La Lenteur de la lumière (Light Drops, O Gotejar da Luz)

De Fernando Vendrell

Print Friendly, PDF & Email

Situé à la fin de l’époque coloniale, « O Gotejar da Luz » (le ruissellement de la lumière) pose la question de l’appartenance à une terre d’enfance, le Mozambique, que le héros ne se console pas d’avoir quittée. Le problème est qu’il ne se pose aucunement comme la fin d’une époque et que, dans un habillage de nostalgie assénée à coups de violons et d’éclairages en demi-teintes, il restaure dans son traitement le vieux rapport colonial sans le remettre en cause.
Il y a dans le fado portugais la nostalgie d’un empire perdu. Même si le film fait sentir à travers la perception d’un enfant l’injustice faite aux Noirs obligés de cultiver le coton et sa future rupture avec la logique d’exploitation, il rejoue sempiternellement le scénario du cinéma colonial mettant en scène le mariage impossible entre le Blanc et le colonisé : l’enfant Rui Pedro est trop jeune pour accéder à l’amour d’Ana et ne peut que vivre symboliquement la relation qu’il perçoit tandis que son cousin plus âgé y perdra la vie.
Les situations dramatiques seront ainsi démonstratives d’un rapport impossible tandis que le monde se divise entre les bons Noirs vivant dans la douleur et les Blancs engoncés dans leur devoir de protéger et de développer sans bouleverser d’un poil l’ordre social. Le discours politique et moral est toujours dit et redit, autour d’une table ou au bord du fleuve, de crainte que le spectateur ne comprenne pas que dans la vie il faut faire des choix. La caméra léchée sous-tend un discours foncièrement conservateur où la conscience des erreurs passées ne remet jamais en cause la vision de l’Autre. Les révoltes de l’enfant Rui Pedro ne peuvent déboucher sur un rapport plus complexe car elles restent seulement éthiques, conscience naissante de l’injustice, sans perception de la force subversive des Mozambicains. Il reste ainsi malgré l’apparence dans un rapport de maître à esclave, tout comme le cinéaste qui ne semble pas conscient que par la voie de la nostalgie, il ne fait qu’en proposer au spectateur la reproduction.

Portugal 2002, avec Alexandra Antunes, Amaral Matos, Alberto Magassela, Marenguele Mawhayi, Vitor Norte, Carla Bolito, Teresa Madruga, Marco da Almeida, Carlos Gomes, Antonio Fonseca, prod : Cinemate, distr. Marfilmes (+351 213 140 339, [email protected]). www.gotejardaluz.com///Article N° : 2742

  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Laisser un commentaire