» Depuis 1976… l’O.K. Jazz… fait de plus en plus la part belle à la chansonnette commerciale… Le meilleur gardien de la tradition est un jeune homme dont les excentricités vestimentaires ne doivent pas faire oublier que son oeuvre s’enracine dans les valeurs du folklore tetela. Shungu Wembadio dit ‘Papa’ Wemba, ‘chef du village molokaï’, est véritablement le champion du retour à l’identité culturelle avec des titres comme ‘Analengo’ « . Dans son oeuvre, 50 ans de musique au Congo-Zaïre (Présence Africaine), le regretté Sylvain Bemba trace le portrait de l’artiste en fonction de l’époque. L’éloge de l’écrivain pour le chanteur à la voix hyper-aiguë trouve, une quinzaine d’années après, écho dans les faveurs d’un public toujours plus nourri qui suit, à pas de rumba ou d’autres rythmes du terroir, les évolutions de l’homme du Kasaï oriental. Avec son style inimitable, l’enfant de la pleureuse de Lubefu a imposé à la chanson kinoise un savoir-faire musical où la haute technologie a perdu son autonomie pernicieuse pour se mettre au service des battement syncopés et des mélodies enivrantes de la richissime tradition forestière. Ekumani-Bokul se montre ainsi digne de son titre d’autorité coutumière et fait école, élargissant son entourage comme le prouve, dans cet album florissant de motifs divers, la complicité avec Nouvelle Ecriture. La vérité est que le soukouss de Papa ne dort pas sur les sentiers battus par les autres ténors, grands et petits, de la yuca éternelle. Cet album en est une démonstration de plus. Les mélodies changent, les rythmes varient et la danse bat son plein sur les ailes d’un souvenir lointain ou d’un geste puisé dans une cérémonie villageoise. Ici, on ne pousse pas l’animation au paroxisme pour rien : de belles harmonies vocales planent en douceur et le mouvement des hanches suit le tempo élastique. Ecarts et contretemps ajoutent de l’entrain à la ronde qui, du coup, s’enflamme de sebenes en spirale. Chaque plage apporte ses bienfaits et la structure musicale s’enrichit sans cesse de l’héritage ethnique. Un album extraordinaire, certainement à la hauteur de la renommée de Viva la Musica.
