Le musée Dapper de Paris présente jusqu’au 30 mars une exposition sous le titre peut-être trop modeste de Réceptacles. Comme toujours avec l’équipe de Dapper, l’exposition et le catalogue sont remarquables. Bibliographie et notes témoignent de la qualité des analyses des auteurs. Classés par ethnies productrices, Kuba, Luba, Tschokwe, Grassland du Cameroun, Dogons, sont étudiés successivement. Sont exposés les réceptacles anciens, boîtes d’ivoire, pyxides, boîtes à hosties de la liturgie catholique ornées de reliefs illustrant la Bible, salières données à des grands personnages du XVIème siècle. Le spectateur a donc sous les yeux un aspect encyclopédique de cet art. Pourquoi, cependant, la vallée du Niger échappe-t-elle à cet ensemble ?
Les techniques sont évoquées rapidement avec des notations précieuses. » En raison du caractère sacré conféré à la terre, l’extraction de l’argile est soumise à des rites et interdits, écrit Florence Vassabla. La potière court le risque de s’exposer à un malheur si elle découvre un nouveau gisement… Les gisements sont organisés, délimités. Au Burundi, ils sont découpés en secteurs, chacun accessibles à une communauté bien précise « . Des analyses localisées seront utiles pour des recherches ultérieures, archéologiques en particulier.
La richesse du thème sollicite l’attention du spectateur dans les directions les plus diverses, depuis les reliquaires ou les calebasses perlées jusqu’aux boîtes. C’est à la fois une richesse et une faiblesse. Faiblesse par la dispersion, richesse par la variété des objets. Mais il y a plus. Autour d’une définition proposée, » réceptacles « , toute une constellation de signifiants se lève et il est bon de laisser le visiteur méditer à ce propos. L’aspect évident et matériel des contenants où l’on peut préserver des objets est rapidement dépassé. L’homme interprète, symbolise, suggère toutes sortes de pensées. Le récipient est fonctionnel, mais il est aussi chargé de valeur prophylactique, de valeurs de prestige, de beauté. Cette complexité alimente l’intérêt de cette exposition. L’homme laisse transparaître partout la complexité de sa pensée et de ses sentiments. L’opposition élémentaire entre » décoration » de style abstrait ou figuratif est déjà difficile. Peut-on opposer ces deux styles ? D’où vient cette différenciation ? Dès l’époque préhistorique, cette opposition existe…
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