Nouveautés du disque

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Jorge Humberto (le poète de Mindelo), « Identidade » / sortie Octobre 2004
Ces premières compositions datent de 1975, année de l’indépendance de son pays . Mais c’est en 1982 que notre artiste en herbe commence à jouer les classiques de l’Île à la guitare, particulièrement inspiré par d’anciens poètes comme Eugenio Tavares et B. Leza perçus comme des chroniqueurs sociaux .
Ajourd’hui, il paraît plus proche de la dimension philosophique que de la critique sociale .
Ce quatrième album de Jorge Humberto affiche l’identité créatrice de l’artiste : l’usage de la métaphore pour dire le quotidien de son île du Cap Vert en offrant une toile poético-musicale riche de réflexion philosophique.
L’usage d’un Créol originel profondément enraciné dans l’histoire de l’Île confère à son expression une exactitude des plus haut niveaux et le rapproche des poètes et écrivains comme Baltasar Lopes ou Jorge Barbosa, protagonistes du mouvement littéraire de la « Claridade » pendant les années trente à Mindelo.
Un cokctail de mornas et de coladeiras, mamelle de ce blues venant de l’Atlantique.
Loutchinha, « Figura d’Soncente » / sortie Décembre 2004
La chaumière familiale de Loutchinha a toujours baignée dans l’écho de la musique car son père marin, qui égrennait en permanence des chapelets entiers de mornas et de coladeiras.
C’est à la radio nationale qu’elle fit ses premiers pas de chanteuse avec des jeunes de son âge en interprétant des chants patriotiques que la station diffusait en boucle pour célébrer l’indépendance fraîchement acquise en 1975.
Et c’est en rejoignant sa mère en Italie qu’elle affûtera son outil vocal en suivant des cours particuliers et dans le chœur international de la ville de Rôme pour enfin affronter et se conforter sur la scène avec Teofilo Chantre, musicien de l’archipel déjà en vue en France.
Sur cet album d’une voix solide et enjouée Loutchinha revisite son passé nostalgique dans Caminho di’mar (la ballade du migrant) , rend hommage à la femme de Sao Vicente (sa ville natale) et à la Créolité dans Figura Criola, une mornas dansante.
Dotée d’énergie et d’une voix fraîche Loutchinha se veut l’héritière de toiutes celles qui comme Cesaria Evora ont fait rayonner la musique du Cap Vert dans le monde.

Ballou Canta & Luciana,  » Rumba Lolango  » / Lusafrica / sortie le 11 Juin 04
Certainement fatigué par la saturation du Ndombolo de plus en plus stérile, le duo Ballou Canta & Luciana Demingongo décide avec cet album de revisiter cinq décennies de Rumba congolaise illustrées par le son des différentes écoles qui les ont nourries. Alternant les différentes écritures, l’album offre des pièces presque entièrement acoustiques, des sans batterie (l’usage de cet instrument ne se développera que dans les années 60) ou des qui reprennent le ronflement de la contrebasse ou l’accordéon des débuts de l’épopée.
On retrouve les bonnes vieilles recettes aux accents afro-cubains des Bantous de la capitale des années 70 (Gradi), le lyrisme de Bella Bella (Pokola) ou encore l’ambiance sulfureuse du célèbre OK Jazz de Franco.
Au total 12 titres intemporels qui suscitent les déhanchements ondulants et qui disent les joies et les tourments des passions amoureuses.
Martinho Da Vila,  » Conexões  » / Lusafrica / sortie le 2 Juillet 04
Ce 37e album du prolifique Martinho traduit parfaitement son engagement de  » connectionneur « . Il jette des ponts entre lusophonie et francophonie, entre Brésil et Afrique. Avec la complicité d’un ami congolais il traduit en Français certains passages de ses nouvelles compositions et reprend en version batuqueira « La Bohème » de Charles Aznavour.
Dans son portugais maternel il offre comme à son accoutumée des chansons au rythme entraînant et reprend sur cet album quelques-uns de ses grands succès comme Mulheres (Femmes), Devagar Devagarinho (Lentement) ou encore Chora Crolina (Pleure Caroline)
La sensibilité et l’humour avec lequel il peint les scènes quotidiennes touchent toutes les classes sociales et lui acquièrent et le grand public et les critiques.
Martinho Da Vila est le premier « sambiste » à vendre plus d’un million d’albums avec Tà delicia, Tà gostoso en 1995. C’est une référence de la Samba au Brésil qui nous arrive donc avec 14 titres de « connection » des Continents et des Langues.
Fenoamby (Phénomène),  » Tany Mlaza  » (Terre Célèbre !) / Toutes Couleurs Production / sortie 4e trimestre 2004
Le cinquième album de Marius Fontaine dit Fenoamby est encore plus hétéroclite que les précédents. En plus du Salegy, du Watcha-Watcha, du Sigoma, ou du Malesa, classiques de l’Île rouge il ouvre sa dernière œuvre sur le Maloya réunionnais, le Rap de la sono mondiale et le re-gassy, le reggae malgache.
Sa musique se veut festive et demeure fidèle dans l’usage du « Kabosy », petite guitare typique malgache, de la « Vahila » autre particularité à cordes de la grande île, de l’accordéon et du saxo.
Lokua Kanza,  » The Best Of  » / Ye Wo music / sortie en Octobre 2003 / distribution Afrique : Showbiz
On ne risque pas de trouver de suite ce best of de Lokua Kanza dans les bacs occidentaux puisqu’il n’est exclusivement sorti qu’en Afrique.
Seize titres triés sur le volet résument la carrière de Pascal Lokua Kanza depuis la sortie en 1993 de son premier opus, certainement la meilleure de ses œuvres à ce jour.
De sa voix sensuelle, mélancolique, nostalgique, pleureuse ou berceuse, Lokua ballade son auditeur pendant 54 mn à travers ses univers et ses atmosphères. À chaque pièce son décor : sahélien, aquatique, urbain, rituel, mondain ou de forêt.
La juxtaposition dans ce best of des morceaux choisis des quatre productions de l’artiste illustre parfaitement les hésitations de choix définitifs entre un Lokua acoustique et un Kanza-orchestre-à-gros son.
L’artiste vient de boucler son cinquième album dans les studios de Boulogne. Il nous dira finalement si c’est le Lokua Kanza à deux facettes, acoustique et électrique qui accordera tout le monde. On y reviendra…

Née dans un village de bergers et de cultivateurs à 400 km de Dakar , au Sénégal , Fania a vécut toute son adolescence en Afrique avant de s’installer à 17 ans en France .
De ses origines peuls , elle garde un goût prononcé du voyage , une quête permanente de la connaissance , un attachement quasi obsessionnel à la nature , un souvenir impérissable de la douceur des mélodies soninkés chantées par sa mère et des danses sahéliennes au clair de lune
C’est de cette mémoire que « Naturel » se nourrit pour proposer 12 titres où cohabitent acoustique et technologie sans s’étouffer .
Dans « Sopi » , son premier album , Fania prônait le changement . Aujourd’hui , chantant en Peul , en Wolof et en Malinké , les langues véhiculaires d’Afrique Occidentale , avec
« Naturel » elle milite pour une redécouverte des valeurs ancestrales , pour la cause noire et pour la reconnaissance de la culture mixte des enfants de la diaspora .

///Article N° : 3427

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