Des arts martiaux au cinéma

Entretien d'Olivier Barlet avec Rokhaya Niang, actrice sénégalaise

Ouagadougou, février 2003
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Jeune actrice débutante, Rokhaya Niang joue les rôles principaux de deux films sénégalais présentés en compétition au Fespaco, « Le Prix du pardon », de Mansour Sora Wade, et « Madame Brouette », de Moussa Sene Absa.

Aviez-vous déjà tourné ?
Rokhaya Niang : Non. « Le Prix du pardon » a été mon premier film et premier long métrage. Les premières semaines ont été dures mais j’ai tenu le coup.
Quelle est la difficulté principale des acteurs ?
Les comédiens ne sont pas bien payés car nous n’avons pas de statut. On accepte parce qu’on sait qu’une autre sera là qui acceptera si on ne le fait pas. Les cinéastes nous disent que le budget est trop faible pour mieux nous payer mais nous oublient quand ils gagnent des prix. On fait du cinéma parce que ça nous passionne mais il faudrait quand même pouvoir en vivre ! Il nous faudrait former des associations dans chaque pays, qui fixent un barème.
A l’heure où le Fespaco prend les comédiens comme thème central, quelle serait pour vous la priorité pour améliorer la situation ?
On ne forme pas les comédiens en Afrique. Nous manquons tellement de formateurs !
Le cinéma vous ouvre-t-il d’autres possibilités ?
Oui, les stylistes peuvent nous remarquer et nous proposer d’être mannequins.
Deux rôles principaux dans deux films en compétition, ce n’est pas rien. Dans quel rôle vous êtes-vous le mieux fondu ?
J’ai reçu le scénario du « Prix du pardon » cinq semaines avant le tournage et on a beaucoup travaillé avec Hubert Koundé. Sur « Madame Brouette », je ne l’ai eu que deux semaines avant alors que c’était un rôle difficile. Mais les deux films étaient comme des enfants que je portais.
On sent une grande complicité avec la petite fille qui est votre enfant dans « Madame Brouette ».
Oui, j’ai une formation de monitrice et je sais communiquer avec les enfants. Avant d’aller sur le plateau, on travaillait ensemble et une compréhension s’est installée. En quarante jours de tournage, ce fut éprouvant mais on y est arrivés !
Vous jouez deux rôles d’affirmation féminine. Comment vous-y êtes-vous retrouvée ?
Ce sont deux rôles que j’ai aimé car j’ai toujours voulu défendre la cause des femmes. Je suis battante mais je ne suis pas méchante avec les hommes ! Je n’ai jamais aimé la vie facile : il faut gagner sa vie honnêtement tout en se faisant respecter. Quand j’ai lu les scénarios, j’ai su que c’était des rôles pour moi. Ce n’est sans doute pas par hasard qu’on m’a demandé de les jouer !
Et maintenant, les gens que vous rencontrez savent qu’il faut faire attention ?
(rires) Je fais du Taek-wan-do et on me respecte, mais je suis cool. Je suis très calme, non-violente.

///Article N° : 2784

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