Une soirée… au BABYLON BIS

Print Friendly, PDF & Email

SÉRIE Afriscope prend la température des soirées afro-parisiennes.
Des soirées qui visent un public d’afrodescendants, dans un sens large et non excluant. Moments de détente sur fond de musiques africaines, caribéennes, américaines, on s’y retrouve entre amis, on y mange des plats typiques ou on en profite pour réseauter. Afriscope propose une plongée dans ce monde nocturne, une virée dans ses lieux légendaires, peuplés de personnages emblématiques et où de nouvelles initiatives prennent vie.

Reportage. Babylon Bis, cantine intemporelle des noctambules initiés

Qu’ont en commun Dany Brillant, Rihanna, Beyoncé, Snoop Dogg ou encore Laurent Voulzy ? D’avoir mangé, au moins une fois, au Babylon Bis. Non averti(e), on peut risquer de rater la porte de ce restaurant afro-caribéen, lumière tamisée sur fond de Bob Marley et de musique nigériane, déco aux imprimés zèbre et léopard, tapi dans la rue Tiquetonne (Paris 2e). « Un restau tenu par des Blacks (sic) et qui sert des plats africains et antillais si tard, c’est devenu rare », note Christiane, la gérante, bientôt 50 ans, qui contribue à sa réputation mais qui n’aime pas se raconter. Les murs parlent pour elle : tout le show showbusiness s’y trouve en photo. Claude Nougaro y vint se délecter d’un poulet braisé, « notre spécialité ». Serena Williams, comme Lenny Kravitz, y ont leur rond de serviette. Lupita Nyongo s’y est restaurée une semaine. Le Babylon Bis, adresse appréciée et recommandée jadis par Marvin Gaye, attire un public varié d’anonymes, « des étrangers, surtout des Américains et des Asiatiques mais peu de Noirs finalement qui trouvent que c’est trop cher ». Quant à Almamy Sylla, autre pilier du lieu, il déplore que les clients, surtout
les jeunes, sont devenus difficiles. Arrivé de Guinée pour devenir footballeur, l’homme est cuisinier, serveur, physio… « Je sens si une personne va créer des problèmes. On ne veut pas risquer la fermeture à cause de ça. » Une affaire de famille « C’est mon mari, Faze, qui a monté l’affaire il y a 35 ans. Je poursuis son oeuvre », explique Christiane, qui travaille avec son cousin et ses deux frères et soeurs. Finalement, elle se met à table. Née en Martinique, arrivée à Paris à 13 ans, elle étudie la gestion ; à 22 ans, rencontre Faze, d’origine guinéenne. Et ne s’imaginait alors pas diriger l’établissement. « Je tenais le salon Idriss Coiffure. J’ai vendu et rejoint l’équipe à plein-temps », se souvient-elle. Fini le Balisier à deux pas, le Copacabana, le Baby Antilles et autres boîtes où Christiane partait en plein service danser deux heures et revenait travailler ! Debout de 20h à 5h, le couple a été victime de surmenage. « J’ai arrêté l’alcool, maintenant c’est sport et repos ! Mais j’aime la nuit », dit Christiane. On part, laissant derrière nous un fond de sauce chien, le papier tigré, Beyoncé et les autres. Et la sensation d’avoir été dans l’un des derniers bastions d’un Paris afro et fun. On reviendra, c’est sûr.
Plus d’infos : Babylon Bis, 20h-6h, 34 rue Tiquetonne, 75002 Paris / 01 43 33 48 35

///Article N° : 13192

  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
Les images de l'article





Laisser un commentaire