Nouveautés du disque

Octobre 2002

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N’java
Source (Hemisphere)****
A l’origine, le patriarche, N’java. Celui-ci est musicien. Il possède son propre groupe à Madagascar et anime les fêtes. Ses enfants, 3 frères et 2 sœurs, grandissent dans le sud du pays. Lorsqu’ils décident de prendre la relève, c’est tout naturellement qu’ils adoptent pour nom de scène celui de leur père. Bien que le groupe remporte le prix Découverte RFI, il demeure peu connu en France, et c’est en Angleterre que sort cet album en 2001. Des tournées s’annoncent et leur musique rencontre très vite un franc succès de l’autre côté de la Manche. Leur maison de production profite de cet engouement pour relancer discrètement l’album cette année en France. A Nantes, au festival musiques sur l’île, le public est subjugué. Il découvre une musique métissée, entre l’électronique et les polyphonies. Des textes pertinents qui racontent Madagascar : l’environnement, les joies et les peines, la protection de la nature. SNK
Gilberto Gil
Kaya N’gan Daya (Warner)***
Bob Marley en a inspiré plus d’un. Il suffit d’écouter le nombre d’artistes qui reprennent ses titres : de Eric Clapton à Wyclef des Fugees. On ne compte plus non plus les inédits qui sortent chaque année à l’occasion de l’anniversaire de sa disparition. Avec cet album, le guitariste brésilien Gilberto Gil se dévoile au public qui découvre ses deux idoles : Luiz Gonzaga, un « Cangaceiro », un artiste révolutionnaire, originaire du Nord-Est du Brésil, roi du « Baiao », un rythme folklorique de sa région ; et Bob Marley, rasta man et reggae man légendaire. Son projet était de leur rendre hommage. Ce qu’il fit en enregistrant leurs chansons. A travers cet opus, Gilberto revisite le répertoire de Bob Marley. Il n’est pas simplement question ici que de ré interprétation, mais aussi de réadaptation. Le chanteur se réapproprie les chansons sans toutefois les dénaturer. Dire qu’il s’agit d’un véritable travail d’artiste est un pléonasme, mais il n’y a pas d’autres mots. SNK
Diely Moussa Kouyaté
Sebe Alaye (Universal)***
Diely Moussa Kouyaté s’inscrit dans la tradition mandingue. Sur les traces de Mama Sissoko, Boubacar Traoré, Amadou et Mariam ou encore Ali Farka Touré, on (re)découvre un compositeur émérite. Entre guitare, kora, bolon, n’goni ou gimbri, la douceur des cordes s’harmonise. On a beau reconnaître cette musique et l’identifier comme venant du Mali, il est aussi utile de savoir que dans ce pays chacune des sept grandes régions possède ses rythmes et ses instruments. Et c’est à Bamako, la capitale, que les musiciens vont se croiser et jouer ensemble dans les cabarets et gargotes. Ainsi va naître et se populariser cette musique urbaine que l’on écoute partout aujourd’hui, emprunte d’une touche particulière, marque de fabrique des stars locales. Les aficionados pourront ainsi deviner de quelle région est originaire tel artiste. Diely Moussa Kouyaté fait partie de cette génération, son œuvre musicale en est la parfaite illustration. Soulignons la participation de Mamani Keïta. SNK
Jacques D’arbaud
Septièmement (JPS)***
Cet album de l’interprète Jacques D’Arbaud est certainement le plus réussi. L’artiste excelle par ses mélodies et ses mixtures rythmiques qui rappellent que les Antilles sont bel et bien le carrefour des cultures. Un soupçon de zouk, une touche de salsa et quelques notes jazz, une pléthore de talents, dont Tony Chasseur, Marie Paule Tribord, Allen Hoist, Frédéric Wurtz et bien d’autres, tels sont les ingrédients de cet opus qui certainement retiendra l’attention de plus d’un. La musique est belle, simple, parle d’amour, d’espérance, de vie. Des textes intelligents qui suggèrent le rêve. « Ne dites jamais je t’aime sans la flamme d’un poème« . On retient. SNK
Abdoulaye Diabaté & Koutiala orchestra
Samory (Cobalt / Mélodie)***
Ségou est marquée par ses guerres de religions (chrétiens contre musulmans), son opposition à la colonisation, ses rois, à commencer par Samory dont l’Histoire retient le courage dans son combat contre l’envahisseur. Abdoulaye Diabaté, digne successeur d’une lignée de griots, chante ce roi respecté, mais c’est aussi pour lui l’occasion de parler du monde actuel et de son évolution. Il se fait accompagner d’un big band de seize musiciens. L’album, enregistré chez le griot au Mali, retransmet l’ambiance, entre high life et blues. SNK
Eugenio Bennato
Che il Mediterraneo sia (Taranta Power/Edel)***
Peu connu en France, Eugenio Bennato est une personnalité en Italie. Sa musique est à l’image de ses origines, méditerranéennes, entre rythmes traditionnels italiens, maghrébins, lusophones (Mozambique) et espagnols (flamenco). Les membres de son groupe représentent chacune de ces cultures. Ainsi lorsque le groupe apparaît sur une scène, comme ce fut le cas au festival d’El Jem (Tunisie), le public n’a aucun mal à s’identifier et se reconnaître dans les rythmes et les mélodies. La musique se vit par la danse, que le musicien a intégré dans son spectacle. Les cordes des guitares, de la mandoline et des violons dessinent les mouvements. SNK
Sally Nyolo
Zaïone (Lusafrica)**
Sally Nyolo continue de raconter ses histoires. Mais il faut avouer que « cette histoire-là » (comme on dit au Cameroun) aura du mal à passer. Cet album qui porte le nom de son fils, lui est dédié. A tel point que chaque chanson sonne comme une berceuse et les mélodies prennent la forme de comptines. Malgré la présence de Princess Erika, Nicoletta, Nathalie Cardone et bien d’autres, les couleurs ne sont pas si harmonieuses qu’on pourrait le croire. Ce bikutsi ne ressemble pas à celui que martèlent les femmes du côté de Ebolowa ou de Sangmélima (ville du Sud Cameroun). Le reggae n’a pas l’air d’un vrai. Les voix sont belles, mais la musique manque de cohésion. SNK
Patrick Saint-Eloi
Swing Karaïb (Lusafrica)**
Le Guadeloupéen Patrick Saint-Eloi est un vrai chanteur. Lorsqu’il interprète ses chansons, le timbre de sa voix donne la « chaire de poule ». Et nombreux sont ceux et celles qui on succombé jusqu’à se transformer en véritables fans depuis l’aventure avec Kassav’. Il n’en est pas à son premier essai, pourtant ce nouvel album nous laisse sur notre fin. L’artiste donne l’impression de s’essouffler, il n’est pas à son meilleur niveau, il chante sans grande conviction. L’enregistrement est propre certes, mais sans plus. Dans ce cas, difficile de définir la voie dans laquelle il s’est engagé. SNK

///Article N° : 2546

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