en Europe ou en Amérique, s’il y a, à un moment donné, un projet de génocide qui est mis à exécution, il en va de notre responsabilité mondiale », affirme Hakim Romatif. partant du principe qu’un spectacle sur le génocide est « immontrable et inouï parce qu’on ne peut pas l’entendre », cette pièce à la scénographie épurée, pour deux comédiens, invoque tout à la fois La fontaine et Shakespeare, Rwabugiri et von Götzen, un gardien de vaches et l’humanité. Inspiré par Généalogie du génocide rwandais de Dominique franche, Rwanda. Racismes et Génocide. L’idéologie hamitique de Jean-Pierre Chrétien et Marcel Kabanda[1], le dessinateur Jean-philippe Stassen, les livres de Jean Hatzfeld et… Louis de Funès, Hakim Romatif joue subtilement avec la méconnaissance et les explications, les données historiques et les références inattendues, l’humour et la gravité.

Contre le racisme

Formés à l’école du Théâtre National de Bretagne, Hakim Romatif a fait ses armes aux côtés de metteurs en scène tels que claude Régy, Matthias Langhoff, François Verret et Hélène Vincent. Première mise en scène, Ça va aller est l’aboutissement d’un besoin pour Hakim Romatif : celui de raconter lui-même des histoires « sans attendre qu’un metteur en scène ait l’idée de faire ça avec moi ». Et d’un désir : aborder cette histoire en tant qu' »être humain », tout en donnant « des petites claques aux jeunes qui s’attaquent par rapport à leurs origines », explique l’artiste déterminé. Interpellant un large public, connaisseur ou non de l’histoire du Rwanda, Hakim Romatif signe avec Ça va aller une pièce intemporelle et humaniste remarquable aux vertus ingénieusement éducatives. à voir absolument, que l’on soit petit… ou grand.

///Article N° : 12381

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