Yousouf le flamboyant

De Georges Fleury

Un héros légendaire de la prise d'Alger
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Georges Fleury dans Yousouf le flamboyant, son quarante-huitième livre, raconte la vie extraordinaire d’un jeune roumi dont le destin sera intimement lié à la conquête de l’Algérie entre 1830 et 1865. Giuseppe, enfant de l’entourage de Napoléon 1er à l’île d’Elbe, fut enlevé par des pirates au début d’un voyage qui devait l’emmener à Florence pour ses études. Il est donc vendu comme esclave à Tunis et devient, avec le prénom de Yousouf, l’adjoint du trésorier du bey. Ayant échappé à la condition d’eunuque grâce à sa prestance physique et son intelligence, il entretient une relation amoureuse avec la princesse Kabira, petite-fille du bey et compagne d’enfance qui est finalement donnée en épouse à un autre homme.
Chef des mamelouks, Yousouf mène quand même une vie idyllique au palais du Bardo et continue sa relation clandestine avec la princesse jusqu’au jour où la France décide d’attaquer Alger pour punir le légendaire affront de son dey qui avait souffleté en public le consul français. Montré du doigt comme Français par sa naissance à Portoferraio, sur l’île d’Elbe, rattachée à la France depuis 1802, et finalement dénoncé pour adultère, le héros est pris entre deux feux. Cible des ressentiments anti-chrétiens et anti-français de ses anciens protecteurs musulmans, il est emprisonné puis menacé de mort. S’évadant il trouve refuge chez le vice-consul de France auprès de la Régence de Tunis et participe malgré lui à l’expédition d’Alger en 1830.
Combatif et intelligent mais toujours soumis au maktoub, le fatum qu’il ne peut pas contrôler et qui lui est rarement favorable, Yousouf ressemble bel et bien à un héros homérique aux prises avec des volontés supérieures. Brillant, beau, mais aussi très vaniteux dans ses aspirations, Yousouf trouve le sens de sa vie en réalisant le rêve de devenir officier de l’armée française. Combattant pour l’Algérie coloniale nouveau-née, il affronte ainsi son ennemi : le mythique Abd el-Kader.
Mais malgré les honneurs reçus il vit le dilemme de n’appartenir à aucun camp à part entière : ni Français, ni Arabe, il est à cheval entre les deux. Il représente en quelque sorte les désillusions communes à une grande partie des combattants qui ont choisi de servir la France dans le but d’être acceptés dans son sein sans aucune réserve.
La guerre coloniale de la France, qui cherche alors à s’imposer en grande nation au monde entier, lui offrira néanmoins la revanche inespérée contre ceux qui l’ont arraché aux siens, à son passé, d’autant plus que le héros ne connaît même pas sa date de naissance ni son nom de famille. Pour lui, comme pour de nombreux chrétiens captifs dans les terres de l’Islam, la situation se renverse complètement à l’heure du colonialisme : à présent il n’est plus un esclave mais un maître plaidant la cause du colonisateur. Enfin rappelé en métropole contre son gré pour avoir soi-disant  » pris trop de place dans le cœur des Algériens «  mais avec la promesse que l’empereur Napoléon III lui offrira plus tard le poste de sénateur d’Alger, Yousouf quitte en larmes le pays où il aura combattu toutes les guerres de sa vie. Et il pressent son épilogue lorsqu’il se dit :  » si je ne reviens pas ici sénateur, je mourrais vite de chagrin… « .

Georges Fleury : Yousouf le flamboyant, roman historique (Flammarion, Paris, 2005) ; 21 €///Article N° : 4356

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