Men of Honor est un film de commande. La Fox a confié à un réalisateur confirmé un budget aux normes hollywoodiennes. Seulement cette fois le réalisateur est Noir. George Tillman, Jr. (Soul Food) fait le grand saut pour son deuxième film qui retrace la vie de Carl Brashier, le premier plongeur noir de l’armée américaine. Des centaines de figurants, Robert de Niro et Cuba Gooding, Jr. en rôles principaux, scènes sous-marines et reconstitution historique, c’est de la propagande, et ça marche.
Trivial Poursuite, camembert jaune : quelle est la date la plus importante des années quarante pour l’armée américaine ? 7 décembre 1941, l’attaque de Pearl Harbor. Encore un film qui va bientôt sortir, réalisé par Michael Bay avec Ben Affleck et Cuba Gooding, Jr. (dans un petit rôle). Mais dans le Trivial version Black (idée à commercialiser) vous reculez de trois cases, car la bonne réponse est le 2 décembre 1948, fin officielle de la ségrégation légale des armées.
Qui sont les vrais héros de l’histoire américaine ? Les instructeurs racistes et alcolos, les marins qui gagnent des médailles en laissant leurs partenaires couler parce qu’on ne peut pas récompenser le Noir qui l’a sauvé ? La déségrégation, dans l’armée comme dans les écoles ou les cafés, s’est faite malgré les batailles menées par les Blancs pour l’empêcher. Brashear (Cuba Gooding, Jr.) incarne les valeurs de l’Amérique juste, vertueuse et démocratique, valeurs que la plupart des Américains savent être parfaitement utopiques mais dont ils aimeront toujours contempler le reflet, s’il le faut à travers les yeux de ceux qu’elle exclut le mieux. Men Of Honor n’est pas seulement une dénonciation des injustices du passé à travers le portrait de héros et de martyrs, c’est un regard Noir et sévère sur les conflits raciaux qui travaillent l’Amérique et son histoire. Quand Brashear, simple soldat, est promu sauveteur en mer son collègue cuisinier lui dit : » t’aurais jamais été pris si t’étais plus foncé. »
Men of Honor est basé sur une histoire vraie.
