Le Cercle des pouvoirs

De Daniel Kamwa et Jules Takam

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Homme-orchestre, Daniel Kamwa est à la fois le réalisateur et l’acteur principal du Cercle des Pouvoirs. Signalons quand même la présence comme premier assistant de Jean-Pierre Dikongué-Pipa, auteur de l’admirable Muna Moto (1976). Même si le film n’a pas, loin s’en faut, cette force poétique et pêche par un dialogue trop verbieux ôtant toute émotion, Le Cercle des pouvoirs s’impose par son contenu.
Un journaliste vertueux dérange tout le monde en mettant le nez dans diverses corruptions affairistes et politiciennes. Avec une impressionnante aisance, il est le seul à surnager au-dessus des cercles de pouvoir qui enferment la société africaine. Pour mieux les mettre à jour. Un montage en cercle explore tour à tour les sphères politiques, sociales, magiques et affectives dont chaque personnage est censé représenter un archétype. Le film aligne ainsi une série de clins d’œil à un public qui ne peut que reconnaître les mécanismes pipés de la société qu’il subit.
Là est sans doute la clef du succès populaire des films de Kamwa qui avait fait des tabacs avec Pousse-Pousse (1975) et Notre fille (1980). Ce souci de pointer le doigt n’évite ni le manichéisme ni le dialogisme mais nomme ce que le discours officiel refuse de reconnaître. On s’identifie volontiers à ce journaliste si habile et déterminé et on souhaite qu’il fasse des petits dans une société par trop policée. Pius Njawé, emprisonné pour avoir laissé supposer que le président Biya avait eu un malaise durant un match, joue dans le film le rôle du policier ! C’était sa manière de dire, précise Kamwa, que, bien qu’ayant été longtemps harcelé, il n’en gardait pas rancune. Son tragique destin (personne n’envierait sa place à la prison de New Bell) montre, si cela était encore nécessaire, la nécessité de ce film.

Cameroun 1996, 115 mn. Avec Daniel Kamwa, Ambroise Mbia, Aïssatou Gidjir, Max Ndogo Onana, Gaylord Kamwa.///Article N° : 351

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