Kirikou et les bêtes sauvages

De Michel Ocelot

Kirikou est petit, mais…
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Sorte de George Lucas de l’animation, Michel Ocelot reprend la plume pour revenir sur la formation du minuscule héros qui avait fait le succès de Kirikou et la sorcière. Le grand père, accroupi en tailleur au fond de sa grotte bleue, tel un maître Yoda longiligne, raconte comment le désormais célèbre Kirikou, dont on n’a pas eu le temps de relater toutes les aventures tant celle de la délivrance du sortilège de Karaba était importante, a maintes fois sauvé son village des sortilèges que lui lançait la sorcière et son armée de fétiches. Peu importe que dans le premier volet, le nouveau-né grandit en délivrant la sorcière de l’épine qui occultait ses traits de princesse. Ces nouvelles aventures viennent compléter une histoire trop courte, non la précéder ou s’y ajouter. Ainsi, dans Kirikou et les bêtes sauvages, le jeune homme retrouve sa forme diminutive et accomplit de nombreux bienfaits : il fait couler la source pour irriguer le potager, découvre pourquoi la hyène carnivore ravageait les cultures, apprend au village à travailler la glaise pour vendre des poteries au marché, trompe Karaba afin de cueillir la plante qui sauvera les mères empoisonnées, se réfugie entre les cornes d’une girafe pour échapper aux fétiches et parcourir le pays jusqu’à l’océan, tant et si bien que, rassasié de ses aventures, il revient au village, encore sous le charme de sa rencontre avec la belle Karaba.
Si Kirikou et les bêtes sauvages est moins lyrique que le premier opus, on retrouve néanmoins les scènes de course effrénée ou l’enfant nu sillonne les paysages africains, le rythme saccadé des corps affranchis de la maniaque fluidité de l’image par image, une Karaba aussi belle que cruelle, une magnifique dernière séquence de voyage à tête de girafe, le tout articulé par les intermèdes narratifs du grand-père dont les trémoussements de la barbe effilée accompagnent les O et les A de son discours. Là où le premier film évitait en tout point la caricature, le deuxième trace des personnages moins travaillés, dont les réactions de prudence toujours négative pour le vieil oncle ou d’hystérie hypocrite pour la voisine sont quelque peu prévisibles. Sans doute les nouveaux épisodes des aventures de Kirikou charmeront-ils plus les petits que les grands. Kirikou est petit, mais il sait appliquer les formules commerciales, tout en se voulant la réponse à l’hégémonie américaine et japonaise en matière de long-métrages d’animation. Les chansons interprétées par Rokia Traoré et Youssou N’Dour, sur une musique de Manu Dibango, ne manquent pas d’être reprises par les plus jeunes spectateurs, complètement fascinés par ce petit bout de héros.

2005, avec les voix de Pierre Ndoffé Sarr (Kirikou), Awa Sène Sarr (Karaba), Robert Liensol (le grand-père), Marie-Philomène Nga (la mère). Une production Les Armateurs, Gebeka Films, France 3, Canal +.///Article N° : 4153

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