La tradition de la lutte sénégalaise

Entretien d'Olivier Barlet avec Cheikh Ndiaye à propos de L'Appel des arènes

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Pourquoi avoir choisi d’adapter ce roman d’Aminata Sow Fall ?
J’avais envie de faire quelque chose sur la lutte au Sénégal car c’est un phénomène très important chez nous.
La lutte vous permet-elle d’explorer l’identité sénégalaise aujourd’hui ?
La lutte est une culture très ancrée, dont la tradition est très forte. Les grands combats sont à Dakar et on y rencontre les jeunes de la ville. Le héros Nalla représente leur quête. Il est issu d’une famille moderne où la tradition de la lutte est peu connue. Les lutteurs qu’il côtoie l’introduisent dans cette tradition.
Vous insistez beaucoup sur la figure des griots.
Le griot est le détenteur du savoir. Le chanteur de lutte est une grande tradition. Une chanson dit d’ailleurs : « si vous les hommes ne luttez pas, nous les femmes nous allons descendre pour lutter à votre place ».
La lutte apparaît dans le film avec un fort côté féminin, une violence qui devient une danse.
La lutte est une culture, pas seulement un sport. Le lutteur doit aussi être un danseur et un chanteur. C’est à travers ces chants et ces danses qu’ils se défient. Actuellement, ça se perd et les chansons remplacent ces pratiques.
Le combat final est terriblement court dans le film. Quelle est la durée normale d’un combat de lutte ?
Il peut durer de 1 à 45 minutes. Il existe aussi des matchs nuls. Il faut terrasser son adversaire.
Avez-vous travaillé avec de vrais lutteurs ?
Oui. Venant du documentaire, je tenais à en prendre des vrais. Ceux qu’on voit dans le film sont des lutteurs connus : Malaw est interprété par Tyson, qui est une star à Dakar, et André par Tapha Gueye.
La violence des gangs s’oppose à sa sublimation dans la lutte ?
Oui, c’est aussi une opposition entre la tradition et aujourd’hui.
Pourquoi vous a-t-il fallu huit ans pour finir le film ?
Les premiers financements ont été rapides (l’aide directe et le Fonds Sud), mais le film a été bloqué par le producteur qui ne pouvait apporter le complément. Le film est tourné au Sénégal mais aussi coproduit par le Burkina qui a apporté une logistique en matériels et le Maroc pour la post-production en laboratoire.
Avez-vous travaillé avec des figurants pour le combat final ?
Non, même si le grand combat est complètement réorganisé, il n’était pas difficile de faire venir du monde. Les réactions sont spontanées : c’était leurs stars qui se battait ! Les danseurs sont ceux des écuries réelles des deux champions.
On voit Rokhaya Niang chanter en griotte. Est-elle doublée ?
Non, elle a travaillé avec une grande cantatrice de la lutte qui n’a pu jouer dans le film, Khar Mbaye Madiaga.
Y a-t-il beaucoup de brigands à Dakar ?
Il y a huit ans, quand j’ai écrit le scénario, ça craignait vraiment. Avec les actions du ministère de l’Intérieur, ça s’est calmé. Les meurtres sont très rares au Sénégal, il n’y a pas beaucoup d’armes, mais les bandes de brigands existent.

///Article N° : 4382

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