Sociologie de l’immigration

Andréa Réa, Maryse Tripier, Éditions La Découverte, Collection Repères, Paris, 123 pages

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Écrit par deux sociologues, cet ouvrage bref et dense vient apporter un éclairage synthétique fort utile sur une question au cœur des controverses suscitées par l’interdiction du port du voile à l’école : l’intégration des immigrés et de leurs descendants.
Partant des textes fondateurs de l’École de Chicago (années 1910), égrenant concepts et modèles explicatifs, les auteurs retracent le cheminement de la sociologie de l’immigration. Exposant les débats internes à la discipline, mais aussi entre États, ils présentent un regard croisé entre les approches américaine et française.
À travers l’examen de nuances géographique et temporelle, l’ouvrage met en lumière la complexité des questions posées par l’intégration, questions que les discours politiques et médiatiques ont tôt fait de déformer et manipuler. Évoquant la violence symbolique des discours d’infériorisation, de stigmatisation et de  » disqualification collective  » qui frappent les immigrés et leurs descendants, l’argumentaire permet de saisir combien  » la réussite de l’intégration est soumise à la levée des discriminations « , ainsi qu’au libre et égal accès aux  » possibilités économiques et politiques « . Combien aussi, plutôt que d’être l’expression d’un refus d’inclusion sociétale, les affirmations identitaires ethniques ou religieuses sont, avant tout, l’expression d’une réaction à une marginalisation sociale et à l’imposition de stéréotypes collectifs caractérisés par des logiques de domination.
Cette incursion au cœur de la sociologie de l’immigration permet de tirer des conclusions d’une actualité permanente. Questionner l’intégration des immigrés et de leurs descendants consiste avant tout à s’interroger sur la société d’installation et les contradictions de son modèle d’intégration. Contradictions parmi lesquelles on peut citer, dans le cas de la France, la paradoxale coexistence d’une  » injonction d’invisibilisation des communautés immigrées  » et d’une  » assignation permanente à l’altérité par le langage « , assignation qui touche les descendants d’immigrés, même français. Puisqu’en effet  » on continue de parler d’immigration alors qu’on évoque des populations installées de longue date, voire françaises et nées en France.  » Et l’ouvrage de mettre en évidence, avec force, les difficultés de la société française à questionner son identité nationale.

///Article N° : 3864

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