Nouveautés du livre

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L’Homme qui revint du diable, de Biyi Bandele-Thomas, traduit de l’anglais (Nigeria) par Henri-Frédéric Blanc, Coédition Agone / Comeau&Nadeau, 1999, 216 p., 68 FF.
L’Homme qui revint du diable fait partie de ces livres africains urbains où la misère des bidonvilles se conjugue avec le désespoir d’une jeune génération à l’avenir bouché. Une réalité poignante mais pas toujours évidente à transposer en littérature sans tomber dans le misérabilisme pathétique ou la surcharge de crasse et de catastrophes.
Le Nigérian ‘Biyi Bandele-Thomas (né en 1967) choisit de forcer la dose et parvient, en jouant de l’ironie et du grotesque, à déjouer le piège. Car de la misère, ce livre en est pétri. L’histoire rocambolesque que le professeur Maude livre à un de ses élèves comme étant la sienne n’a que faire des dénouements heureux. Drogue, délinquance, prostitution et violence sont traitées avec un regard amusé qui trouve matière à sourire dans les situations les plus insoutenables. Sans rendre le livre léger pour autant, une distance s’instaure, servie par des dialogues pince-sans-rire et une structure d’un double récit-cadre. L’auteur ne bouscule pas les règles du genre mais réserve quelques surprises au niveau de la narration – le tout servi par une traduction particulièrement fluide. T.T.
Retour au jardin du luxembourg. Littérature et politique en Afrique du Sud (1982-1988), d’André Brink, préface de Nelson Mandela, éd. Stock, 1999, 360 p, 125 FF.
Ce livre puise son essence dans la période la plus trouble d’un régime d’apartheid alors finissant mais qui ne le savait sans doute pas encore. Mais André Brink, lui, sait de quoi il parle. Puisqu’il fut durant longtemps une des cibles de la censure et de la répression du régime raciste sud-africain. Dans la première partie, il rappelle comment le système usait de tous les moyens pour faire taire les plumes dissidentes. Durant ces années de plomb, André Brink s’interrogeait sur le rôle des intellectuels, des créateurs, des artistes et particulièrement des écrivains. Il se demandait s’il n’ y avait pas un risque de voir ces derniers, à force d’engagement dans le combat contre les pouvoirs, se transformer en simples courroies de transmission de l’information. Bref, dans ce type de situation, l’imagination ne risquait-elle pas de déserter définitivement l’univers de l’écrivain ? Faisant moult références à l’expérience sud-africaine et à bien d’autres expériences étrangères, André Brink conclut que l’écrivain doit être capable d’adapter son écriture à la situation du moment. Ce n’est pas une simple nécessité, mais bel et bien une obligation. Oui donc à l’écriture de l’urgence, même si, après la fin de la crise, l’homme de lettres est souvent contraint de faire un gros effort pour retrouver le chemin de l’art ainsi que la bouleversante tanière de l’imagination féconde. L’essai d’André Brink est précédé d’une émouvante préface de Nelson Mandela. Un homme qui sait ce que combat, urgence et engagement veulent dire. F.C.
Le Maroc en mouvement : créations contemporaines, sous la direction de Nicole de Pontcharra et Maati Kaabal, éditions Maisonneuve & Larose, Paris, 2000, 243 p.
Peut-on espérer que l’effervescence due à l’année du Maroc s’inscrive durablement dans l’activité culturelle issue du pays ? Son nouveau souverain soutiendra-t-il son essor ? Ces questions se posent pour nombre d’artistes qui ont participé à ce gigantesque programme de manifestations et expositions. On les retrouve dans cet ouvrage synthétique sur la création marocaine d’aujourd’hui. Il retrace l’évolution des différents secteurs artistiques (littérature, arts plastiques, musique, cinéma, mode, architecture…) de ces trente dernières années. De la tension à la fusion entre tradition et modernité, ces créations nous parlent d’une alchimie qui s’opère en soi, mais elles réfléchissent aussi les enjeux économiques et humains d’une société en pleine mutation. Un regard riche et pluriel sur une mosaïque d’expressions en devenir. A.M.

///Article N° : 2050

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