« Je souhaiterais que la culture définisse le pays, mais ce n’est pas le cas. C’est toujours l’apartheid ou tout le reste qui l’emporte quand on parle de l’Afrique du Sud. L’histoire est tellement compliquée, sur le plan politique comme sur le plan de la création. Il n’y a vraiment pas d’identité
Tellement de Sud-africains ont des identités tellement fracturées
L’apartheid ne nous a jamais permis d’avoir une identité culturelle. Je ne suis pas sûre qu’il y ait une grande volonté de voir émerger une identité culturelle susceptible d’appartenir à tout le monde, d’inclure tout le monde. C’est pourtant ce dont nous aurions besoin ».
« Je ne me lamente pas du fait que n’ayons pas une seule culture sud-africaine, mais plusieurs. Toutes sont très sud-africaines, même la culture indienne du Kwazulu Natal, même la culture afrikaner, qui n’est pas européenne. Toutes ces cultures sont africaines et sud-africaines. »
« La nature de la culture sud-africaine tient à sa diversité même. Elle est basée sur les hommes, elle évolue toujours autour des hommes. Elle n’est pas intellectuelle et abstraite. Elle a une honnêteté impitoyable, un côté concret qui est toujours resté, malgré la répression. Un seul auteur, John M. Coetzee, s’exprime par allégories et métaphores. En dehors de lui, tous les écrivains suivent un réalisme absolu. »
« Nous sommes perdus depuis longtemps. Les hommes africains de ce pays sont finis, moralement. Nous n’avons pas d’honneur. Nous avons perdu la bataille, on nous a pris la terre, nous avons été réduits à l’esclavage devant nos femmes. Même Mandela, on lui a pris son honneur. Des lettres ont été publiées dans les journaux pour le discréditer à travers Winnie, sa femme. Dans la tradition africaine, cela serait resté caché. Nous comprenons aussi la honte. Est-ce que nous en avons peur ? Si nous ne nous asseyons pas pour tout revoir et restructurer nos valeurs dans l’espace qui est le nôtre, nous allons perdre une autre guerre, celle qui commence dans nos foyers. »
« Il n’y a pas de génie sud-africain dans les oeuvres d’art, mais une sorte de fraîcheur, de nouveauté, de foi, d’espoir. Nous sommes le pays le plus chanceux du monde, nous avons Nelson Mandela, Winnie Madikizela-Mandela. Nous avons des personnalités charismatiques dans les arts aussi, une certaine aura s’en dégage. Nous avons de jeunes gens capables de défendre des causes ».
« A mon avis, le seul aspect positif de l’apartheid a été que les gens n’ont pas perdu leur culture, leurs langues, leurs rites, en partie à cause du système des bantoustans, qui voulait diviser pour régner. C’est maintenant que les cultures se trouvent en péril. Cela dit, les jeunes Noirs qui ne parlent que l’anglais ne sont pas nombreux. Ils ne sont pas étrangers à leur propre société autant que peuvent l’être les jeunes Blancs. Ce sont eux qui ont un vrai problème. »
///Article N° : 1869
