Le Cavalier et son ombre

De Boubacar Boris Diop

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Après Le Temps de Tamango (L’Harmattan 1981), Les Tambours de la mémoire (L’Harmattan 1990) et Les Traces de la meute (L’Harmattan 1993), le Sénégalais Boubacar Boris Diop publie son quatrième roman.
Dans une petite ville, Lat-Sukabé, le personnage principal, attend le Passeur pour traverser le fleuve et retrouver Khadidja, la femme qu’il a aimée et qui est en train de mourir. Pendant trois jours, en attendant l’embarcation, il passe en revue son histoire et celle de Khadidja, . Celle-ci avait accepté, pour les sortir de la misère, ce travail de conteuse peu ordinaire qui consistait à s’asseoir chaque jour devant une porte ouverte et à parler à un être invisible. Lentement elle avait commencé à dériver vers la folie, imaginant à la fois ses contes et leur destinataire.
Bien qu’écrit dans un style léger et aisé, Le Cavalier et son ombre possède une structure complexe. Dans l’enchevêtrement des souvenirs de Lat-Sukabé, des contes de Khadidja qui s’imbriquent les uns dans les autres et du récit-cadre qui se déroule dans l’attente du Passeur, l’histoire dérive, tout comme Khadidja, vers les limites du réel et de l’imaginaire. Le roman joue avec la multiplicité de narrateurs et l’identité des personnages.
Malgré sa structure complexe, Le Cavalier et son ombre reste facile d’accès, quoique la deuxième partie du roman, consistant en une suite de contes de Khadidja, demande un effort de la part du lecteur pour ne pas perdre le fil de l’histoire. Ces contes, qui mettent en scène une Afrique déchirée par la guerre civile, la corruption et la misère, sont construits autour de procédés de la littérature orale où le public réagit aux dires du conteur. Ironiquement, dans ce roman, ils sont racontés à un auditoire qui, s’il n’est pas inexistant, reste invisible ; la conteuse est contrainte de mimer elle-même le public. Serait-ce, comme le suggère la quatrième de couverture, à l’image de l’écrivain africain ?

Le Cavalier et son ombre, de Boubacar Boris Diop, Stock, 297 p., 120 f.///Article N° : 272

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