Vitalités sénégalaises

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 » Je suis ressortie de cette exposition submergée par l’émotion « , commente une jeune parisienne venue découvrir les œuvres des onze artistes sénégalais (1) récemment présentés au Musée Dapper. Les matériaux utilisés par les artistes, la résonance des œuvres avec le passé (esclavagiste chez Ndary Lo), les endémies de toujours (le paludisme pour Henri Saga) mais aussi la réalité quotidienne (l’anarchie urbaine poétisée par Douts), tout dans cette exposition a remué la visiteuse qui ne connaissait de l’Afrique que ce que les médias occidentaux veulent bien en montrer. Le temps d’une visite muséale lui a permis de sentir vibrer les échos d’une  » autre Afrique « , celle racontée, questionnée, portée par des artistes sénégalais âgés de 30 à 50 ans, en prise avec la réalité de leur continent mais aussi tout simplement du monde dont leurs œuvres charrient les grondements, les fêlures tout autant que la fugace beauté. Même si l’espace restreint de la salle principale du musée a limité la sélection de certains artistes à une ou deux œuvres, le musée Dapper, majoritairement habité par des œuvres anciennes, a tout le mérite d’avoir révélé à ses visiteurs la pertinence et le talent des artistes sénégalais. Artistes phares de la scène sénégalaise, dont certains comme Solly Cissé, Ndary Lo ou Moustapha Dimé (trop tôt décédé en 1998) – pour ne citer qu’eux – ont acquis une reconnaissance internationale avec des œuvres présentées dans diverses biennales (Dakar, Sao Paulo ou Venise) ou dans d’autres expositions majeures.
Porte drapeau d’une indéniable contemporanéité et d’une démarche singulière, leur travail témoigne de la richesse et de la vitalité des arts plastiques au Sénégal.
Patrie de Senghor dont les méthodes restent honorées par les uns et contestées par les autres, carrefour de l’art africain contemporain avec la biennale de Dakar qui a fêté cette année ses dix ans, le Sénégal est le flambeau de l’Afrique francophone en matière de création plastique contemporaine.
C’est cette vitalité, même parfois contrariée par certaines difficultés locales non négligeables, qui ressort des articles à suivre à travers un bilan général de Dak’art 2006, un regard sur la sensibilisation des milieux scolaires à l’art contemporain et deux entretiens avec Ousseynou Wade, secrétaire générale de la Biennale de Dakar et Sylvain Sankalé, critique et co-commissaire de l’expositions Sénégal contemporain du musée Dapper, qui a, par ailleurs, été président de Dak’art en 2000.

(1)Cheikhou Bâ, Amadou Camara Guéye, Soly Cissé, Moustapha Dimé, Cheikh Diouf, Douts, Gabriel Kemzo Malou, Ndary Lo, Serigne Mbaye Camara, Piniang, Henri Sagna.///Article N° : 4584

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