Le récit de voyage aux lisières du roman : l’exemple des Voyage et aventures de François Leguat et de ses compagnons en deux îles désertes des Indes orientales

Université de Paris IV-Sorbonne(C.R.L.V.) / Middlebury College (Vermont)

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La crise de la conscience européenne s’accompagne au cours de la dernière décennie du dix-septième siècle d’une crise de la fiction. Quand le roman classique s’éteint, s’imposent alors ces formes proches à un titre ou à un autre du roman mais dont les possibilités narratives ont jusqu’alors été mésestimées. A l’instar de la lettre ou des mémoires, le voyage va, au gré de son écriture et de ses réécritures, véhiculer les interrogations, les doutes et les remises en question de cette période. De ces interrogations, de ces doutes et de ces remises en question, les représentations du Cafre et du Hottentot portent puissamment la marque dans le récit que François Leguat a laissé de son étonnant périple et de ses romanesques aventures dans les Indes orientales. En dépit du fait qu’il ait été imprimé avant The Farther Adventures of Robinson Crusoe de Daniel Defoe (1), le récit des Voyage et aventures de François Leguat et de ses compagnons dans deux îles désertes des Indes orientales (2) a tout de la robinsonnade. Voyage interrompu par des circonstances fortuites, appropriation de l’île sur laquelle le héros échoue, épreuve de l’abandon, présence de menaces extérieures, rencontre avec autrui… Tous ces éléments qui intégreront le schéma narratif des robinsonnades et qui en deviendront les motifs constitutifs figurent en effet dans ce récit dont la traduction allemande qui sera imprimée en 1723 aura d’ailleurs pour titre : Der Frantzosische Robinson (3). Le récit des Voyage et aventures de François Leguat et de ses compagnons dans deux îles désertes des Indes orientales fait suite à un véritable voyage qui a duré huit ans et douze jours. C’est en août 1689 que François Leguat rejoint la Hollande et qu’il prend la décision d’embarquer à destination de l’île d’Eden à bord de l’Hirondelle. Mais l’ambitieux projet de colonisation s’est transformé en simple voyage d’exploration. C’est donc au capitaine Antoine Valleau et à François Leguat lui-même, en tant que doyen des passagers, qu’il revient de veiller au respect des ordres donnés par le marquis Henri Du Quesne. Après avoir quitté Amsterdam en juillet 1690, être passé par le nord des îles Shetland, avoir fait escale à l’île du Sel au Cap Vert, franchi l’Equateur, atteint le Cap en janvier 1691, l’Hirondelle abandonne François Leguat et ses compagnons sur l’île Rodrigue en avril. Après y être demeurés quelques mois et ne voyant personne venir les ravitailler, ils parviennent non sans difficulté à quitter Rodrigue et à rejoindre l’île Maurice. Mais suite à des malversations, ils sont déportés sur un îlot où ils demeurent encore quelques mois avant d’être transférés à Batavia. Entendus, ils sont finalement libérés, et autorisés à rentrer en Europe. Sur le chemin du retour, François Leguat et ses compagnons font de nouveau halte au Cap. Cette seconde escale fait l’objet d’une description particulièrement détaillée dans le récit des Voyage et aventures, le narrateur consacrant un assez long développement aux mœurs des Hottentots ainsi qu’à la politique menée à leur égard par la Compagnie. Dans ce compte rendu d’une expérience vécue qui ressortit donc autant de la robinsonnade que du roman vrai (4), on verra en quoi le portrait des hideux Hottentots et la description de leurs répugnantes mœurs procède d’un discours doublement rapporté et dans quel sens leur féroce représentation est moins consécutive à l’exercice d’un regard qu’elle ne consiste en un savant agrégat de visa, d’audita et de lecta.
Les jeux de la vérité et du mensonge : les ambiguïtés de la « Préface«  des Voyage et aventures ou le « mentir vrai«  du voyageur
C’est très vraisemblablement parce qu’il est conscient que son ouvrage ressortit plus du roman vrai que de l’authentique relation de voyage que le polygraphe François-Maximilien Misson, un des membres parmi les plus révérés de la communauté huguenote londo-nienne, proche des libraires hollandais, des journalistes des Nouvelles de la République des Lettres et le véritable auteur des Voyage et aventures de François Leguat et de ses compagnons dans deux îles désertes des Indes orientales (5), l’enrichit d’une « Préface » dans laquelle il déploie toute son habileté pour assurer le lecteur de la véracité de son récit tout en l’incitant dans le même temps à mettre en doute cette véracité. Comme l’écrit fort justement Jean-Michel Racault, la préface est médiatrice « en s’efforçant d’effacer leurs limites respectives, entre le fictif et le non fictif, entre le vrai et le faux, entre le texte du roman et le hors-texte de la vie. Cependant, la revendication trop insistante du vrai peut aussi bien aboutir à l’inverse de l’effet théorique recherché et donc renforcer le soupçon de mensonge qui s’attache à tout récit de voyage, en vertu du vieux proverbe : « A beau mentir qui vient de loin. » Élément essentiel d’une stratégie réaliste, poursuit-il, le discours préfaciel peut donc également apparaître comme le lieu d’une ambiguïté voulue, d’un jeu ironique sur le vrai et le faux. » (6) En excipant du vif intérêt qu’il trouve à lire les préfaces, en affirmant et en réaffirmant que sa relation ne comporte que des choses qu’il a vues de ses yeux, même si d’autres les ont décrites et qu’en dépit de « tout ce qu’il y a de particulier et d’extraordinaire dans les faits et les aventures » qu’il relate, le récit qu’il a mis en forme n’est ni une fable, ni un roman, Misson use d’artifices qui sont précisément ceux qu’utilisent les romanciers, les auteurs de voyages fictifs, de voyages imaginaires et autres utopies narratives.
« J’ai déjà dit et je répéterai encore, écrit-il, que ce qui donne quelque valeur au peu de choses que j’ai été encouragé de vous présenter, c’est premièrement ce qu’il y a de particulier et d’extraordinaire dans les faits et les aventures. Habiter deux ans un désert, s’en sauver par merveille, retomber de Charybde en Scylla, comme dit le proverbe ancien, souffrir mille misères pendant trois nouvelles années sur un rocher sec par une persécution inouïe, en être délivré contre l’apparence, et le tout avec des circonstances étranges, il y a en cela quelque chose de singulier. Secondement, c’est la pure et naïve vérité de tout ce que je raconte. Je n’ai point eu la pensée d’embellir mes récits en exagérant rien aux dépens de cette vérité que j’ai toute ma vie respectée. Et j’ajouterai, pour votre satisfaction, qu’il y a encore deux témoins vivants de ce que j’avance. »
Aussi, que la « Préface » de cette relation soit à ce point ambiguë ne saurait être le fait du hasard. Si Misson, qui est un homme de lettres de métier, prend un si malin plaisir à sou-tenir de manière aussi insistante que cette relation est authentique, c’est précisément pour inviter son lecteur à penser qu’elle ne l’est pas, et qu’elle n’est rien d’autre qu’un roman (7).
Le compte rendu d’une expérience vécue. Le roman vrai des aventures de François Leguat et de ses compagnons dans l’Océan indien
Le tournant des dix-septième et dix-huitième siècles est marqué sur le plan culturel par une crise assez profonde qui est à l’origine de la recherche par les auteurs de formes nouvelles. Cette « crise de la conscience européenne » engendre une crise du roman. Honoré d’Urfé, Marin Le Roy de Gomberville et Mademoiselle de Scudéry ne sont plus au goût du jour (8). Le public s’est lassé des grandes machines du roman, du roman pastoral, du roman héroïque et du roman galant. Il est en revanche avide de témoignages authentiques et d’horizons lointains comme l’attestent les voyages utopiques et les nouvelles exotiques dont le succès va grandissant au tournant des dix-septième et dix-huitième siècles (9). Aussi les mémoires fictifs et les récits de voyage font-ils partie de ces genres narratifs à visée documentaire qui participent du renouvellement des formes et enjeux de l’énoncé roma-nesque quand ils ne sont pas purement et simplement des romans. François-Maximilien Misson joue d’ailleurs dans la « Préface » des Voyage et aventures de François Leguat et de ses compagnons en deux îles désertes des Indes orientales de cette ambiguïté générique caractéristique de l’énoncé viatique. « Il y a une chose fort vraie que l’on ajoutait et qui a beaucoup contribué à vaincre ma répugnance, écrit-il. C’est qu’on me nommait un grand nombre de faux voyages, et même assez mal inventés, qui ne laissaient pas de se débiter. En effet, disais-je en moi-même, tel et tel (je résiste à peine à l’envie d’en nommer quinze ou vingt), tel et tel téméraire a eu l’audace d’imposer au public et de lui mettre en main des fourberies ridicules, qui ont été reçues ; pourquoi donc ne serait-il pas permis à un honnête homme de raconter des choses vraies, et dont il y a quelque usage à faire ? De misérables romans, avec leurs fables mal ajustées, trouvent des acheteurs, pourquoi mon roman véri-table aurait-il une destinée plus malheureuse ? » Bien que le récit des Voyage et aventures de François Leguat et de ses compagnons soit le compte rendu d’une expérience réelle-ment vécue, il emprunte au roman inspiré de voyages authentiques un certain nombre de procédés narratifs. Si les circonstances dans lesquelles François Leguat et ses compagnons sont débarqués sur l’île Rodrigue, les conditions dans lesquelles ils sont contraints de survivre au quotidien, les circonstances tragiques dans lesquelles ils quittent leur île pour être laissés sur un îlot et abandonnés à la famine et aux caprices de la fortune, sont romanesques à souhait, elles n’en sont pas moins véridiques, confirmées par des documents d’archives aujourd’hui conservés à La Haye, à Madagascar et au Cap de Bonne-Espérance (10). L’énoncé viatique et l’énoncé romanesque ne sont donc pas seulement proches du fait des procédés narratifs communs qu’emploient leurs auteurs. Ils sont plus profondément liés par une relation de convergence qui ne permet pas d’opposer de manière tranchée et définitive la vérité documentaire et la fiction romanesque (11). Entre le réel et le fictif on note donc un certain nombre d’interférences, de traces de contamination et de formes d’hybridation qui contribuent à expliquer pourquoi, par delà le cas des Voyage et aventures de François Leguat et de ses compagnons, une relation fictive comme An Historical and Geographical Description of Formosa de George Psalmanazar – qui a donné lieu à une abondante littérature – a été lue au plus fort de cette crise de la conscience européenne comme une authentique relation de voyage, qu’une relation véridique comme Madagascar : Or, Robert Drury’s Journal. During Fifteen Years Captivity on That Island – dont on a longtemps attribué la paternité à Daniel Defoe – a été dans le même temps appréhendée comme un roman, tandis qu’un récit comme la Relation du voyage d’Espagne de Madame d’Aulnoy – qui consiste en un agrégat d’épisodes fictifs inséré dans le récit d’un périple réellement effectu閠 a été lu tantôt comme une authentique relation de voyage et tantôt comme un pur roman (12).
Un discours doublement rapporté : le portrait des hideux Hottentots et la description de leurs répugnantes mœurs
C’est dans le récit de la seconde escale de François Leguat et de ses compagnons au Cap de Bonne-Espérance que sont insérés le portrait des hideux Hottentots et la description de leurs répugnantes mœurs qui agrémentent depuis plusieurs décades déjà les relations de voyages aux Indes orientales. Curieusement, cette seconde escale est improvisée ; ce sont en effet la violence des vents et les avaries qu’ils occasionnent qui contraignent les bâtiments qui font voile en direction de l’Europe, et à bord desquels se sont embarqués François Leguat et ses compagnons, à mettre le cap sur l’île Robben et à mouiller dans la baie de la Table. « Puisque nous sommes heureusement revenus au Cap de Bonne-Espérance, écrit François Leguat, je tiendrai volontiers la promesse que j’ai faite d’ajouter quelques particularités aux choses que j’en ai déjà dites. » François Leguat livre une description très convenue du Cap, de son fort où « logent le gouverneur et tous les officiers de la Compagnie », de son bourg « d’environ trois cents maisons », de son jardin qu’arrosent « des ruisseaux qui tombent de divers endroits », de sa vigne qui rapporte « du fruit deux ans après qu’elle a été plantée » (13), de sa population et de sa faune, à laquelle il ajoute à l’instar de ses prédécesseurs quelques remarques personnelles : « On me dit, si je me souviens bien, pendant que j’étais avec ces bonnes gens-là, lit-on, que le pasteur de leur église, très bon personnage et fort sensé, comme on le verra tout à l’heure, s’occupait de puis quelques temps à faire une nouvelle tra-duction des psaumes en vers, ou du moins à corriger de son mieux la version de Marot et de Bèze, pour rendre ces sacrés cantiques intelligibles. C’est une chose étonnante et déplorable, pour ne pas dire absurde et criminelle, qu’on ait tardé si longtemps à mettre en exécution le dessein formé en France dans les derniers temps de substituer enfin une traduction propre à édifier au jargon ancien, devenu ridicule, barbare et scandaleux. La nécessité de cette réformation est si grande et si palpable qu’il faut, pour ne pas la voir et pour n’y pas céder, ou le travers d’esprit le plus effroyable, ou quelque secrète raison d’orgueil, ou quelque vilain motif d’intérêt, ou je ne sais quoi d’incompréhensible. » (14) Le portrait très circonstancié qu’il livre des Cafres et Hottentots réunit les éléments qui composent habituellement le portrait des Hottentots (15). « Les Cafres Hottentots sont des gens de laide et vilaine figure, si l’on peut donner le nom d’hommes à de pareils animaux », écrit-il, avant de faire mention du tablier des femmes que couvre « une espèce de cotillon », de leurs mamelles « deux longues vessies de cochon, demi-sèches et demi-enflées […], dont la peau est noire, ridée et rude comme du chagrin », de « ce que font les mères à leurs enfants mâles nouveau-nés, lorsqu’elles leur arrachent avec les dents le testicule droit et qu’elles le mangent », de leur paresse, « la nécessité étant le seul aiguillon qui les pousse au travail », de leur saleté, de « tout [leur]hideux ridicule », de leur odeur si fétide « qu’on ne saurait approcher d’eux sans se sentir soulever le cœur », de « cet espèce de culte » qu’ils rendent à la lune, de la sévérité de leurs châtiments, de leurs répugnantes mœurs phagiques, de leur coquetterie aussi : « chose étrange, écrit-il, que ces vilains salots qui vivent comme des cochons soient pourtant capables de penser à des ajustements ! » Comme ses prédécesseurs, François Leguat complète ses propres observations par des souvenirs de lectures, des témoignages de compagnons de route – « mes amis m’ont généralement assur酠» ; « mes amis, qui en ont vu, se moquent… » – et de résidents – des gens dignes de foi, qui sont parmi eux depuis plusieurs années, m’ont dit la chose autrement, et m’ont assur酠» – (16). Mais on a ici affaire à un discours doublement rapporté dans le sens où les informations qu’il a réunies sur les sauvages hottentots et leurs mœurs ont très vraisemblablement été complétées par Misson, ainsi qu’invitent à le penser les paragraphes sur lesquels se clôt leur portrait et qui consistent en une idéalisation primitiviste qui préfigure une esquisse des plus intéressantes de ce que sera le Bon Sauvage Hottentot de Peter Kolb.
Un portrait revu et corrigé : François-Maximilien Misson et l’idéalisation primitiviste du Bon Sauvage Hottentot
En dépit d’incises qui visent à indiquer que cette description – tout comme l’intégralité du récit d’ailleurs – est bien le fait de François Leguat – « comme m’en a diverses fois assuré un curieux voyageur qui a pénétré deux cents lieues avant dans le pays » –, les paragraphes sur lesquels se clôt la description des mœurs hottentotes est l’œuvre de François-Maximilien Misson. Soulignant leur remarquable connaissance des simples – »Quelque ignorants, ou plutôt quelque bêtes que soient les Hottentots, ils connaissent les simples et s’en servent heureusement, lit-on. Que l’on soit mordu d’une bête veni-meuse, que l’on soit blessé ou ulcéré, qu’il y ait enflure ou inflammation, etc., ils connaissent à point nommé la plante nécessaire pour la guérison, et administrent ce remède avec plus de succès que nous n’employons les nôtres. » – (17), décrivant leur manière extrêmement galante de faire l’amour – « J’ai souvent vu leurs jeunes gens faire l’amour d’une manière extrêmement galante : l’amoureux s’approche de sa belle, qui l’attend debout ou assise, et sans lui rien dire il lui présente en souriant le second doigt de la main droite vis-à-vis des yeux, comme s’il les lui voulait crever ; et après qu’il a ainsi remué le doigt pendant un quart d’heure, en riant toujours, le portant incessamment d’un œil à l’autre, il s’en va comme il était venu. Leurs mariages se font sans façon. » – (18), évoquant leurs croyances et détaillant leur mode de gouvernement – « Ni cette nation ni les autres de la pointe méridionale de l’Afrique, lit-on, ne sont absolument pas sans gouvernement. Ils ont des chefs héréditaires même, et auxquels on peut d’autant plus raisonnablement donner le nom de rois qu’ils portent des espèces de couronnes, comme m’en a diverses fois assuré un curieux voyageur qui a pénétré deux cents lieues avant dans le pays. Mais quoique ces chefs aient peut-être, de droit, une inspection générale sur toute la conduite des peuples, le fait est qu’ils n’exercent guère leur office qu’en guerre, et même pas toujours. » –, Misson livre des Hottentots une image plutôt positive, qui contraste avec celle qui se profile à l’issue de la lecture des paragraphes sur lesquels s’ouvre leur portrait et la description de leurs mœurs. Sous sa plume, les Hottentots apparaissent bons, généreux, doux, affables, pacifiques, et même s’ils « punissent sévèrement le meurtre volontaire, l’adultère et le larcin », ils ont « diverses autres pratiques constantes, fondées sur l’équité naturelle, pour la conservation de l’espèce et de la République » car « les habitants répandus çà et là forment par cantons de petites espèces de républiques, où ils observent de certaines coutumes qui leur sont devenues des lois politiques. »  (19) Si les Hottentots que décrit Misson n’ont rien des sauvages que décrivent habituellement les voyageurs de passage au Cap de Bonne-Espérance, s’ils sont plus civilisés que les Hottentots du chevalier de Chaumont, de l’abbé de Choisy, du comte de Forbin, ou encore de Jean Donneau de Visé, qui ne s’est jamais rendu au Cap, ils n’ont pas encore de mémoire, ils n’ont pas encore d’histoire : « quelque relation que je me souviens confusément d’avoir lue, écrit Misson, parle d’eux comme d’astrologues, mais il faut que leur astrologie soit bien peu de chose ; du moins suis-je assuré qu’ils ne font aucune division des temps, et qu’ils ne distinguent ni semaines, ni mois, ni années. » (20) Les Hottentots dont François-Maximilien Misson livre un portrait élogieux à la suite du portrait brossé par François Leguat par rapport auquel il s’inscrit parfois en porte-à-faux, ne sont pas encore ceux de Peter Kolb ou de l’abbé Antoine Banier (21), mais ils annoncent ce que sera le Bon Sauvage Hottentot.
Bien qu’il ait un temps été lu comme un roman fabriqué de toutes pièces, que François-Maximilien Misson, qui l’a en grande partie réécrit, ait pris un malin plaisir à conférer à ce qui n’était sans doute à l’origine que le compte rendu d’une expérience vécue, les atours du roman vrai, le récit des Voyages et aventures de François Leguat et de ses compagnons en deux îles désertes des Indes orientales est la relation d’un exceptionnel périple dans l’Océan indien. Le portrait des Hottentots qu’il contient est loin de procéder de l’exercice d’un regard dénué de préjugés. Discours doublement rapporté, il n’en demeure pas moins intéressant en ce qu’il concilie deux représentations opposées.

1. The Farther Adventures of Robinson Crusoe […], by Daniel Defoe, London, William Taylor, 1719. Trad. fr. : Daniel Defoe, La Vie et les Avantures surprenantes de Robinson Crusoe […]. Traduit de l’anglois par Justus Van Effen et Thémiseul de Saint-Hyacinthe, Amsterdam, L’Honoré et Chatelain, 1720. Il s’agit d’une fausse adresse. L’ouvrage a été imprimé à Rouen par Jean-Baptiste Machuel. Trad. all. : Daniel Defoe, Das Leben und die […] merckwürdigen Begebenheiten des weltberühmten Robinson Crusoe […], Leipzig, Weidmann, 1721.
2. Voyage et aventures de François Leguat et de ses compagnons en deux îles désertes des Indes orientales. Avec la relation des choses les plus remarquables qu’ils ont observées dans l’île Maurice, à Batavia, au cap de Bonne-Espérance, dans l’île de Sainte-Hélène et en d’autres endroits de leur route […], Amsterdam, Jean-Louis de Lorme et Londres, David Mortier, 1708.
3. Le récit des Voyage et aventures de François Leguat a fait l’objet de trois traductions en allemand. En 1751 paraît une relation ayant pour titre Der neue Frantzosische Robinson. C’est sans doute pour capter l’attention des lecteurs que le Der Frantzosische Robinson, la seconde de ces traductions a séduits, que Graf von Kermalck choisit d’intituler ainsi son ouvrage. Der neue Frantzosische Robinson oder das veränderliche Glück in den ausserordentlichen Begebenheiten des Grafen von Kermalek in zweyen Theilen abgebildet und seiner Artigkeit vegen aus dem Französischen verdeutscht, Franckfurt, Georg Peter Monath, 1751.
4. « L’auteur de Robinson, grand lecteur de récits de voyages, a-t-il connu l’ouvrage de François Leguat ? s’interroge Jean-Michel Racault. Rien ne permet de l’affirmer. Les similitudes de scénario ne sont, poursuit-il, guère évidentes : il s’agit ici de l’aventure d’un groupe, non de celle d’un naufragé solitaire, et les sauvages cannibales en sont absents, tout comme le personnage de Vendredi ; si toute l’entreprise de Robinson consiste à reconstituer avec les moyens du bord, par la maîtrise technique de la nature, grâce à l’agriculture, à l’élevage, à l’artisanat, un équivalent approché de la civilisation matérielle de son monde d’origine, l’itinéraire de Leguat et de ses compagnons est nettement régressif […]. » Le récit des Voyage et aventures de François Leguat et de ses compagnons en deux îles désertes des Indes orientales n’est donc pas à proprement parler une robinsonnade avant l’heure et il est même fort peu probable qu’elle ait inspiré à Daniel Defoe un quelconque épisode de The Farther Adventures of Robinson Crusoe, being the second and last part of his life […], à un point près, comme le note Jean-Michel Racault, « où les deux textes manifestent une remarquable convergence, c’est la valeur à la fois politique et religieuse dont [Leguat et Defoe] investissent le site insulaire. » Sur ce point : Jean-Michel Racault, « Introduction » [in]Voyage et aventures de François Leguat et de ses compagnons en deux îles désertes des Indes orientales (1690-1698), op.cit., p.5-40. Cit. p.33.
5. « Une personne très bien instruite de tout ce dont on donne la relation dans ce voyage, écrit le journaliste Jacques Bernard dans les Nouvelles de la République des Lettres, m’avertit qu’il y a quelques faits outrés, qu’on en a omis quelques-uns d’essentiels et qu’on y en a mis quelques autres d’absolument faux […]. On assure, enfin, que tout le livre est un tissu de fatras, qui enveloppe tellement les aventures véritables qu’il faut le refondre pour le corriger ; ce que quelqu’un pourra peut-être faire un jour. Il est étonnant, ajoute-t-il, qu’une main étrangère ait ainsi défiguré un voyage qui paraissait devoir se soutenir par les seules aventures véritables dont on pouvait le composer. » Cette « main étrangère » est celle de François-Maximilien Misson qui, comme l’écrit Casimir Freschot dans la « Préface » de sa Nouvelle Relation de la ville et République de Venise, prête au Voyage de François Leguat « la préface et la forme sous laquelle il paraît. » Cette attribution est confirmée par Prosper Marchand. « Lorsqu’on saura que l’auteur n’a fourni que les matériaux de cet ouvrage, écrit-il, et que c’est M. Misson qui l’a rédigé par écrit, on ne sera plus surpris de voir François Le Guat dire des injures au P. de Montfaucon, bénédictin qu’à peine il pouvait connaître. » Sur ce point : Isabella Henriette Van Eeghen, « The voyages and adventures of François Leguat » [in]The Huguenot Society’s Proceedings, vol.18, 1947-1952, p.408-409 ; Jean-Michel Racault, « Introduction » [in]Voyage et aventures de François Leguat […], op.cit., p.12 et 26.
6. Jean-Michel Racault, « Les jeux de la vérité et du mensonge dans les préfaces des récits de voyages imaginaires à la fin de l’Age classique (1626-1726) » [in]François Moureau, dir., Métamorphoses du récit de voyage. Actes du Colloque de la Sorbonne et du Sénat (2 mars 1985). Préface de Pierre Brunel, Paris / Genève, Champion / Slatkine, 1986, « Littérature des Voyages », p.82-109. Cit. p.83-84.
7. Voyage et aventures de François Leguat […], op.cit., p.49. « Tout se passe donc, écrit Jean-Michel Racault, comme si les procédures d’authentification parfois extrêmement raffinées mises en œuvre par le discours préfaciel semblaient prendre plaisir à se contester elles-mêmes, soit que l’éditeur réintroduise comme par mégarde le soupçon de fraude qu’il affecte de vouloir écarter, soit que, comme Swift, il mette en place un dispositif ironiquement autodestructeur. Plus qu’une volonté effective d’abolir les frontières du romanesque et du vécu en faisant passer pour vrai ce qui n’est qu’inventé, les préfaces des voyages imaginaires de la fin de l’âge classique traduisent peut-être le souci d’instaurer l’ambiguïté ludique du « mentir vrai », le jeu du réel et du fictif. » Jean-Michel Racault, « Les jeux de la vérité et du mensonge dans les préfaces des récits de voyages imaginaires à la fin de l’Age classique (1626-1726) » [in]François Moureau, dir., Métamorphoses du récit de voyage, op.cit., p.109.
8. Honoré d’Urfé, L’Astrée […], Rouen, Augustin Courbé, 1646-1647, 9 vol. in-8° ; Marin Le Roy de Gomberville, Le Polexandre […], Rouen, Augustin Courbé, 1638-1641, 3 vol. in-8° ; Mademoiselle de Scudéry, Clélie, histoire romaine […], Paris, s.éd., 1656, 10 vol. in-8°.
9. « Le succès de la nouvelle exotique, du voyage utopique et de la relation romancée, écrit Jacques Chupeau, apporte un témoignage […] significatif de l’influence du voyage sur le renouvellement du récit à l’époque classique. Les histoires rapportées par les voyageurs, poursuit-il, ont contribué à l’avènement du genre bref : mais la nouvelle exotique se perd ensuite dans une production abondante et médiocre, un exotisme d’emprunt transformant les intrigues africaines et turques en un simple avatar de la nouvelle galante, ou comique, ou tragique. Les relations imaginaires ou romancées, en revanche, consacrent l’annexion par le roman d’une forme étrangère, qui sert à masquer les fantaisies de la fiction ou les audaces de la pensée critique. Qu’il s’agisse d’une spéculation philosophique et politique déguisée en voyage […], d’une aventure réelle habillée en roman […], ou de fictions camouflées dans un itinéraire véritable […], la narration emprunte dans tous les cas les voies de l’imita-tion et du pastiche, en soulignant ironiquement les procédés de l’illusion. » Jacques Chupeau, « Les récits de voyages aux lisières du roman » [in]Revue d’Histoire Littéraire de la France, n°3-4, 1977, p.536-553, Cit. p.552-553.
10. Archives nationales, Fonds des Colonies, Correspondance de l’île Bourbon, C.3, vol.1. Plusieurs documents retrouvés dans ce fonds et relatifs au périple de François Leguat ont été reproduits par Emile Rainer dans son ouvrage tandis que les documents d’archives conser-vés au Cap et renvoyant également aux tribulations de François Leguat ont été en partie réunis par Hendrik Leibbrandt dans deux ouvrages. Hendrik Leibbrandt, Rambles through the Archives of the Colony of the Cape of Good-Hope, 1688-1700, Cape Town, Juta, 1887 ; Precis of the Archives of the Cape of Good-Hope. Letters received, 1695-1708, Cape Town, Richards and Sons, 1896 ; Emile Rainer, L’Utopie d’une république huguenote du marquis Henri Du Quesne et le voyage de François Leguat, Les Ecrivains associés, Paris, 1959.
11. « Ce n’est pas seulement, écrit Jean-Michel Racault, par l’adoption de certains procédés narratifs que s’établit, entre voyages imaginaires et relations authentiques, une relation de convergence. Entre les premiers et les secondes, pas de distinction tranchée, mais une multitude de glissements et de formes intermédiaires qui interdisent d’opposer sommairement vérité documentaire et fiction romanesque. Les pratiques de l’époque, en effet, font des récits de voyage réels des romans en puissance, tandis que les voyages imaginaires les plus élaborés s’appuient sur un substrat géographique authentique. » Jean-Michel Racault, « Les jeux de la vérité et du mensonge […] », op.cit., p.91.
12. Madame d’Aulnoy, Relation du voyage d’Espagne, Paris, Claude Barbin, 1691, 3 vol. ; An historical and geographical Description of Formosa, an Island Subject to the Emperor of Japan Giving an account of the Religion, Customs, Manners, etc. Of the Inhabitants. Together with a Relation of what happend to the author in his Travels ; particularly his Con-ferences with the Jesuits, and others, in Several Parts of Europe. Also the history and Reasons of his conversion to Christianity, with his objections againts it (in defense of Paganism), and their answers. To which is prefixed, a preface in vindication of himself from the reflections of a Jesuit lately come from China, with an account of what passed between them. By George Psalmanazar, a native of the Said Island, now in London, London, Dan Brown, 1704. Trad. fr. : Description de l’île Formosa en Asie, Amsterdam, 1705 ; Madagascar : Or, Robert Drury’s Journal. During Fifteen Years Captivity on That Island. And a further description of Madagascar. Written by himself, digested into order and now published at the request of his friends, London, William, Meadows, 1729. Rééd. : The Pleasant and surprizing adventures of Robert Drury, during his fifteen years captivity on the island of Madagascar, London, Whittaker, 1731. Sur ce point : Jacques Chupeau, « Les récits de voyages aux lisières du roman », op.cit., p.552-553 ; Jean-Michel Racault, « Les jeux de la vérité et du mensonge dans les préfaces des récits de voyages imaginaires à la fin de l’Age classique (1626-1726) », op.cit., p.94.
13. « Proche de là est le principal jardin de la Compagnie, écrit François Leguat. Il a environ quinze cents pas de long sur deux cent cinquante de large ; mais, à parler naïvement, il ne nous parut pas si magnifique que la description qu’on nous en avait faite. » « Le vin, à la vérité, note-t-il plus loin, n’est pas des meilleurs, car il est fort vert, ce qui procède en partie de ce qu’on ne s’est pas donné la peine de faire choix du plant le plus convenable pour ce terroir-là et pour le climat, et en partie de ce qu’on ne soutient pas les sarments avec des échalas. » Ces deux commentaires sont ceux d’un voyageur. C’est la raison pour laquelle on peut raisonnablement les attribuer ces à François Leguat. Le commentaire qui porte sur le nom Robben, comme celui qui porte sur la traduction des Psaumes entreprise par le révérend Pierre Simond est en revanche plus vraisem-blablement le fait de François-Maximilien Misson. « Je dis Robben et non pas Robin, lit-on, comme font tous nos voyageurs et nos géographes français, qui pour n’entendre pas ce mot en ont détourné le sens et l’orthographe, chose dont on pourrait rapporter mille exemples. Quand nos Français écrivent Robin, ils s’imaginent sans doute que cette île a pris son nom de quelque Robert ou Robin, qui est le diminutif de ce nom, et qui est devenu surnom ; mais c’est une erreur. Elle est ainsi nommée des poissons appelés en flamand Robben, qui sont une espèce de chiens de mer, lesquels se trouvent en abondance autour de cette île et partout dans ces plages-là. » Voyage et aventures de François Leguat […], op.cit., p.207-208.
14. Voyage et aventures de François Leguat […], op.cit., p.211-212. « Cette diatribe, note Jean-Michel Racault, conforme aux options « modernistes » de Misson dans le domaine littéraire, s’ex-plique également par ses relations conflictuelles, depuis l’affaire des « Prophètes des Cévennes », avec la fraction conservatrice des Eglises réformées françaises de Londres (notamment l’Eglise de la Savoie), très attachée à cette version ancienne des Psaumes, liée à toute l’histoire de la Réforme. » Ibid., note 100 p.212. Sur cette traduction : Philippe Denis, « A late seventeenth century translation of the psalms at the Cape » [in]La Revue Française, n°11, juin 2001, p.197-222.
15. « Le voyage de François Leguat est un « Voyage extraordinaire », un roman de l’île déserte écrit en 1707 à partir de sources exclusivement françaises, écrit Geoffroy Atkinson. Les incidents du récit sont fondés sur les Mémoires de Duquesne, sur les Voyages de Du Bois, sur les Six Voyages de Tavernier et très probablement sur la Suite des Voyages de Tavernier, ainsi que sur la Relation de l’Estra. On peut attribuer directement à Du Tertre, Duquesne, Du Bois, Cauche, Carré, Pouchot de Chantassin, Tavernier, Rochefort et Thomas Corneille pratiquement tout ce qui paraît convaincant dans les « observations personnelles » que comporte la narration. Si l’on exclut les incidents et les descriptions évidemment empruntés à ces écrivains antérieurs, de l’histoire racontée il ne reste pas même la coquille. » Geoffroy Atkinson, The Extraordinary Voyage in French Literature from 1700 to 1720, Paris, 1922, p.63. Si la démonstration de Geoffroy Atkinson a longtemps fait autorité, elle n’est plus reçue aujourd’hui ; il n’est pas improbable que François Leguat et François-Maximilien Misson se soient appuyés sur quelques ouvrages pour étayer tel ou tel point de la relation. Mais les Hottentots constituent un lieu commun de la relation de voyage aux Indes orientales. Le portrait que livre d’eux François Leguat procède d’un agrégat de visa, d’audita et de lecta. Tous les éléments qui le composent sont ceux que véhiculent habituellement les marins, les voyageurs de passage et les résidents, et qui ornent traditionnellement les relations que parcourent les voyageurs avant d’emprunter la route du Cap de Bonne-Espérance.
16. Voyage et aventures de François Leguat […], op.cit., p.207-208 et 211. Ces formules ressortissent encore du « mentir vrai » du voyageur ; elles vivent à attester que François Leguat a véritablement effectué ce voyage en même temps qu’elles l’incitent à sérieusement douter de son authenticité. Elles ne sont pas sans évoquer ces quelques lignes tirées de la « Préface » de François-Maximilien Misson : « Entre les choses qui se rapportent par ceux qui ont voyagé les derniers dans des lieux connus et décrits, il est inévitable qu’il n’y en ait pas quelques-unes dont les premiers n’aient pas déjà fait quelque mention, lit-on. Quoi qu’il en soit, à mon égard, lorsque je parle du Cap de Bonne-Espérance, de Batavia et de quelques autres endroits dont plusieurs voyageurs ont écrit, je parle des choses qui m’ont paru dignes d’être remarquées, sans m’informer beaucoup de ce qui peut avoir été dit par d’autres. Si, dans ces occasions, je fais des remarques qui n’aient pas la grâce entière de la nouveauté, en récompense, elles se trouveront sans doute accompagnées de circonstances nouvelles. Car quand est-il arrivé que deux hommes qui ne sont pas copistes, mais témoins oculaires et juges des choses, aient parlé de la même manière sur un même sujet ? » « Préface » [in]Voyage et aventures de François Leguat […], op.cit., p.49.
17. Voyage et aventures de François Leguat […], op.cit., p.217. La connaissance des simples par les Hottentots est mentionnée par d’autres auteurs et notamment par Tachard et Dapper. Sur ce point : Fureur et barbarie. Récits de voyageurs chez les Cafres et les Hottentots (1665-1721), Paris, Cosmopole, 2003. Textes réunis par Dominique Lanni. Préface de François Moureau, p.53 et 70.
18. Idem, p.218-219. C’est sans doute une anecdote qui est à l’origine de ce passage. L’anecdote fait partie, lorsqu’elle est rapportée, du dispositif qui vise à authentifier la relation. Lorsqu’elle ne l’est pas, elle permet à l’auteur de présenter comme une vérité générale ce qui n’est parfois à l’origine qu’une succession de faits n’ayant aucun lien entre eux. Sur le régime de l’anecdote dans les récits de voyage : Sylvie Requemora, « Des anecdotes tragi-comiques. L’intertextualité romanesque dans quelques récits de voyages du XVIIe siècle » [in]Miroirs de textes. Récits de voyage et intertextualité, Nice, Publications de la Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines de Nice, 1998. Etudes réunies et présentées par Sophie Linon-Chipon, Véronique Magri-Mourgues et Sarga Moussa, p.201-227.
19. Voyage et aventures de François Leguat […], op.cit., p.218. Le voyageur auquel il est fait allusion a pour fonction d’authentifier le propos rapporté. Mais son existence est plus que douteuse.
20. Ibid. Dans sa Description de l’Afrique, Olfert Dapper fait mention des rebellions qui ont jalonné les premières années de la colonie mais il ne traite pas de l’histoire telle que la conçoivent les Hottentots.
21. Caput Bonæ Spei Hodiernum Das ist : Wollstandige Beschreibung Des Afrikanischen Vorgeburges der Guten Hofnung […] von M. Peter Kolben, Rectore zu Nieustadt an der Aysch, Nürnberg, Peter Conrad Monath, 1719. In-fol, pièces limin., 846 p. Trad. fr. : Description du Cap de Bonne-Esperance ; Où l’on trouve tout ce qui concerne l’histoire-naturelle du pays ; La Religion, les Mœurs & les Usages des Hottentots ; et l’etablissement des Hollandois. Tirée des memoires de Mr. Pierre Kolbe, Maitre ès Arts […], Amsterdam, Jean Catuffe, 1741. Traduit de l’allemand par Jean Bertrand, 3 vol. ; Histoire générale des cérémonies, mœurs, et coutumes religieuses de tous les peuples du monde. Représentées en 243. Figures dessinees de la main de Bernard Picard. Avec des Explications Historiques, & curieuses, par M. l’Abbé Banier, de l’Académie Royale des Inscriptions & Belles-Lettres, & par M. l’Abbé le Mascrier, Paris, Rollin Fils, 1741-1743, 7 vol. in. fol.
///Article N° : 4028

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