Afropunk, l’affirmation d’une alternative ?

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Né à Brooklyn au début des années  pour dénoncer particulièrement le racisme, le sexisme et l’homophobie, le festival Afropunk, issu du mouvement éponyme, a franchi l’Atlantique. Paris s’apprête à en accueillir la deuxième édition.

Afropunk, c’est aujourd’hui un média qui, grâce à Internet, s’est développé de manière virale auprès du grand public et cherche, grâce à des contributeurs dans le monde entier, à diffuser et promouvoir une autre vision de la culture afro, que celle, souvent exotique des médias traditionnels. Mais Afropunk, c’est aussi et avant tout un festival, né à Brooklyn aux États-Unis, dans les années 2000. Bien plus qu’un genre musical, il symbolise la quintessence du mot « punk » au sens propre : l’esprit rebelle de la contre-culture sous toutes ses formes, dépassant les clivages artistiques ou musicaux. Tout est parti d’une cinquantaine de gamins américains issus du quartier de Brooklyn, désireux d’accéder aux instances sociales qui leur étaient inaccessibles. Issus d’origines et de sphères différentes – musique, mode, photographie, sports urbains, restauration -, ces « Millennials », comme on les appelle, ont voulu casser les barrières raciales et conjuguer au présent la pop culture de demain. Au fi l des années, le mouvement n’a cessé de prendre de l’ampleur.
Rayonnement afro
« Si l’on en croit le succès de la première édition du festival en 2015 à Paris, il y a un besoin en France de ce type d’événements pour permettre aux « afrodescendants  » de s’exprimer », analyse Lou Constant-Desportes, rédacteur en chef du site Afropunk. Pour l’organisation, « Paris est une capitale multiculturelle, un réservoir inépuisable d’artistes, creuset de la « world music » à la fin des années 1980. Du punk banlieusard des années 1970 au hip hop urbain, la contre-culture a toujours su trouver sa place. Musique, arts plastiques, littérature, cuisine du monde entier » . La programmation passée comptait entre autres Sandra Nkake, Keziah Jones, ou encore Lianne La Havas et Patrice. Mais Afropunk se veut aussi dénicheur de talents et étendard de l’infl uence d’une culture afro-américaine contemporaine décomplexée à travers le monde.
«  Le choix des artistes se fait sur la qualité de leur musique et leur esprit rebelle et alternatif, ajoute Lou. Parfois leur engagement est ouvertement politique, parfois ce sont leurs choix musicaux qui sont des odes à la liberté. » Toutefois les ambitions américaines et françaises ne peuvent pas se décliner de la même manière ; tout d’abord l’espace consacré au festival diffère. À Paris, Le Trianon peut accueillir maximum 1500 personnes, là où les sites de New- York et Atlanta prévoient près de  90 000 spectateurs. Le militantisme des artistes programmés aux États-Unis semble également plus ancré que pour les têtes d’affi che en France. Cette année, le festival francilien met surtout l’accent sur le gros son, avec un nouveau rendez-vous ; le Fancy Dress Ball, une soirée déjà culte à New-York. Une occasion aussi d’organiser une levée de fond pour Amnesy International et Afropunk Global initiative dans le but de promouvoir la diversité dans les arts et les médias. Le Trianon va ainsi accueillir de nombreux artistes rock, de musique électronique et urbaine, comme Ghost Nebula, originaire de Côte d’Ivoire, et son afro-électro sous forme de space opera post apocalyptique, ou encore le Sud-africain Mashayabhuqe KaMamba et son style digital maskandi.
« Nous avons besoin de plus de festivals comme Afropunk. constate Djazia Idir, manager. Je ne représente que des artistes africains pour montrer au monde que nous n’avons rien à envier aux artistes américains ou européens. » Pour l’artiste Young Paris, qui participe pour la deuxième fois à Afropunk : « Depuis les années , la scène urbaine est teintée de zouk, de raï, de coupé-décalé. En Amérique, la scène urbaine n’est composée que de hip hop, y’a pas vraiment de présence africaine comme ici. Ce n’est pas pour rien qu’Afropunk s’installe à Paris.  » Avec une recette mêlant artistes afros du continent, des États Unis et de Paris, Afropunk a séduit à guichets fermés 3 000 personnes l’année passée.

Rendez-vous les 3, 4 et 5 juin au Trianon pour la deuxième édition.///Article N° : 13608

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