Rachida

De Yamina Bachir-Chouikh

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En quelques images, l’ambiance est là. Rachida a une vingtaine d’années, institutrice à Alger. Un ancien élève veut l’obliger à déposer une bombe dans son école. Elle refuse et on l’abat, sur place. Elle s’en tirera, s’échappera d’Alger pour se réfugier avec sa mère dans un village, mais la violence est partout… Voilà six ans que Yamina Bachir-Chouikh, monteuse dont c’est le premier film, essaye de tourner ce premier long métrage produit et tourné en Algérie depuis que son mari Mohamed Chouikh avait tourné « L’Arche du désert », sorti en 1997. Reflétant les pires années du terrorisme, il est poignant, déchirant, sans concession mais aussi sans jugement : la réalisatrice ne s’érige pas en donneuse de leçon, en dénonciatrice de qui que ce soit. Elle témoigne avec son cœur de l’état des choses, d’une société dont les enfants sombrent dans la violence. Elle montre que dans ce cycle, il n’y a pas de fuite, que les « anonymes » n’ont que leur courage pour résister et continuer à croire à la tolérance et à la paix. Elle n’a pas de solution toute faite : elle ne peut que tenter de donner espoir et courage. Car même si le film est terriblement dur, il n’est pas accablant : la vie est là, en chaque personnage, et la fin en est sublime d’ouverture et de détermination. Il faut voir ces enfants reprendre malgré l’horreur le chemin de l’école et cette institutrice reprendre sa craie. Un autre film s’ouvre, le prochain de la réalisatrice, le prochain de l’Algérie. Ce n’est pas du grand cinéma, c’est de l’inoubliable, tout simplement.

2002, 1 h 40, 35 mm coul, coprod Ciel prod., Arte France cinéma, Cine-Sud promotion (01 44 54 54 77), image Mustapha Belmihoub, avec Djouadi Ibtissem, Bahia Rachedi, Hamid Ramas, Abdelkader Belmokadem, Rachida Messaouden. Sélection officielle à Cannes 2002 (« Un certain regard »).///Article N° : 2355

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