Et après…

De Mohamed Ismaïl

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« Et après… » ressemble à une roue tournant inexorablement. La roue du fric et des trafics en tous genres, à commencer par celui des êtres humains, ceux qui entreprennent le grand passage vers l’Europe, mais aussi ce qui fait basculer inexorablement dans le drame les faibles comme Mustapha, un jeune qui vit de combines et se laissera entraîner dans un trafic de drogue à grande échelle. L’imbroglio vécu entre la tension vers un ailleurs (émigration), la combine (trafics) et le désordre affectif (la drague) se retrouve en écho dans la complexité du récit, l’importance du dialogue, l’entrelacement des situations.
C’est un film qui veut beaucoup en dire, et c’est bien sûr son problème, alignant jusqu’à la confusion personnages et confrontations de toutes sortes pour dresser un tableau de l’état des choses dans un pays où les jeunes ne pensent qu’à partir et les moins jeunes qu’à faire de l’argent sur le dos des autres. Il se termine sur une phrase de Hassan Ibn Mohammed Ibn Youssef : « Les peuples ne meurent pas de faim mais les peuples meurent d’humiliation », et c’est bien d’humiliation qu’il s’agit ici, celle des compromis du désespoir face aux nécessités pécuniaires : la mère Khaddouj vit de contrebande, Tahar empoche l’argent des candidats à l’émigration clandestine, Laura et Miguel font plonger Mustapha dans le trafic à grande échelle, Btissam pose nue pour des photos, Raïss finit par accepter de mener la barque qui se brisera dans les eaux glacées… Cette attirance vers le monde de l’argent dessine la frontière que cherchent aussi à franchir ceux qui perdront leur vie dans le détroit de Gibraltar, tentant le passage vers là « où ils ne veulent pas de nous ».
« Et après… » est ainsi un cri amer, une sonnette d’alarme tirée à destination d’une société où la crise n’épargne personne et qui a du mal à croire en son avenir. Seul Khalid veut rester pour construire le pays, seule exception dans cette mer d’illusions.

2001, 35 mm, coul., 92 min, image : Denis Gravoul, avec Rachid El Ouali, Mohamed Miftah, Victoria Abril, Fadila Belkebla, Naïma El M’Charqui, Mohamed Majd, Siham Assif, Yves Marie Maurin, Saïda Baadi, Abel Djefri, Driss Roukh. Mia Productions (+212 22 241 337).///Article N° : 2687

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